Montpellier : succès de l’assemblée générale du secteur social, la lutte s’intensifie

Elian Barascud Publié le 4 juillet 2025 à 13:09
Environ cinquante personnes se sont réunies devant le Conseil Départemental le 4 juillet pour protester contre des coupes budgétaires dans le secteur social. ("Le Poing")

Environ 90 travailleurs sociaux de 27 structures héraultaises se sont réunis en assemblée générale le 3 juillet pour former une coordination contre les coupes budgétaires qui touchent le secteur. Ce vendredi 4 juillet, ils étaient devant le Conseil Départemental, et prévoient une journée de grève sectorielle le 11 juillet

“Mobiliser 90 personnes de 27 structures différentes en assemblée générale un 3 juillet, c’est incroyable, mais ça en dit long sur les menaces qui pèsent sur le secteur du social”, commente Max Muller, salarié de l’association de prévention spécialisée de l’Hérault (APS 34), qui accompagne des jeunes en difficulté sur tout le Département. Sa structure se mobilise depuis quelques mois déjà contre des suppressions de postes d’éducateurs, conséquences de coupes budgétaires annoncées par le Département de l’Hérault. Pourtant, en mars, la collectivité assurait que les budgets alloués à l’association seraient stables.

“Ce n’est pas seulement nous ou les salariés d’ADAGES, qui luttent contre la fermeture de centres sociaux, c’est tout le secteur du social qui subit une vague de licenciements économiques inédite à cause des retraits de financements, d’où l’idée de monter une coordination à l’échelle de Montpellier et alentours de faire une assemblée générale sectorielle”, affirme Max Muller. Selon les syndicats du secteurs, entre 50 et 100 postes sont menacés dans le Département. Lors de la soirée qui a suivie l’assemblée générale, une tombola a permis de récolter 1 500 euros pour une caisse de grève.

“Le retrait des financeurs crée une concurrence entre associations”

Ce vendredi 4 juillet, ils étaient une cinquantaine de travailleurs du secteurs social en grève à protester contre les coupes budgétaires. Parmi eux, Emma, salariée d’Unis Cité, association qui accompagne des jeunes en service civique. “Si je suis venue, c’est parce que APS est une structure partenaire dans l’insertion de nos jeunes, mais également car nous somme touchés nous aussi par un plan de sauvegarde de l’emploi, que l’on a appris lors d’une visioconférence en avril dernier. Au niveau national, on parle de 72 emplois menacés sur 476 salariés. Sur Montpellier, ce sont 3 CDI qui vont être supprimés et un CDD non renouvelé, ainsi que 24 volontaires en service civique en moins. Cela va augmenter notre charge de travail dans l’accompagnement des jeunes”, déplore Emma. “L’agence nationale du service civique et la Région réduisent leurs financements, et nous sommes assez dépendants de fondations privées pour des appels à projets. Ce retrait des financeurs publics et l’appel au privé pousse à la concurrence entre associations, alors que nous sommes partenaires.”

Des publics touchés

Ces politiques d’austérité ont aussi des effets sur les publics accompagnés. A Montpellier, le cas du centre d’accueil et d’examen des situations (CAES) géré par l’association 2 choses lunes, qui héberge des demandeurs d’asiles, en est un exemple criant selon José Théron, coordinateur pour la CGT Action Sociale 34. “Les salariées ont déjà fait deux mouvements de grève en décembre et janvier dernier pour alerter sur la baisse de subventions et le manque de moyens, provoquant des conditions d’accueil délétères. Aujourd’hui, il n’y a plus qu’une seule salariée pour s’occuper de 95 personnes, qui vivent dans des préfabriqués où les températures atteignent des records de chaleur. Même la nourriture, stockée dans un préfabriquée, est exposée à des chaleurs dangereuses pour les aliments.”

La CGT action sociale 34 a rédigé cette semaine un courrier à la préfecture de l’Hérault pour alerter d’un “péril immédiat qu’encourent les personnes accueillies”, et une lettre à l’Agence de Régionale de Santé. “Concernant les salariés, il n’y a pas de salle de pause, les repas sont pris dans « les bureaux », plus précisément dans la salle de permanence où se trouvent un frigo et un micro-ondes. C’est dans cette même salle qu’ont lieu les réunions, que travaillent les veilleurs de nuit et que le public est reçu.Les toilette des salarié.e.s sont au fond de la laverie, elles sont moisies car la température de cette salle est très élevée en raison de l’activité de 2 machines à laver et 3 sèche-linges.Il n’y a ni point d’eau (hors toilettes) ni de toilettes mixtes pour les salarié.e.s“, peut-on y lire.

Vers une “journée sans social” le 11 juillet

L’assemblée générale du secteur a voté pour une grève le 11 juillet et un nouveau rassemblement devant le Conseil départemental, avec pour mot d’ordre “journée sans social”. “Nous devons montrer que nos métiers sont essentiels”, précise Max Muller. “Toute la semaine, on va organiser des débrayages et des rassemblements devant des structures du secteur pour les appeler à la grève.” Grève qui sera suivie d’une nouvelle assemblée générale. “Après, on sait que la période estivale est peu propice aux mobilisations, on va voir si celle-i va s’inscrire dans la durée…”, souffle un syndicaliste.

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