Montpellier : Le local du Barricade, rue Bonnie, va fermer
Après dix ans d’activité politique révolutionnaire, d’appui aux luttes sociales et de sociabilités, le local du Barricade va fermer ses portes. Le 27 juin, le collectif invite ses sympathisants à débattre des perspectives du lieu à partir de 15 heures, puis à une soirée karaoké pour marquer ce qui pourrait être plus une “mue” que la fin d’une aventure
La nouvelle est tombée par la voie d’un communiqué, publié le mercredi 5 juin sur les réseaux sociaux. Le Barricade, local autogéré qui existe depuis 2014 à Montpellier pour “diffuser des idées révolutionnaires, impulser une dynamique de solidarité et d’entraide”, va fermer ses portes le 29 juin prochain.
Le Barricade va fermer, vive le Barricade ! Ci-joint notre communiqué annonçant la fermeture de notre local pic.twitter.com/sOyJ0Mt5I1
— Le Barricade (@Le_Barricade) June 5, 2024
Dix ans de luttes et de solidarité
Pendant dix ans, le collectif a participé et servi d’appui au mouvement contre la loi travail, aux gilets jaunes, aux mobilisations successives contre la loi travail, ainsi qu’aux luttes locales (comme les squats ou la grève d’Onet à l’automne dernier) ou internationales (de par leur soutien au prisonniers politiques grecs ou à leur récente cagnotte de solidarité à des anarchistes brésiliens face aux inondations qui ont ravagé le pays.)
Le local du Barricade a également permis à plusieurs collectifs de se réunir (citons notamment l’assemblée contre les violences d’État, qui s’organise face à la répression policière et judiciaire), et à des actions de solidarité directe (cours de français langue étrangère, cantines populaires, ateliers de réparation) d’avoir lieu. Ajoutons à ça la formation politique via les débats, café-philos et bibliothèques, et le sport, via les cours de boxe et de yoga d’Asteras.
Mais, comme l’explique le collectif, “au fil des années, des manques nous sont apparus : animer un local prend beaucoup de temps et d’énergie, parfois au détriment de l’intervention dans les luttes. Il nous semble aujourd’hui nécessaire de faire plus : de porter haut et fort ces perspectives révolutionnaires et d’auto-organisation dans la ville. Nous avons aussi été confrontés à des difficultés au cours de ces dix ans, notamment au durcissement de la répression, à la montée du fascisme et aux difficultés à s’organiser ensemble contre le capitalisme alors que le travail et l’idéologie libérale ont affaibli le principe même d’organisation collective. De plus, l’augmentation des prix des loyers et de l’énergie a affecté notre action. Nous ne voulons pas que nos activités visent en premier lieu à réunir les sous pour payer leloyer aux dépens d’une activité politique. Ces dernières années ont aussi été difficiles pour s’organiser, trouver l’énergie et renouveler notre collectif. Cette forme d’organisation, qui avait dus ens il y a dix ans, autour d’un local, sur la base de principes rassembleurs très larges, ne nous paraît plus tout à fait adaptée aux exigences de la période. Notre bail arrive à échéance cet été, et nous avons pris la décision de ne pas le renouveler. C’est donc la fin du Barricade sous la forme que vous avez connue. Une page se tourne.”
Une transformation plus qu’une fin
Mais pas question pour autant pour le collectif d’abandonner toute forme de lutte : “Les États sont devenus de plus en plus autoritaires et fascisants, entre répression féroce, mutilations et judiciarisation des mouvements sociaux et maintenant l’accentuation de la contre-insurrection en Kanaky. Au niveau écologique, l’inaction des managers capitalistes qui nous dirigent nous mène directement vers une catastrophe climatique dont nous peinons à saisir l’ampleur. À cela, s’ajoute le spectre des guerres qui s’étendent d’Ukraine à Gaza. Et nous faisons face à des difficultés économiques croissantes pour assurer des conditions de(sur)-vie de moins en moins dignes. Mais la résignation n’est pas une option, plus que jamais il nous semble important de s’organiser, de lutter, de reprendre confiance en la force du collectif et de montrer qu’une autre société est possible ! Si nous faisons le choix de quitter notre local, c’est aussi pour sortir d’un lieu dont l’animation n’était pas suffisante pour réagir à ces nouveaux enjeux. Même si le local de la rue Bonnie ferme, nous sommes persuadées que des lieux accessibles qui servent d’appui aux luttes,proposant des activités ouvertes et gratuites restent nécessaires à Montpellier : nous allons doncc ontinuer à proposer des espaces de débats, de formations, de luttes… mais aussi de convivialité etde solidarité directe ! Cela nous permettra de formuler plus finement une réflexion et une critique qui s’oppose radicalement à l’État et au capitalisme et participer aux luttes qui y correspondent. Une fois que nous serons parvenu·es à retrouver ce sens, qui nous a manqué dernièrement, nous gardons le projet d’ouvrir un nouveau lieu, basé sur un autre modèle.”
Le collectif invite tous les gens qui ont fréquenté et aimer le local à débattre de ses perspectives le samedi 27 juin à partir de 15 heures, rue Bonnie, puis à terminer en beauté avec une cantine populaire et un karaoké “d’anthologie”.
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