Delafosse signe une tribune demandant l’interdiction de la critique du sionisme

Elian Barascud Publié le 26 mars 2025 à 10:21 (mis à jour le 26 mars 2025 à 15:55)
Michaël Delafosse, maire de Montpellier (image d'illustration)

Le maire de Montpellier a récemment signé une tribune publiée dans Le Monde, aux côtés de cadres de la macronie tels que Aurore Bergé ou Guillaume Kasbarian pour demander la création d’une loi intégrant “l’antisionisme comme nouvelle forme d’antisémitisme”. L’association La Libre Pensée a réagi en dénonçant une tentative “d’interdire toute critique d’Israël”

On connaissait déjà les positions de Michaël Delafosse, maire de Montpellier sur Gaza, lui qui avait déclaré “il est mensonger de parler d’apartheid Israélien […] Tant que je serai maire, je serai aux côtés de Tibériade [ville israélienne jumelée avec Montpellier, ndlr] et d’Israël”. Le “socialiste”, habitué à l’apposition de son nom aux côtés de ceux des pires réactionnaires, s’est une nouvelle fois illustré en signant une tribune parue dans Le Monde, intitulée “Pour que l’antisionisme ne serve plus de prétexte à l’antisémitisme”. Une tribune également signée par Manuel Valls, Carole Delga, présidente de la Région Occitanie, et des cadres de la macronie comme Aurore Bergé ou Guillaume Kasbarian.

Le texte présente l’antisionisme comme “une mode” : “. “Le déroulé est simple : le sionisme est un colonialisme qu’il faut éliminer. Cette simplification de l’histoire ne dit rien de l’histoire du peuple juif, d’une émancipation qui arrive trop tard, des pogroms qui tuent, d’une Shoah qui extermine. Inscrire le sionisme sur le terrain décolonial est un biais historique permettant de se considérer du « bon côté de l’histoire »” […] “L’antisionisme est du révisionnisme. Le 29 novembre 1947, l’Assemblée générale de l’ONU vote la résolution 181 visant à la création d’un État juif. Le 14 mai 1948, David Ben Gourion [1886-1973] proclame l’indépendance de l’État d’Israël. Quatre-vingts ans après, du parvis de Columbia à celui de Sciences Po, des réseaux sociaux à l’Assemblée nationale, la légitimité de l’État d’Israël est non seulement remise en cause mais de nouveaux plans de partage sont suggérés. Sans consulter les concernés.”

Les signataires demandent “que l’antisionisme ne serve plus de prétexte à l’antisémitisme” :C’est à la République de protéger les juifs en intégrant dans sa loi l’antisionisme comme nouvelle forme d’antisémitisme.” Tout en ajoutant que “Le sionisme, c’est un idéal d’émancipation, un ancrage durable, un barrage à la haine, un rempart à l’extermination.”

“Cet appel sert à couvrir le génocide palestinien”

“50 000 tués dont 15 000 enfants, l’usage de la torture sur prisonniers, la destruction de la vie, c’est l’idéal d’émancipation pour Dellafosse, Delga et autre Valls”, a réagi l’association la Libre Pensée 34, très présente au sein des manifestations de soutien à la Palestine, dans un communiqué. “Cet appel à rendre illégale la critique d’Israël est un appel à débrider la répression des préfets, de la police, du gouvernement, des médias, pour tenter d’interdire la liberté d’expression de ceux qui ont le courage de dénoncer le génocide. […] Cet appel sert à couvrir le génocide palestinien.”

Une répression que subissent déjà les militants de la cause palestinienne à Montpellier : pour rappel, le stand d’information de l’association BDS-Urgence Palestine a été verbalisé onze fois en quelques mois, notamment pour dépôt de déchets sur la voie publique. José-Luis Moraguès, co-animateur de la campagne BDS Montpellier, sera d’ailleurs convoqué au tribunal le 22 mai pour des plaintes en diffamation du sénateur Héraultais Hussein Bourgui et de la présidente de Région Carole Delga. Il lui est reproché la diffusion sur les réseaux sociaux d’une affiche où les visages des élus sont affichés avec la mention “complices d’Israël” et du mot”génocide” écrit en gros.

“Nous Vivrons”, un collectif sulfureux

A l’origine de la tribune parue dans Le Monde, on retrouve le collectif “Nous vivrons”, qui se présente comme une association de lutte contre l’antisémitisme née après le 7 octobre 2023. Le collectif a récemment fait parler de lui dans la presse à l’occasion de la manifestation parisienne du 8 mars dans le cadre de la journée internationale de lutte pour les droits des femmes : les médias dominants ont repris sans nuances le récit de “Nous vivrons”, qui a accusé des militantes féministes de les avoir tenu à l’écart de la manifestation sur fond d’antisémitisme.

Une accusation mensongère et une “instrumentalisation de l’antisémitisme” pour plusieurs collectifs féministes, qui dénoncent le “soutien inconditionnel à l’État d’Israël et à ses ambitions coloniales” de “Nous Vivrons”. Dans un billet paru sur son blog Mediapart, Le collectif “féministes révolutionnaires Paris” explique pourquoi elles ne veulent pas de cette associations dans les manifestations féministes : “Depuis sa création, Nous Vivrons, par son discours dans les médias, sur les réseaux sociaux et dans la rue, se place en opposition à toutes les manifestations de solidarité envers le peuple palestinien : c’est le mouvement même en faveur de la Palestine libre qu’il qualifie de soutien au terrorisme. Pour Nous Vivrons, toutes les voix qui dénoncent le génocide et la colonisation sont antisémites, y compris celles portées par des personnes juives.”

Loin du discours victimaire de “Nous Vivrons”, Révolution Permanente, média du parti trotskyste éponyme, a révélé des agressions de femmes palestiniennes par le service d’ordre du collectif lors de la manifestation féministe parisienne du 7 mars. Le 25 novembre dernier, ce même collectif et son service d’ordre avaient déjà cherché à provoquer les militantes féministes pro-Palestine avec des slogans et des pancartes comme « LGBTQ, avec le Hamas vous seriez pendus », « Hamas assassin, féministes complices » ou « féminicide de masse, féministes à la Hamas », avant d’encourager une campagne de harcèlement de militantes féministes sur les réseaux sociaux. […] Une décision scandaleuse alors que, sous couvert de « féminisme », les membres de Nous vivrons tentent en réalité d’utiliser les crimes commis le 7 octobre pour s’attaquer à la solidarité féministe avec la cause palestinienne, au mouvement féministe, et de légitimer la politique de l’État d’Israël”, relate le site. Delafosse sait-il pour qui son nom a été apposé sur la tribune ?

En réaction à cette tribune, Attac Montpellier et la Libre Pensée ont rédigé une réponse, “Pour que la lutte contre l’antisémitisme ne serve plus de prétexte à la répression”qu’ils entendent faire paraître dans Le Monde. Vous pouvez la lire et la signer en cliquant ici.

A Montpellier, la prochaine manifestation de soutien à la Palestine aura lieu le samedi 29 mars à 14 heures sur la place de la Comédie.

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