Montpellier : la police intimide et fouille des collégiens lors d’un exercice d’alerte intrusion dans l’établissement

Elian Barascud Publié le 21 novembre 2025 à 12:47 (mis à jour le 21 novembre 2025 à 17:57)
Le syndicat SUD éducation 34 affirme que des policiers présents au collège Fontcarrade de Montpellier, vendredi 7 novembre, ont procédé à des fouilles de sacs, palpations et relevés d’identité d’élèves en dehors de tout cadre réglementaire. (Photo d'illustration capture d'écran Google Street View)

Le syndicat SUD éducation 34 affirme que des policiers présents au collège Fontcarrade de Montpellier, vendredi 7 novembre, ont procédé à des fouilles de sacs, palpations et relevés d’identité d’élèves en dehors de tout cadre réglementaire, alors qu’ils étaient dans l’établissement pour assister à un exercice d’alerte intrusion. De son côté, la FCPE 34 entend demander des comptes au rectorat

“Intimidations”, “abus de pouvoir”, c’est par ces mots que le syndicat Sud Education 34 qualifie une intervention policière dans le collège Fontcarrade, à Montpellier, le 7 novembre dernier, lors d’un exercice d’alerte intrusion au sein de l’établissement. Plusieurs témoins évoquent des fouilles de sacs, des palpations, des contrôles d’identités, effectués sur des mineurs hors de tout cadre règlementaire et sans suspicion d’infraction.

Agathe* (prénom modifié), assistante d’éducation du collège et témoin de la scène, raconte : “On était dans la salle de permanence, les élèves ont commencé à faire du bruit, et la CPE a demandé à la police de rentrer dans la salle pour rappeler aux élèves l’importance de l’exercice. Quand les policiers sont rentrés dans la salle, un élève a dit “garde-à-vous”. Les agents ont eu une réaction disproportionnée, et, ayant entendu une voix de garçon, ils ont fait sortir les filles avant de demander aux élèves de dénoncer celui qui avait dit ça, sous peine de fouiller des gens Les élèves n’ont rien dit, la police a alors fouillé des sacs, réalisé des palpations sur plusieurs élèves, plaqués au mur et une policière a réalisé un contrôle d’identité sur l’un d’eux. Sur le moment, je n’ai pas réagi, j’étais choquée. C’est quand ils sont partis qu’on a compris la gravité de ce qu’il venait de se passer.”

Une initiative “illégale” selon le syndicat qui dénonce une “fascisation de la société”. Contactée, la préfecture de l’Hérault affirme que “l’exercice en question s’est déroulé dans des conditions normales. Un seul incident a été relevé en toute fin d’exercice lorsqu’une CPE a sollicité l’intervention d’un policier en salle d’étude pour faire revenir le calme parmi les élèves. Le préfet de l’Hérault a sollicité auprès de la DIPN et de la DASEN un rapport administratif pour connaître le déroulé des évènements et les conditions d’intervention de la police dans cette enceinte.”

Des enfants “peu informés de leurs droits”


De son côté, Marie Nikichine, présidente de la Fédération française des Parents d’élèves de l’Hérault (FCPE 34), se dit “sonnée” et “inquiète d’avoir appris les faits à postériori, par des familles dont les enfants ont été victimes de ces contrôles et non par l’établissement“. “On se retrouve avec des enfants à la merci d’abus de pouvoir dans une institution qui est censée les protéger”, s’indigne la représentante de parents d’élèves. “Il faut que le collège mette en place un temps pour rappler aux élèves que ce qu’ils ont vécu n’est pas normal. Dans les faits, les enfants sont peu informés de leurs droits. Le sujet dans la cour de récré, c’était de dire que la police avait le droit de les contrôler arbitrairement, hors, ce n’est pas le cas.” La FCPE 34 a par ailleurs annoncé saisir le rectorat.

Cette affaire intervient alors qu’un récent article de Mediapart du 11 novembre a révélé une intervention brutale de policiers dans un lycée professionnel de Fontenay-sous-Bois, où des élèves avaient également été soumis à des violences et autres pratiques disproportionnées. À ce niveau-là, il ne s’agit plus d’exercice d’intrusion, mais d’exercice d’habituation à l’arbitraire de la police…

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