Montpellier : des associations dénoncent le soutien d’élus locaux à la journée de Jérusalem

Elian Barascud Publié le 13 juin 2024 à 12:26 (mis à jour le 13 juin 2024 à 17:08)
Plusieurs associations de soutien au peuple palestinien étaient réunis à la brasserie le Dôme pour une conférence de presse le 13 juin afin de dénoncer le soutien des collectivités locales à la journée de Jérusalem, organisée le 23 juin à Montpellier. ("Le Poing")

La ville de Montpellier célébrera le 23 juin, à l’initiative du centre culturel juif de Montpellier, la 47e édition de la “journée de Jérusalem, capitale une et indivisible du peuple juif”. Une revendication contraire au droit international, que des soutiens montpelliérains au peuple palestinien ont dénoncé lors d’une conférence de presse ce jeudi 13 juin. De son côté, BDS Montpellier a mené une action symbolique à la maison des relations internationales

C’est une tradition Montpelliéraine qui dure depuis 1977. Mais au vue du contexte de génocide à Gaza, c’est l’année de trop pour L’Association France Palestine Solidarité (AFPS) 34, La Ligue des Droits de l’Homme, le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP) ainsi que d’autres associations engagées dans le soutien au peuple palestinien.

Ils étaient réunis le 13 juin en conférence de presse pour dénoncer la 47e édition de “journée de Jérusalem, capitale une et indivisible du peuple juif”, organisée par le Centre culturel juif Simone Veil. Une revendication alignée sur des intégristes israéliens et contraire au droit international, reprise par un certain Donald Trump en 2017. Le tout avec le soutien des collectivités locales (Ville de Montpellier, Département, Région) qui apposent leur logo, et la présence d’élus, à commencer par le maire de Montpellier Michaël Delafosse et du sénateur PS héraultais Hussein Bourgui. Pour rappel, Michaël Delafosse avait déclaré qu’“il est mensonger de parler d’apartheid Israélien […] Tant que je serai maire, je serai aux côtés de Tibériade [ville jumelée avec Montpellier, ndlr] et d’Israël”.

Un soutien que dénonce Odile Cadoura, de l’AFPS : “Ce centre culturel à tout à fait le droit de s’exprimer, le problème, c’est le soutien des collectivités. La mairie de Montpellier loue le domaine de Grammont, et des élus sont physiquement présents. Car ces élus devraient parler au nom de la France, qui a, comme tous les pays de l’ONU à part les Etats-Unis, son ambassade à Tel-Aviv, et non à Jérusalem. Nous avons écrit à ces élus via une lettre ouverte pour dénoncer cette participation, mais pour l’instant, nous n’avons pas eu de réponse.”

Jean-Jacques Gandini, membre de la section héraultaise de la Ligue des droits de l’Homme, complète sur la question du droit international : “La France s’attache aux résolutions de l’ONU, ces élus se mettent en porte-à-faux vis-à-vis de la position de la France.”

Puis vient la question du programme et des intervenants de cette journée, décrits par Odile Cadoura : “Dans leur programme de présentation de la journée, il y a un texte qui s’appelle “Amalec ou l’ennemi héréditaire”. Amalec est une référence biblique présente dans le livre de Samuel, dont se servent les colons pour désigner les palestiniens comme peuple des ténèbres. Une notion reprise par le gouvernement Israélien et les soldats de Tsahal.”

Tsahal, justement, est mise en avant par Sar-El, une association présente à la journée de Jérusalem, qui propose des séjours de volontariats civils dans l’armée Israélienne pour des jeunes et adultes.

De plus, les organisateurs déplorent une sorte de deux poids-deux mesures du côté des pouvoirs publics : d’un côté, la Région Occitanie qui se dit, dans le flyer de la journée de Jérusalem, engagée contre l’antisémitisme, de l’autre, le MRAP se voit refuser une salle par la mairie de Montpellier pour une conférence sur l’islamophobie.

Ils appellent à une manifestation le samedi 22 juin à 15 heures sur la Place de la Comédie pour continuer de dénoncer cette journée de Jérusalem.

BDS également mobilisé

Les militants de la campagnes BDS France Montpellier (Boycott désinvestissements sanctions) étaient également mobilisés ce jeudi 13 juin. Après avoir vu leur stand une nouvelle fois verbalisé par la police municipale sur la Comédie (la onzième fois en trois mois), quelques personnes sont allé accrocher des banderoles à la maison des relations internationales pour dénoncer le jumelage de Montpellier avec la ville de Tibériade et la journée de Jérusalem. “Cela s’inscrit dans une stratégie de pression auprès du maire de Montpellier, Michaël Delafosse, sur la question Palestinienne”, explique José-Luis Moraguès, co-animateur de la campagne BDS à Montpellier. “Nous avons fait des interventions dans ses réunions publiques, nous avons fait une manifestation qui s’est terminé dans la mairie, et maintenant ça.” De la peinture rouge a été versée sur la plaque célébrant le jumelage avec Tibériade pour symboliser du sang.

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