Le préfet de l’Hérault muscle l’action de la brigade du logement social, la presse applaudit

Elian Barascud Publié le 28 novembre 2025 à 13:05
La brigade de sécurité du logement social de la Métropole de Montpellier, en rang d'oignons à Antigone le 20 octobre 2023 (photo publiée sur la page Twitter/X de Michaël Delafosse)

Par un arrêté paru le 25 novembre, le préfet de l’Hérault autorise les agents du groupement de Sûreté Résidentielle Inter-bailleurs à patrouiller sur la voie publique à Aiguelongue, une décision dont les motifs interrogent la Ligue des Droits de l’Homme sur sa légalité. Pendant ce temps, Métropolitain salue l’action de ces “anges gardiens”…

C’est un exemple concret du “continuum de sécurité” cher à l’ex-ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin. Pour ses deux ans, la “brigade du logement social” regroupant ACM Habitat, FDI Habitat, CDC Habitat social, Erilia, SFHE, Sète Thau Habitat Social et Promologis, et inaugurée en novembre 2023, voit l’étendue géographique de ses compétences augmenter.

Par un arrêté préfectoral paru le 25 novembre, François-Xavier Lauch, préfet de l’Hérault, (par ailleurs ancien directeur de cabinet de Gérald Darmanin) autorise le Groupement de Sûreté Résidentielle Inter-bailleurs (GRSI) et ses quarante agents équipés de gilets pare-balle, de matraques et de chiens de combat à réaliser des missions de de surveillance et de gardiennage sur la voie publique dans le quartier Aiguelongue. La surveillance ne s’effectue donc plus uniquement dans les résidences gérées par les bailleurs, mais dans les rues autour, et ce, jusqu’au 5 janvier.

Une légalité “contestable”

Le représentant de l’État justifie sa décision par “des faits de violences et de menaces exercés à l’encontre des agents d’Altemed, au cours des journées du 21 et 24 novembre 2025”, qui nécessitent selon lui “de renforcer la surveillance dans ce quartier […] et que cette surveillance puisse s’exercer aux abords des axes desservant ce quartier dans un espace cohérent et strictement limité”.

C’est justement cet argument qui interroge Sophie Mazas, avocate montpelliéraine membre de la Ligue des Droits de l’Homme (que le préfet a récemment intimidé par courrier) : “Le préfet justifie ces missions de gardiennage et de surveillance par la commission de violences, donc des motifs qui sont normalement du ressort de la police. Derrière un habillage formellement respectueux du droit, qui rappelle l’interdiction de les entreprises de sécurité de faire des missions de police, le préfet vise un objectif de police : il indique clairement que c’est au regard de ces violences qu’il autorise le GRSI à intervenir sur la voie publique. La prévention des violences, ce n’est pas du gardiennage, la légalité de cette décision peut être contestée”, indique l’avocate, qui affirme que le bureau national de la LDH va être saisi sur la question.

Le Métropolitain assure le S.A.V. du préfet

Et pour donner un visage “humain” à leur politique du tout-sécuritaire, Michaël Delafosse, maire de Montpellier et françois-Xavier Lauch peuvent compter sur l’inénarrable Jean-Marc Aubert, journaliste fait-diversier sévissant chez Metropolitain, connu entre autres pour ses propos racistes et sa déontologie questionnable.

Dans un article paru le 26 novembre (le lendemain de la publication de l’arrêté, dont Jean-Marc Aubert ne parle pas), le journaliste dresse un bilan “flatteur” (selon ses mots) des agents du GRSI, qu’il va jusqu’à qualifier “d’anges gardiens” : “2 164 individus évincés en deux ans pour troubles du voisinage, 6 632 rondes diverses réalisées et 19 opérations conjointes avec la police nationale”.

L’article va même plus loin, laissant entendre que ces “anges gardiens” participeraient également à la lutte contre le trafic de drogue dans les résidences des bailleurs. C’est en tout cas ce que déclare Steve Lefebvre, directeur général du GRSI : “L’activité repose sur plusieurs types de rondes et d’intervention qui se complètent pour couvrir au mieux les besoins des résidences, avec comme objectifs prévenir les troubles, les occupations illicites des halls d’immeubles et des parties communes, des box, lutter contre les dégradations, les trafics, répondre à des situations déjà identifiées et accompagner les bailleurs dans la gestion des sites les plus sensibles.”

Bref, ici, le “continuum de sécurité” se double du “continuum de propagande” : on assume autant le flou entre mission de police et de sécurité privée qu’entre travail de journaliste et œuvre de communicant pour la préfecture…

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