Montpellier : Max Muller, éducateur, candidat aux élections municipales pour Révolution Permanente
Montpellier fait partie des neuf villes en France où Révolution Permanente, organisation communiste née d’une scission du NPA, présente un candidat aux élections municipales, avec comme objectif de “construire une gauche de rupture avec le capitalisme” en portant la voix des travailleurs, des jeunes et des quartiers populaires
Les lecteurs et lectrices assidues du Poing savent que la ligne éditoriale du journal n’est pas vraiment électoraliste, loin s’en faut. Mais quand un parti revendiqué anticapitaliste, révolutionnaire et actif dans le mouvement social décide de se présenter à des élections, cela suscite, si ce n’est notre sympathie, au moins notre curiosité.
Né en 2022 d’une scission du NPA, Révolution Permanente (RP), organisation trotskyste, revendique aujourd’hui 500 adhérents à l’échelle nationale. Après une première tentative, infructueuse, de présenter son porte-parole, le cheminot Anasse Kazib, à la présidentielle de 2022, le parti vise aujourd’hui les municipales dans neuf villes de France, dont Montpellier. Et dans le Clapas, RP a choisi Max Muller, éducateur au sein de l’Association de Prévention Spécialisée (APS 34), très investi dans la coordination du social contre les coupes budgétaires, pour porter sa candidature.
“Construire une gauche de rupture”
“Tout le monde va voter, les révolutionnaires doivent se saisir des élections”, explique celui qui est par ailleurs militant syndical à la CGT. “Face aux politiques d’austérité et de militarisation que les différents gouvernements cherchent à nous imposer, on veut se saisir des préoccupations quotidiennes et immédiates des gens comme le logement, l’alimentation, l’islamophobie… Nous voulons incarner une gauche révolutionnaire de rupture, qui a une réponse à apporter à ces problèmes, et de ne pas laisser la gauche institutionnelle être le seul débouché pour ces préoccupations”. Le tout, avec une volonté de changement profond dans la manière de faire de la politique : le parti milite pour la fin des politiciens professionnels, avec des élus révocables payés au salaire moyen d’un travailleur et sans cumul de mandat.
Et pour l’organisation trotskyste, le bilan de Michaël Delafosse, maire “socialiste” de Montpellier “s”inscrit dans la continuité des politiques austéritaires et antisociales de Macron” : attaque sur le droit de grève des agents municipaux, chasse aux sans-abris, expulsions de bidonvilles…
Pas d’argent public pour les entreprises
Face à ce bilan, l’organisation propose une titularisation de tous les travailleurs municipaux avec une indexation des salaires sur l’inflation, une réquisition des 13 000 logements vides de Montpellier pou y loger des personnes dans le besoin, la gratuité des cantines scolaires, un grand plan d’investissement dans les crèches…. Et pour financer tout cela ? “L’argent public ne doit pas aller au patronat comme Altrad“, rétorque Max Muller, qui cite le programme de RP : “Arrêt total des subventions publiques aux entreprises”. De quoi, sans doute, espérer tirer les autres programmes “réformistes” vers la gauche…
L’éducateur, qui travaille à la Paillade, dénonce aussi la politique sécuritaire du maire de Montpellier : “Nous demandons la fin la brigade du logement social et de la police des transports, ainsi que l’abrogation de la charte de la laïcité. Cela m’arrive régulièrement au travail que des gens du quartier me parlent de leurs craintes pour leurs enfants, mais le véritable problème, c’est la pauvreté, le niveau de chômage, la suroccupation des logements. La multiplication de moyens policiers ne résoudra pas la misère, et les nombreuses violences policières ces dernières années ont montré que la police est loin d’être une garantie de sécurité quand on habite dans les quartiers populaires”, détaille-t-il.
Silence sur le CSR
Reste que, sur le principal sujet qui agite déjà la campagne municipale à gauche, le projet d’incinérateur CSR (Combustible Solide de Récupération), Révolution Permanente n’a pour l’instant pas pris la parole ni officialisé une position. Un silence qui tranche avec la volonté affichée d’incarner les préoccupations de la vie quotidienne. Peut-être que la centralité du combat anticapitaliste, vue nationalement voire internationalement, laisse un peu dans l’ombre les spécificités du Clapas.
Et c’est peut-être aussi que cette campagne municipale sert d’échauffement plus que de véritable ancrage : une manière de mailler le terrain, de gagner quelques nouvelles cartes rouges avant 2027, où Anasse Kazib pourrait bien remettre le bleu de chauffe… D’autant qu’on connaît la chanson : les “candidatures de tribune” finissent souvent par s’installer dans le paysage. Le NPA, à ses débuts, jurait lui aussi ne se présenter que pour faire entendre une voix révolutionnaire — avant que ses figures locales ne se retrouvent dans de nouvelles organisations (Ensemble, l’Après…) à gérer des bouts de listes avec les Verts et à négocier des subventions. Bref, la frontière entre l’agitation et l’intégration n’est jamais très étanche. Rien de dramatique, mais pas franchement nouveau non plus.
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