Corse : une vidéo de CRS prise en plein enterrement de Colonna perturbe le deuil insulaire

Le Poing Publié le 28 mars 2022 à 17:01 (mis à jour le 28 mars 2022 à 20:26)
L'appel des nationalistes à manifester ce dimanche 27 mars devant les casernes de CRS de Corse a donné lieu à de violents affrontements. Crédit photo : page Facebook du mouvement Corsica Libera.

Quelques jours après la mort d’Yvan Colonna suite à son agression à la prison d’Arles, la trêve dans l’intense mouvement populaire qui a secoué la Corse semble mise à mal. Plusieurs centaines de personnes ont manifesté ce dimanche 27 mars en fin d’après midi près d’Ajaccio et de Bastia, après qu’ait tourné sur les réseaux sociaux une vidéo montrant des CRS en train de chanter la marseillaise pendant les obsèques du militant nationaliste.

Plusieurs centaines de manifestants se sont retrouvés dimanche 27 mars en fin d’après midi devant les casernes de CRS de Furiani et d’Aspretto, respectivement proches de Bastia et Ajaccio. De violents affrontements s’y sont déroulé.

En cause : une vidéo qui tourne sur les réseaux sociaux, authentifiée par la presse entre temps, qui montre une compagnie de CRS fraîchement débarquée de Bretagne en train de chanter la marseillaise dans leur caserne, en pleines funérailles du militant nationaliste Yvan Colonna, mort le 21 mars après son agression à la prison d’Arles.

Dès le soir du samedi 26 le PNC (parti autonomiste et social démocrate ), Corsica Libera (parti indépendantiste allant de la social démocratie au populisme de gauche) et Core in Fronte (indépendantistes prônant un populisme de gauche au fort accents sociaux), avec les syndicats étudiants, appelaient à se rassembler devant les préfectures de Bastia et Ajaccio.

Femu a Corsica, la formation autonomiste et libérale du président de l’exécutif corse, s’est indigné mais n’a pas appelé à la mobilisation. Après la visite de Darmanin sur l’île, c’est la seule organisation qui avait signé le protocole de négociation vers l’autonomie avec le ministre, que les autres jugeaient insuffisant. En conséquence, la formation n’avait pas pris part à la réunion de Corte du 18 mars visant à fixer les caps prochains de la mobilisation.

Depuis le décès d’Yvan Colonna, le calme s’était réinstallé sur l’île. Des centaines de personnes avaient accueilli sa dépouille lors de son arrivée à Ajaccio. De nombreuses marches et rassemblements silencieux ont eu lieu. Vendredi 25 mars plusieurs milliers de personnes convergent à Cargèse où est enterré Colonna. Des actions de soutien sont organisées par le syndicat nationaliste STC dans les ports et l’aéroport de l’île. Les trains ne circulent plus, en signe de deuil et toujours à l’initiative de travailleurs du STC. La Collectivité de Corse, qui avait déjà défrayé la chronique sur le continent en mettant ses drapeaux en berne, autorise les absences à ses employés pour qu’ils puissent se rendre à l’enterrement.

Le 18 mars au soir, quelques jours avant la mort d’Yvan Colonna, toutes les organisations nationalistes à l’exception de Femu a Corsica avaient déciďé de poursuivre la mobilisation pour l’amnistie des prisonniers politiques, la reconnaissance du peuple corse, et des garanties conséquentes sur un futur statut d’autonomie par une nouvelle grande manif sur Ajaccio, sans fixer de dates. Qu’en sera-t-il dans la situation actuelle ? La population répondra-t-elle présente aux rendez-vous des organisations nationalistes, comme pendant les deux premières semaines de mars ?

Quoiqu’il en soit, une question traverse le monde syndical corse ces dernières semaines : que recouvrerait l’autonomie en termes d’aspirations sociales pour les travailleurs ?

Pour en savoir plus sur le mouvement de contestation qui secoue l’île depuis l’agression d’Yvan Colonna, par ici.

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