Après une journée de grève nationale bien suivie à la SNCF, les syndicats peu satisfaits

Le Poing Publié le 7 juillet 2022 à 14:14 (mis à jour le 8 juillet 2022 à 02:12)
Photo prise pendant le mouvement social à la SNCF du printemps 2018. Image d'illustration

Après une journée de grève bien suivie à la SNCF ce mercredi 6 juillet, la CGT, SUD Rail et la CFDT jugent les mesures annoncées par la direction pour endiguer la chute de pouvoir d’achat et revaloriser les salaires des travailleurs insuffisantes. Les syndicats annoncent consulter leurs adhérents pour décider des suites à donner au mouvement.

20% des conducteurs en grève d’après la direction, 35% toute professions confondues d’après la CGT, un train sur deux sur le réseau en Île-de-France, deux TER sur cinq en région, un train sur trois en moyenne pour les intercités, et quelques annulations de TGV : la journée nationale organisée à la SNCF ce mercredi 6 juillet est encourageante. D’autant que des conflits locaux prennent le relais, comme sur le réseau francilien où la grève se poursuit ce jeudi 7 juillet, ou encore dans des gares de province comme celle de Sète où des préavis sont déposés pour tous les week-ends de l’été, dans les deux cas pour des problèmes de sous-effectifs.

La grève du 6 juillet, lancée à l’appel de la CGT, de SUD Rail et de la CFDT, mettait principalement en avant les effets de l’inflation sur le pouvoir d’achat, la nécessité de revaloriser les salaires, et les conséquences néfastes de la fin du statut de cheminot pour les nouveaux arrivants entérinée depuis la loi d’Édouard Philippe de 2018, appliquée depuis le 1er janvier 2020.

Alors que la fréquentation du réseau SNCF promet d’atteindre des niveaux records cet été et que la SNCF a fait 900 millions de bénéfices en 2021, le niveau de vie et les conditions de travail des salariés se dégradent sans cesse. « On est en sous-effectif. Et nos salaires n’ont jamais été aussi bas par rapport au coût de la vie […] Aujourd’hui, la SNCF créé des travailleurs pauvres, qui gagnent à peine le SMIC », explique Bruno Poncet du secrétariat fédéral de SUD Rail dans un papier du média Rapports de force. L’inflation continue, et devrait atteindre 6,8 % en septembre, selon les estimations de l’INSEE. Selon SUD Rail les cheminots n’ont pas obtenu d’augmentation générale des salaires depuis huit ans, ce qui a entraîné une perte de pouvoir d’achat de 15%.

Les dernières Négociation Annuelles Obligatoires (NAO) se sont déroulées fin 2021, et les prochaines devaient selon un accord (non signé par plusieurs syndicats) se situer en 2023. Les syndicats représentatifs, soit la CGT, SUD Rail, la CFDT et l’UNSA, militent au vu de la situation pour une réouverture des négociations dès 2022.

Les trois syndicats derrière la journée de mobilisation du 6 juillet demandent un report systématique de la hausse du SMIC sur l’ensemble de la grille des salaires, et des augmentations des salaires, primes, gratifications, et du point d’indice. Aujourd’hui les plus bas salaires de l’entreprise sont en dessous du SMIC suite à ses revalorisations, comme dans de nombreux autres secteurs.

Une journée de négociation se tenait entre direction et syndicats ce mercredi 6 juillet. Sous la pression de la perspective d’un nouveau mouvement social d’ampleur, la SNCF a lâché du lest. Une augmentation générale des salaires de 1,4% via la hausse du point d’indice a été annoncée, de même qu’une majoration salariale uniforme de 400 euros brut annuel, une hausse de la gratification de vacances, une revalorisation de 4 à 7% pour les sorties d’astreintes, le travail de nuit, le dimanche et les jours fériés, une revalorisation des rémunérations les plus basses pour les mettre au niveau du SMIC, et une revalorisation de l’allocation déplacement. Le tout avec effet rétroactif à compter du 1er avril 2022. Avec la promesse que des discussions vont être ouvertes sur la hausse des primes de travail. La direction cède également aux grévistes en annonçant les prochaines NAO pour la fin de l’année 2022.

L’UNSA Ferroviaire, qui n’avait pas participé à la grève et est surtout portée par les cadres de l’entreprise, se déclare plutôt satisfaite du résultat de cette rencontre. A contrario, la CGT, SUD Rail et la CFDT soulignent que les mesures prises ne suffisent même pas à combler les effets récents de l’inflation.

Les trois syndicats annoncent donc revenir vers leurs adhérents avant de décider des suites à donner au mouvement.

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