Climat : une prise de conscience du gouvernement sur l’urgence de la lutte contre le réchauffement ?

Le Poing Publié le 23 août 2022 à 19:00
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Après un été marqué par les dures conséquences du réchauffement climatique, l’exécutif assure avoir enfin compris l’urgence de mesures en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Que prévoit le gouvernement pour la rentrée ?

C’est officiel : après un été fait de vagues caniculaires quasi-ininterrompues, d’incendies de grandes ampleurs sur des dizaines de milliers d’hectares de forêts, d’une sécheresse historique, le gouvernement français a enfin pris conscience de l’urgente nécessité d’accélérer la réductions des émissions de gaz à effet de serre. Comme en témoigne un conseiller de l’exécutif : “L’été marqué par les incendies, la sécheresse, les intempéries, a servi de prise de conscience”.

La Première ministre Élisabeth Borne doit manger ce mardi 23 août à l’Élysée avec le président Emmanuel Macron, avant de proposer, avec Christophe Béchu en charge de la transition écologique, une feuille de route verte, ministère par ministère, alors qu’un Conseil des Ministres de rentrée aura lieu ce mercredi 24.

C’est que Mme Borne avait consacré au moins cinq minutes à l’urgence climatique pendant son discours de politique générale prononcé devant l’Assemblée dans la foulée des législatives, certes grandiloquentes, puisque promettant « des mesures radicales », mais dont la légèreté en terme de propositions avait inquiété les écologistes. Une concertation doit être lancée dès le mois de septembre, pour aboutir sur une nouvelle loi d’orientation sur l’énergie et le climat, avec comme base la fameuse feuille de route en préparation. Déjà la Convention Citoyenne pour le Climat organisée pendant le premier mandat avait fortement déçu ceux qui en attendaient quelque chose, puisque quasiment aucune des mesures proposées n’avait été retenue par le gouvernement.

Le 29 juin, le Haut Conseil pour le Climat (HCC) estimait dans un rapport la réponse de la France au réchauffement climatique en progrès, mais toujours insuffisante, avec des risques majeurs de ne pas atteindre les objectifs fixés pour 2030. Lesquels ont été revus à la hausse par une nouvelle loi adoptée au Parlement Européen en juillet 2021 : les États membres de l’UE doivent réduire leurs émissions de 50%, et non plus de 40%, d’ici à la fin de la décennie. Depuis 1990, la France a baissé ses émissions d’un peu plus de 20 % seulement. Le 14 octobre 2021, une condamnation visant l’État français pour avoir dépassé les seuils autorisés d’émissions de ces même gaz à effet de serre a été prononcée par le Tribunal Administratif de Paris.

Aujourd’hui, le secteur des transports reste de loin le plus émetteur avec 30 % des émissions en 2021, suivi de l’agriculture et de l’industrie avec 19 % chacun, des bâtiments avec 18 %, de la transformation d’énergie avec 11 %, et enfin le secteur des déchets avec 3 %. Le rapport du HCC tend à montrer que la baisse des émissions ralenti depuis 2015 dans l’industrie et l’énergie.

Quelles mesures d’urgence ont été prises par le gouvernement pendant cet été aux allures pré-apocalyptiques, qui aurait catalysé une prise de conscience sans précédant ? Des rationnements en eau. Et pas grand chose d’autre, comme le dénonce cette tribune. Deux mesures qui commencent à s’appliquer en cette fin de mois d’août 2022, l’interdiction des publicités pour les énergies fossiles et l’impossibilité pour les propriétaires bailleurs qui mettent en location des passoires thermiques d’augmenter leurs loyers, sont en réalité le résultat de la loi Climat et résilience adoptée en août 2021.

Est-t-il raisonnable d’attendre quelque chose de la concertation lancée en septembre ? De nouvelles mesures anti-sociales repeintes en vert éventuellement. Au Poing on préférera miser sur nos propres capacités pour mettre la pression sur les industries polluantes.

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