Grève du 18 septembre à Montpellier : très forte mobilisation sociale et des blindés dans la rue

Elian Barascud Publié le 18 septembre 2025 à 17:07
Environ 15 000 personnes ont manifesté à Montpellier le 18 septembre à l'appel de l'intersyndicale. (Photo de Mathieu Le Coz / Hans Lucas)

Environ 15 000 personnes ont manifesté à Montpellier ce jeudi 18 septembre dans le cadre d’une journée appelée par l’intersyndicale, surveillée par un dispositif policier massif

Dès 5 h 30 du matin, mobilier et pancartes s’entassent sur des portails de la fac des sciences de Montpellier, dont le blocage avait été voté la veille en assemblée générale. Des lycées, comme Clemenceau, ont fait de même. Deux heures plus tard, ce sont une cinquantaine de cyclistes qui entament une “vélorution” au niveau du rond-point de Jean-Monnet.

De son côté, la coordination du travail social contre les coupes budgétaires avait organisé un rassemblement à 8 heures devant la Direction régionale de l’Économie, de l’Emploi, du Travail et des Solidarités (DEETS). Sur place, cheminots, travailleurs de la culture, de la santé et de la grande distribution se retrouvent. Antoine, travailleur social et syndiqué à Sud Santé-Sociaux, raconte. “Le directeur de la DEETS est descendu nous voir, on a échangé. On a compris qu’on aurait des suppressions de poste dans le social l’an prochain. Notre objectif, c’est la poursuite de la construction d’une grève dure par des assemblées générales de travailleurs, comme ça a été le cas cette semaine dans l’association l’Avitarelle, c’est comme ça que l’on va gagner.” Lui et d’autres travailleurs sociaux montpelliérains feront partie d’une délégation qui ira témoigner de leur expérience de lutte à Marseille le 11 octobre prochain lors des rencontres nationales du travail social.

“Les adhésions au syndicat ne font qu’augmenter”

10 h 30, la manifestation s’apprête à partir. On y croise Laurent Blasco, secrétaire du personnel CGT du Conseil Régional. “Bayrou, Lecornu… tout cela, c’est un processus, une politique capitaliste”, fustige-t-il. “On le voit, dans tous nos services, ce sont des restrictions budgétaires qui s’annoncent. On met ça en parallèle avec les choix politiques de Carole Delga, présidente de Région, qui a annoncé débloquer 200 millions d’euros pour l’industrie de la défense en Occitanie… Cela suit une logique nationale et augmente notre impression de ne pas être entendus.” Chez les agents de la Région, le 10 septembre avait déjà mobilisé : “Il y avait environ 10% de grévistes sur 8 000 salariés. Et là, en ce moment, les adhésions au syndicat ne font qu’augmenter.”

“Ceux qui paient ce budget d’austérité, ce sont les jeunes les travailleurs, les retraités et les malades, avec le doublement de la franchise médicale”, tonne un syndicaliste de la CGT au micro. “Ce qu’on veut, c’est une revalorisation des salaires et l’abolition de la réforme des retraites !” . Selon les syndicats, 20 000 personnes ont battu le pavé. La préfecture, quant à elle, avance le chiffre de 10 000 personnes. “C’est plus que le 10 septembre”, se réjouit un autre syndicaliste, à l’évocation des chiffres au micro. “La date du 18 avait été pensée par l’intersyndicale pour tuer celle du 10, en réalité, ça fait jonction”, analyse-t-il.

La date du 21 septembre (date de la fin de la monarchie en France) circule déjà comme suite de la mobilisation avec l’idée de “prendre les places”. A Montpellier, un rendez-vous a été fixé à 14 heures sur la place de la Comédie.

Plusieurs centaines de jeunes ont rejoint le cortège étudiant. (Photo de Mathieu le Coz / Hans Lucas)

Des “Centaures” et des lacrymos

Un important dispositif policier a été déployé autour de la manifestation. (Photo de Mathieu Le Coz / Hans Lucas)

François-Xavier Lauch, préfet de l’Hérault, avait prévenu : Des instructions strictes ont été communiquées aux forces de l’ordre pour empêcher toute situation de blocage, intervenir après sommations et interpeller les fauteurs de troubles”. En plus des drones et gendarmes mobiles, deux blindés “centaures” avec caméra thermique et lance-grenades ont été déployés place de la Comédie.

Après la manifestation syndicale, quelques centaines de personnes sont parties en manifestation sauvage derrière la gare puis sur l’esplanade Charles-de-Gaulle. La police a fait usage de gaz lacrymogène à plusieurs reprises. Selon la préfecture, à 16 heures, 10 personnes avaient été arrêtées et sept placées en garde à vue.

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