À Montpellier, le comité de soutien au Rif dénonce la répression du royaume marocain contre le Hirak
La situation dans le Rif, région située au nord du Maroc, est toujours autant dramatique. Depuis la mort du jeune poissonnier Mohsin Fikri, happé dans une benne à ordures le 28 octobre 2016 alors qu’il tentait d’empêcher la destruction de ses marchandises par des agents de la ville(1), des mouvements de contestation populaires, que l’on désignent par le mot Hirak en arabe, ont éclaté et ont été très durement réprimés. Les revendications des manifestants sont pourtant légitimes : développement d’infrastructures pour réduire l’enclavement de cette région face au reste du Maroc, construction d’hôpitaux et d’universités, création d’emplois pour les jeunes, respect des droits de l’Homme et de la constitution marocaine, arrêt de la militarisation et abrogation de l’état d’exception en vigueur depuis 1958 dans la région(2).
Opposants assassinés, torturés, emprisonnés
De son côté, le roi Mohammed VI considère ce mouvement populaire comme une atteinte à la sécurité intérieure et refuse tout dialogue(3). Dans une lettre adressée au premier ministre français Édouard Philippe, les collectifs des Rifains en France parlent de « deux citoyens assassiné, […] de l’enlèvement des principaux leaders du mouvement, […] de plus de 1000 arrestations [et de ] 400 prisonniers et détenus politiques rifains, [dont] une cinquantaine d’enfants »(4). On pourrait en effet citer la mort d’Imad Al Attabi, qui a succombé à ses blessures en août dernier après avoir été blessé par des jets de bombe lacrymogène dans une manifestation(5), ou la condamnation en novembre dernier de deux militants du Hirak à vingt ans de prison ferme(6).
À Montpellier, le comité de soutien au Rif dénonce la complicité de l’État français
Face à l’intransigeance du pouvoir marocain, des comités de soutien au mouvement populaire du Rif se sont constitués un peu partout en France, et notamment à Montpellier, où plusieurs rassemblements et manifestations ont été organisés ces derniers-mois, dont certaines ont réuni jusqu’à 300 personnes(7). Hier soir, ce sont une cinquantaine de personnes qui se sont rassemblé devant la préfecture. L’un des porte-parole du comité local a déploré « le chaos qui est palpable dans la région [du Rif] et qui provoque l’exode des jeunes qui bravent les vagues de la Méditerranée pour venir grossir les rangs des déshérités en Europe » et a dénoncé « ce régime criminel et le soutien de l’État français à ce régime criminel ». Le 14 juin 2017, à l’issue d’une visite privée au Maroc, le président français Emmanuel Macron a en effet déclaré : « La discussion que nous avons eue [avec le roi marocain] ne me donne pas lieu de craindre une volonté de répression […], mais plutôt une réponse dans la durée et sur les causes profondes. » Le même jour, le tribunal d’Al-Hoceima condamnait 25 militants du Hirak à 18 mois de prison ferme(8). Quant au premier ministre français, il n’aura tout simplement pas prononcé le mot « Rif » lors de son déplacement officiel à Rabat le 15 et le 16 novembre dernier. À Montpellier, les militants du comité de soutien au mouvement populaire du Rif restent néanmoins déterminés et continueront de se mobiliser tant que leurs frères et soeurs continueront de croupir dans les prisons marocaines. Face à la répression, la solidarité est arme !
Sources :
(1) « Mouhcine Fikri, le marchand de poissons dont la mort indigne le Maroc », L’Obs, 31 octobre 2016, lien.
(2) « Au Maroc, le Rif défie le roi », Le Monde diplomatique, juillet 2017, lien.
(3) « Le procès du leader de la contestation dans le Rif a commencé », Le Temps, 24 octobre 2017, lien.
(4) « Hirak du Rif : Lettre ouverte au premier ministre français, M. Edouard PHILIPE en visite officielle au Maroc », Rif Online, 16 novembre 2017, lien.
(5) « Maroc. Imad Al Attabi a succombé à ses blessures », L’Humanité, 10 août 2017, lien.
(6) « Maroc. Deux militants du “Hirak” condamnés à 20 ans de prison ferme », L’Humanité, 9 novembre 2017, lien.
(7) « Le soutien au Rif se développe à Montpellier », Le Nouveau Montpellie, 27 juin 2017, lien.
(8) « Le verdict est tombé pour les détenus du Hirak du Rif (groupe d’Al-Hoceima) », Rif Online, 14 juin 2017, lien.
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