Montpellier : à la veille de l’annonce de sa libération, un nouveau rassemblement de soutien à Georges Abdallah
Une trentaine de personnes étaient rassemblées ce mercredi 16 juillet en fin de journée devant la préfecture de Montpellier, en soutien au marxiste franco-libanais Georges Ibrahim Abdallah, détenu en France depuis plus de 40 ans. Le lendemain, jeudi 17 juillet, la Cour d’Appel de Paris a ordonné sa libération.
À la veille d’une décision de la Cour d’Appel de Paris, ils étaient une trentaine devant la préfecture de Montpellier à exiger la libération de Georges Ibrahim Abdallah, « plus vieux prisonnier politique d’Europe » selon ses soutiens.
« Jamais ils n’arriveront à anéantir le peuple palestinien parce qu’il est profondément uni », a entamé au micro un représentant de la Ligue de la Jeunesse Révolutionnaire (LJR). « C’est un peuple de résistant-es qui ne brandira jamais le drapeau blanc de la honte. »
Dans un contexte de guerre au Liban, Georges Ibrahim Abdallah, militant marxiste, a cofondé en 1979 l’organisation des Fractions Armées Révolutionnaires Libanaises (FARL). Envoyé en France pour soutenir la résistance palestinienne, il est arrêté en 1984 pour usage de faux papiers. Trois ans plus tard, il est condamné à perpétuité pour complicité dans l’assassinat de deux diplomates, un Américain et un Israélien.
Libérable depuis 26 ans
Libérable depuis 1999, la France a refusé ses onze premières demandes de libération, sur fond d’ingérence américaine et israélienne, au motif qu’il n’aurait jamais émis de regrets vis-à-vis de crimes qu’il a toujours niés. L’une d’entre elles avait été acceptée en 2013 sous réserve qu’il fasse l’objet d’un arrêté d’expulsion, que le ministre de l’Intérieur de l’époque, un certain Manuel Valls, n’avait pas mis en œuvre.
Le 7 octobre dernier, la justice a examiné sa douzième demande de libération. Le 15 novembre 2024, le tribunal de l’application des peines décide sa libération conditionnelle à compter du 6 décembre 2024 sous condition « qu’il quitte le territoire français et n’y réapparaisse pas ». Le Liban, qui réclame sa libération aux autorités françaises depuis des années, se dit prêt à l’accueillir. Le Parquet National Anti-Terroriste (PNAT) décide alors de faire appel de cette décision, soulignant que les États-Unis, parties civiles au procès de 1987, s’opposent toujours à sa libération.
« Georges Ibrahim Abdallah incarne une résistance que l’État français veut écraser », a ajouté un membre du groupe montpelliérain pro-palestinien Boycott Désinvestissement Sanctions (BDS).
La Libre Pensée a quant à elle évoqué le cas du docteur Hussam Abu Safiya, pédiatre et directeur d’un hôpital dans le nord de Gaza, arrêté par les forces israéliennes en décembre 2024, et détenu depuis sans inculpation ni procès.
« L’acharnement que nous mettons depuis 22 mois n’est pas vain », a voulu rappeler un de ses militants, mettant en avant le blocage de cargaisons d’armes à destination de l’armée israélienne par les dockers de Fos-sur-Mer début juin, ou encore la motion reconnaissant l’État palestinien adoptée à une large majorité le 27 juin par l’Assemblée de Corse. [NDLR : portée par différents partis nationalistes, soutenue par la gauche et rejetée par la droite insulaire.]
Georges Abdallah libéré
Le lendemain du rassemblement, ce jeudi 17 juillet 2025, la Cour d’Appel de Paris a rendu sa décision : la libération de Georges Ibrahim Abdallah, aujourd’hui âgé de 74 ans devrait intervenir le 25 juillet prochain.
Un pourvoi en cassation du parquet général reste possible, mais il ne serait pas suspensif et n’empêcherait donc pas Georges Abdallah de rentrer au Liban. Selon l’AFP, il est prévu qu’il soit emmené par les forces de l’ordre à l’aéroport de Tarbes direction Roissy, où il prendra un vol pour Beyrouth.
«C’est à la fois une victoire judiciaire et un scandale politique qu’il ne soit pas sorti plus tôt, à cause du comportement des Etats-Unis et de tous les présidents français successifs », a réagi au sortir de la salle d’audience son avocat, Me Jean-Louis Chalanset.
Des campagnes demandant la libération de Georges Ibrahim Abdallah ont lieu régulièrement en France, sur initiative de groupes pro-palestiniens et de militant-es d’organisations de la gauche révolutionnaire française, incluant notamment des happenings et des manifestations devant la prison de Lannemezan dans les Hautes-Pyrénées, où l’homme reste encore détenu à ce jour.
Pour plus d’infos sur la situation à Gaza, retrouvez très régulièrement sur l’Agora du Poing les chroniques de Brigitte Challande, réalisées avec des membres de la société civile gazouie sur place.
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