Thousand Madleens to Gaza : un comité local dans l’Hérault pour envoyer vers la bande de Gaza autant de bateaux que possible

Julien Servent Publié le 29 juillet 2025 à 18:12 (mis à jour le 29 juillet 2025 à 18:25)


L’initiative Thousand Madleens to Gaza prépare l’envoi de plusieurs navires chargés d’aide humanitaire vers une bande de Gaza affamée, sur le modèle du Madleen et du Handala interceptés par l’armée israélienne. Le Poing a rencontré la coordinatrice locale de la campagne dans notre région.


« Laissez passer l’aide humanitaire » : le slogan raisonne régulièrement dans les manifestations de soutien à une bande de Gaza affamée, alors que les convois terrestres d’aide humanitaire restent bloqués aux frontières égyptiennes et israéliennes.


Selon le rapport IPC (Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire), fruit du travail d’organisations non-gouvernementales, institutions régionales et d’agences de l’ONU spécialisées, publié ce mardi 29 juillet 2025, « le pire scénario de famine est en cours dans la bande de Gaza. » En mai dernier, le même organisme, qui détermine le niveau d’insécurité alimentaire selon cinq niveaux, avait classé 1,95 million d’habitants de la bande de Gaza (93 % du total) en situation de «crise» (niveau 3), dont 925 000 en niveau 4 (urgence) et 244 000 en situation de catastrophe (niveau 5). Tout en évoquant l’insuffisance voire la dangerosité des largages aériens d’aide humanitaire récemment autorisés par l’État israélien.


L’armée israélienne a soulevé l’indignation ces dernières semaines en tuant de nombreux-ses civil-es palestinien-nes aux abords des points de distribution d’aide humanitaire à Gaza. L’ONU, par l’intermédiaire de son Haut-Commissariat aux droits de l’homme, alerte sur le nombre croissant de victimes civiles tentant simplement d’obtenir de l’aide. De la fin du mois de mai au 21 juillet, l’ONU a ainsi « recensé 1 054 personnes tuées à Gaza alors qu’elles tentaient d’obtenir de la nourriture ». L’organisation précise que « 766 d’entre elles ont été tuées à proximité des sites de la fondation GHF [NDLR : soutenue par les États-Unis et Israël] et 288 à proximité des convois d’aide de l’ONU et d’autres organisations humanitaires ».


C’est de ce constat désastreux que part la campagne Thousand Madleens To Gaza. Sur le modèle du Madleen et du Handala, la campagne cherche à financer l’envoi du plus grand nombre de navires que possible vers la bande de Gaza, chargés d’aide humanitaire, au travers du blocus imposé par l’armée israélienne. Un comité local est en cours de formation dans notre région.


« C’est une initiative citoyenne avec un fonctionnement horizontal, qui est apartisane, même si on accepte le soutien de partis ou d’associations en tant que telles. », nous explique Ziggy*, coordinatrice locale du projet. « Il existe des comités dans plusieurs pays, en Allemagne, en Belgique, en Italie, au Danemark, et d’autres sont en cours de structuration aux USA, en Turquie, en Espagne. Dans certains de ces pays ce sont les collectifs locaux March to Gaza qui se sont transformés. Ce n’est pas le cas en France. » En juin 2025, simultanément à la tentative du Madleen, plusieurs convois terrestres tentent également de briser le blocus imposé par Israël sur Gaza. La March to Gaza prévoit un départ depuis l’Égypte, pour une marche pacifique visant à atteindre la bande de Gaza par le poste-frontière de Rafah. La manifestation sera finalement annulée sous l’effet d’une dure répression menée par le régime égyptien du président Al-Sissi.


« La priorité du moment est encore de récupérer ou de financer des bateaux et du matériel humanitaire, principalement de la nourriture et des médicaments. Les dons serviront aussi à financer le ravitaillement des bateaux, ainsi que le matériel de secours en cas d’avarie. Des informations sur les équipages qui partiront avec seront données en temps et en heure. », poursuit Ziggy*. « Il est possible de faire don de son bateau. Mais il ne faut pas forcément s’attendre à le retrouver. Ni le Madleen ni le Handala n’ont été restitués par les autorités israéliennes pour le moment. » Pour le moment, la délégation française de Thousand Madleens to Gaza revendique déjà cinq bateaux financés ou donnés et prêts au départ depuis la France. Juste avant le départ du Handala, la Coalition Flotille de la Liberté avait dénoncé des tentatives de sabotage (une corde enroulée autour de l’hélice et une livraison étiquetée comme de l’eau qui contenait un produit chimique corrosif, blessant des membres de l’équipage).


Comment aider la campagne ? « Au-delà de faire un don, on peut participer à faire connaître l’initiative en la partageant largement. », conclut Ziggy. « Ou se rapprocher d’un comité local qui organise des évènements autour. En France il y en a à Paris, Marseille, Morlaix, Bordeaux. Et on est en train d’en créer un autour de Montpellier. [NDLR : pour contacter le groupe de Montpellier, écrire un mail à l’adresse thousandmadleens.montpellier@proton.me ; les autres comités sont joignables depuis le site de la délégation française ou depuis sa page Instagram]. D’éventuels navigateurs-trices ou volontaires pour les équipages peuvent déjà prendre contact avec la coordination nationale. »


Pour plus d’infos sur la situation à Gaza, retrouvez très régulièrement sur l’Agora du Poing les chroniques de Brigitte Challande, réalisées avec des membres de la société civile gazouie sur place.

*Prénom modifié

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