Burn-out, pressions, perte de sens au travail : les salarié·es du social dans la rue

Le Poing Publié le 4 décembre 2020 à 18:17
Photo du média partisan "Révolution Permanente Montpellier"

Les travailleurs et les travailleuses du social et du médico-social se sont mobilisé·es partout en France ce jeudi 3 décembre. À Montpellier, entre 150 et 200 personnes se sont rassemblées devant le conseil départemental de l’Hérault, à l’appel de la CGT, de la CFDT et de collectifs indépendants. Objectif : mettre en lumière le caractère vital de leurs missions. Ces salarié·es se sentent comme les invisibles et les oublié·es du secteur, exclu·es notamment du Ségur de la Santé.

« Le Ségur est humiliant pour notre secteur »

José Théron, délégué syndical de la CGT Action sociale, s’emporte : « Le Ségur de la Santé est humiliant pour les professionnels de notre secteur d’activité et ne répond pas aux revendications des gens sur le terrain. Certains n’ont toujours pas reçu la prime de risque covid. » Les accord du Ségur, signés en juillet, actent une revalorisation salariale de 183 euros net des professionnel·les des hôpitaux et des Ehpad, mais pas des professionnel·les de la protection de l’enfance, du handicap et de l’hébergement, entre autres.

À ce titre, la CGT revendique une augmentation de salaire de 300 euros nets par mois, l’embauche de personnels qualifiés à la hauteur des besoins ainsi que de jeunes en apprentissage, l’accès à des formations qualifiantes, la réduction du temps de travail à 32 heures par semaine et l’obtention par toutes et tous des primes covid.

Des pressions budgétaires et hiérarchiques

Loin de ne porter que sur leurs propres conditions de travail, la mobilisation de ces salarié·es du social et du médico-social dresse un état des lieux globalement alarmant. Le décalage est total entre leurs ambitions et la réalité de leurs interventions sociales, conditionnées par les coupes budgétaires et hiérarchiques.

Camille*, travailleuse du social auprès de jeunes défavorisé·es de Montpellier dans un quartier prioritaire de la politique de la ville, en témoigne : « On nous demande de plus en plus de rentabilité et dans le social c’est compliqué ! Du coup on a tendance à n’être financés que sur des projets à court terme. Les bénéficiaires de l’action sociale sont dans des situations de plus en plus précaires à cause du covid et de sa gestion, alors que nous on doit attendre des semaines ou des mois pour avoir accès au moindre financement. Ce qui nous empêche de monter plein de projets qui pourraient les sortir de cette morosité ambiante. »

« Une perte de sens dans notre travail »

Consciente de l’utilité sociale de son métier, Camille déplore le recul des associations d’éducation populaire qui sont pour les jeunes des portes vers l’insertion, l’autonomie et la sociabilité. C’est ainsi qu’on retombe sur certains des points chauds de l’actualité : Camille cherche, au travail, à recueillir des témoignages de jeunes victimes de violences policières. À les informer sur leurs droits, en faisant venir différents juristes. Mais sa direction bloque tous les projets dans ce sens, les pressions s’accumulant à tous les niveaux.

Les effets délétères de la situation sur les collègues désolent la jeune femme. « C’est pour ça que dans toutes les professions du social, on a beaucoup de burn-out, d’arrêts maladie… Entre la perte de sens dans notre travail, les pressions à la rentabilité, les conflits avec la hiérarchie, y’a de quoi… »

La mobilisation en marche

Face à ces constats, la mobilisation se construit. Une délégation représentative des différents syndicats et collectifs a pu être reçue ce jeudi au conseil départemental. Camille, elle, voudrait voir se rassembler tous les petits collectifs et syndicats qui offrent, dans le secteur, un paysage morcelé, dans un tout plus homogène, dans une optique de lutte et pas seulement de négociations. « D’importants collectifs de travailleurs sociaux se sont montés récemment à Paris, Lille, Grenoble, Marseille, ou depuis peu dans le Gard. Ici on aimerait faire la même et se coordonner avec les autres pour déboucher sur des initiatives collectives communes. »

Les salarié·es du social et du médico-social vont-ils rejoindre les assistants d’éducation, et tant d’autres, pour une année 2021 placée sous le signe de la reconquête sociale ? On vous tient au jus !

*Prénom modifié.

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