Des bassines dans l’Hérault ?
Neuf “retenues” sont en projet dans l’Hérault. Depuis Sainte-Soline, plus personne n’ignore ce que sont les bassines ou “retenues”. Des projets qui bénéficient à quelques uns et desservent la majorité pour répondre avec trente ans de retard au problème de l’eau, complètement à côté de la plaque. On vous en dit un peu plus.
Bassines, méga-bassines, “retenues collinaires” : appelez-les comme vous voulez, ça reste basiquement, un trou privatisé, qu’on remplit (aux frais des contribuables) soit en pompant dans les nappes phréatiques, soit en captant l’eau dans des fleuves annexes, en hiver, pour que le monde tel qu’il tourne aujourd’hui, puisse faire semblant de continuer à tourner encore quelques années. Nous menant inévitablement à la plus grande des impasses.
Les “super Hérault” qui nous mènent à la perte
Que ce soit sur le réseau routier avec le LIEN ou sur la question de l’eau, dans le département on est servi niveau projets inutiles, dangereux et imposés. Aux manettes ici : Kleber Mesquida, président du département Hérault, 77 ans et déjà 87 ans de mandats politiques cumulés (ça grandit si vite!) et Yvon Pellet, retraité du secteur bancaire, dirigeant de deux entreprises dans le secteur de la promotion immobilière (bin tiens!), Conseiller de Montpellier Méditerranée Métropole, délégué à l’Agriculture, viticulture et manifestations afférentes, maire de Saint Geniès des Mourgues et conseiller départemental.
Initialement on voulait vous mettre une des nombreuses photos qui regorgent sur le web de Mesquida aux côtés de Yvon Pellet, (souvent eux-mêmes aux côtés de Carole Delga et Michael Delafosse ). Notamment une, du site Pressagrimed, appartenant au groupe “Réussir” dont le président du conseil de surveillance est également vice-président de la FNSEA titrant au dessus de leurs têtes “nos supers Hérault”. Mais comme ce ne sont pas nos photos parce qu’on traine pas souvent aux évènements officiels et qu’on a pas les droits dessus, on vous laisse taper ça chez vous et contempler l’avenir de la région.
Comme le révélait notre confrère Gil Martin le 5 avril dernier, le département dans le cadre du “Plan Irrigation” a actait le 14 février la création de “neuf retenues hivernales”. Un projet “qui n’a rien à voir avec les super bassines” assure Yvon Pellet.
Rien à voir avec les “super-bassines” ? Vraiment ?
Pas moins de 7 millions de mètres cubes de retenues d’eau sont envisagés sur ces 9 bassins héraultais, dont 3 déjà à l’étude à Pouzolles, Florensac et Malagas. Le département l’assure : il n’y aura pas de pompage dans les nappes phréatiques. L’eau sera capté en hiver dans le Rhône, l’Orb et l’Hérault. Rappelons que le Rhône a déjà perdu 13% de débit en 60 ans, et va perdre en été, à cause du dérèglement climatique un tiers de son débit encore d’ici 30 ans (et accessoirement qu’il a aussi pour fonction de refroidir les centrales nucléaires). Rappelons aussi que les fleuves de l’Orb et de l’Hérault ont des débits inférieurs aux normes de saison, et certains endroits, où le niveau de l’eau à l’œil nu, affleure le niveau du mois d’août (on vous invite à aller voir l’Hérault qui ne passait déjà plus en avril par dessus le barrage en amont de St Guilhem le Désert). Mais pompons en hiver dans ces fleuves déjà en galère. Merveilleuse idée.
De l’eau pour qui ?
Selon les études du département, les besoins dans l’Hérault sont nettement identifiés : la viticulture. Bien sûr, comme à Sainte-Soline, seuls quelques grands agriculteurs se dédiant pour la plupart à l’exportation auront accès à cette réserve. Qu’on soit d’accord : on adore le vin, surtout le rouge qui tâche. Pour autant accélérer la raréfaction de l’accès à l’eau au nom du marché nous parait vraiment bancal.
Mais comme le département à le sens du partage, il l’assure : ces bassines pourront être utilisées par les pompiers pour faire face aux incendies. Ouf ! Nous voilà rassuré·es ! Les pompiers pourront éteindre le feu causé par les politiciens pyromanes. En tout cas, dans nos premières recherches, les collectifs spécialisés sur l’eau tel que Eau Secours 34, les paysan·nes de la Confédération Paysanne et les petits vignerons nous l’assurent : irriguer les vignes est un très mauvais calcul car alors, les racines ne feront plus le travail d’aller chercher en profondeur l’eau et resteront en surface, exigeant une irrigation artificielle jusqu’à que mort s’en suive. Gaby, vigneron dans l’Hérault ajoute qu’« irriguer les vignes permet de faire de la quantité. Mais ce n’est pas nécessaire d’irriguer, je ne le fais pas dans mes vignes. Faire de la quantité, de l’export à cette échelle, autant de vignes sur notre territoire, c’est absurde. S’il y avait des cultures à irriguer ce ne serait pas celles là, ni de cette façon. Ni le maïs – très énergivore eau – qui est fait a Sainte-Soline d’ailleurs. »
Le signal d’alerte est tiré, place à la mobilisation ?
Dans le Gard où des projets similaires existent, un collectif est déjà sur le front. Dans l’Hérault, plusieurs organisations écolos et au delà, selon nos informations, sont-elles aussi sur le qui-vive et prêtes à réagir. Sans doute que la création de collectifs localisés autour des communes impactées permettrait également une confédération plus large, qui prendrait, espérons le le chemin d’une lutte victorieuse.
Peut être que le mercredi 31 mai sera un premier point d’étape avec l’organisation par l’Université de Montpellier en Lutte (UM en Lutte) d’une journée consacrée à “L’eau en crise : état des lieux, enjeux, solutions” suivi d’une projection-débat à l’Utopia “De l’eau jaillit le feu”, autour de la lutte contre les méga-bassines du Poitou.
Et puis Yvon Pellet l’assure, sa porte reste ouverte pour la discussion. Bon, nous, pour cette fois, parce que notre temps bénévole n’est pas extensible à l’infini (d’ailleurs : soutenez-nous, abonnez-vous pour y remédier !) on n’a pas eu le temps d’aller discuter avec lui. Mais promis on le fera bientôt et vous aussi, n’hésitez pas !
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