Montpellier : 250 personnes en manif et une assemblée pour lutter contre la fascisation de la société
Environ 250 personnes ont manifesté ce dimanche 19 janvier dans les rues de Montpellier contre « la fascisation de la société », avant une assemblée tenue au Quartier Généreux. Un premier pas qui en appelle donc d’autres.
Plusieurs groupes et associations (collectif contre la fascisation, NPA Révolutionnaire, Solidaires Étudiant-es, Soulèvements de la Terre, BDS/Urgence Palestine, Ligue de la Jeunesse Révolutionnaire, Fédération Syndicale Étudiante, Jeunesses Anticapitalistes, Démocrapsy Montpellier, La Bouscule, Contre Vacarme, Football du Peuple, Droit Au Logement, Migrant-es Bienvenu-es 34, Front Indépendant de Résistance à l’Exclusion) avaient appelé à cette manifestation.
À son point de départ, à 14h sur la place de la Comédie, de longues prises de parole ont eu lieu, en commençant par celles du groupe d’organisation de l’événement, dont les membres n’ont pas tenu à mettre leur organisation en avant.
Ont été dénoncées une « banalisation des politiques sécuritaires, coloniales et racistes », ainsi que la « diffusion massive des idées transphobes », la « répression brutale du mouvement contre la vie chère en Martinique, avec une stratégie semblable à celle mise en place contre les gilets jaunes »
Également dans le viseur, l’extrême pauvreté de la population de Mayotte, récemment ravagée par le cyclone Chido, et un couvre-feu mis en place sur l’île accusé de servir les intérêts « des entreprises avant tout. » L’opération policière Wuambushu, mise en place en avril 2023 pour détruire certains bidonvilles accueillant des immigré-es comorien-nes, mais aussi les parties les plus pauvres de la population mahoraise, a été interprétée comme illustrant « la politique coloniale de l’État français ».
La responsabilité de l’État français a également été dénoncée dans la crise de l’eau qui touche la Guadeloupe, avec 60 à 70% de la population impactée par le manque d’eau potable en mai 2024 selon Xavier Lefort, préfet de la Guadeloupe.
La répression du mouvement contre le dégel du corps électoral en Kanaky/Nouvelle-Calédonie a aussi été pointée du doigt. Cinq militant-es de la Cellule de Coordination de Terrain (CCAT) en attente de leur procès sont emprisonné-es en Métropole, avec deux assigné-es à résidence dans la même situation. Ces sept personnes, pour lesquelles l’association Ceini Hnyei a mis en place une cagnotte, accusé-es (« sans aucun élément solide » d’après leur avocat François Roux) d’avoir fomenté les émeutes débutées en Kanaky/Nouvelle-Calédonie le 13 mai dernier, sont chargées de lourdes accusations criminelles, passibles des Assises. Dans le même temps, plusieurs dizaines de manifestant-es interpellé-es après le 13 mai ont été condamné-es et se retrouvent actuellement emprisonné-es en Métropole ou en Kanaky.
Les intervenant-es ont ensuite affirmé que « la prison est un moyen d’enfermer la pauvreté », rappelant que la criminalité d’affaires, dite « en col blanc », est peu punie.
Le « féminisme carcéral qui ne prend pas le problème à la racine » a également été dénoncé, de même qu’une récupération pseudo-féministe mais 100% raciste de certains faits divers par l’extrême-droite.
Les organisateurs-trices se sont également indigné-es de « l’accaparement des médias par des milliardaires racistes », et de l’enfermement de dizaines de milliers de personnes en situation irrégulière en Centre de Rétention Administrative (47 000 en 2023 dans l’Hexagone et l’Outre-Mer français selon la Cimade).
Autre motif de colère : le traitement des quartiers populaires, dans lequel les organisateurs-trices voient « un continuum colonial, avec les contrôles de police au faciès et la répression des révoltes, sur fond de pauvreté ambiante »
Une islamophobie d’État a aussi été pointée du doigt, avec notamment la loi séparatisme et la dernière loi sur l’abaya. « Des centaines de perquisitions de musulman-es ont eu lieu pendant les Jeux Olympiques », ont argumenté les porte-parole du jour. Avant de dénoncer une utilisation de l’islamophobie et une instrumentalisation de l’antisémitisme contre le mouvement de solidarité avec le peuple palestinien.
« C’est toujours le rôle de l’État de défendre les bourgeois », ont-ils continué. « Plus les crises montent plus les politiques sécuritaires et racistes montent. »
L’augmentation des dépenses militaires et des discours belliqueux, en France comme à une échelle mondiale, a aussi été mis dans le sac de la « fascisation » par les intervenant-es.
Lesquels ont tenu à souligner que « la gauche a sa part de responsabilité », rappelant par exemple que c’est le Parti Socialiste qui a étendu les conditions d’application de la déchéance de nationalité en 2016.
« La fascisation n’a pas de limites. », ont-ils conclu. « Voter ne suffira pas. Notre camp social doit être capable de regagner du terrain et pas juste de rester dans une position défensive. Le capitalisme peut être abattu. »
Un militant de BDS/Urgence Palestine a ensuite pris le micro pour affirmer « qu’en plus de l’extrême-droite traditionnelle, il faut aussi se battre contre le sionisme, l’autre visage de l’extrême-droite »
La manifestation s’est ensuite élancée, d’abord par la rue de la Loge, puis la rue Saint-Guilhem, avant de rejoindre le Peyrou par le boulevard du Jeu de Paume et de descendre le boulevard Henri IV. Parmi les slogans entendus en cours de route : « À bas l’État, les flics et les fachos », « Siamo tutti antifascisti », « A, Anti, Anticapitalistes » ou encore « De Gaza à Nouméa, libérez les colonies ».
Dans la foulée une assemblée générale a eu lieu au Quartier Généreux, avec quelques dizaines de participant-es, faute de place dans le local associatif. Les échanges ont tourné autour d’un brainstorming d’actions possibles, des moyens à mettre en œuvre pour rester en contact et donner suite à cette initiative, et des relations à entretenir avec le collectif Montpellier contre l’extrême-droite, composé à la fois d’individus et d’organisations politiques, associatives et syndicales, et qui sort tout juste du bois après une longue période de gestation et d’élaborations argumentaires (plusieurs de ses membres participaient à l’assemblée.)
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