Le préfet de l’Hérault tolère les antisémites et réprime les pro-palestiniens

Le Poing Publié le 26 mai 2023 à 00:28 (mis à jour le 26 mai 2023 à 11:11)
Cortège contre l'apartheid de l'Etat d'Israël lors de la manifestation du 1er-Mai 2023 à Montpellier (image d'illustration "Le Poing")

Hugues Moutouh a interdit la manifestation “Montpellier contre l’apartheid” pour « troubles à l’ordre public ». Le très droitier préfet de l’Hérault a pourtant récemment toléré un défilé d’identitaires parfaitement antisémites.

Le rapporteur de l’ONU sur les droits de l’homme dans les territoires palestiniens est clair : « Israël a imposé en Palestine la réalité de l’apartheid ». En mars 2022, Michael Lynk dénonçait « des caractéristiques impitoyables du régime de séparation (…) qui n’étaient pas appliquées en Afrique du Sud, comme des routes séparées, de hauts murs et des postes de contrôle omniprésents ». Fin décembre 2022, l’Assemblée générale de l’ONU avait adopté une résolution demandant à la Cour internationale de justice de déterminer « les conséquences juridiques de la violation persistante par Israël du droit du peuple palestinien à l’autodétermination ».

Mais à Montpellier, cette protestation n’est pas admise. Le très droitier préfet de l’Hérault Hugues Moutouh a interdit la manifestation “Montpellier contre l’apartheid – Solidarité Palestine” prévue le 27 mai sur la place de la Comédie pour demander à la Ville de Montpellier et à la Métropole « la suspension des liens institutionnels avec Israël ». Pour justifier l’arrêté, le représentant de l’État multiplie les inepties. Il dénonce la présence d’associations issues « de la mouvance d’extrême-gauche ». Parle-t-il du “Mouvement pour une alternative non-violente” ou du “Mouvement contre le racisme et l’amitié entre les peuples” ? Il s’inquiète pour le « déroulement de la fête juive de Chavouot », dont il n’a jamais été question, et « redoute (…) la tenue de discours discriminants » et de « troubles à l’ordre public », sans détails.

« C’est toujours la même histoire » dénonce au Poing José-Luis Moragues, porte-parole de la campagne montpelliéraine “Boycott, désinvestissement et sanctions”. Il précise qu’il n’y a « jamais eu aucun incident à Montpellier sur des manifestations de ce type » et parle d’un « harcèlement » des autorités locales. Il a lui-même été poursuivi pour « émission de bruit portant atteinte à la tranquillité » en 2019 et convoqué au commissariat en 2022 pour « provocation à la haine », avec à la clé une relaxe et un classement sans suite. La Ville de Montpellier est un soutien de longue date de la politique coloniale de l’État d’Israël. Les maires successifs célèbrent depuis 1977, à l’initiative du centre communautaire culturel juif, la « journée de Jérusalem » pour revendiquer d’en faire la « capitale une et indivisible de l’État-nation du peuple juif », une revendication contraire au droit international à laquelle s’est rangé un certain Donald Trump en 2017.

Le maire PS de Montpellier Michaël Delafosse (en costard cravate), le 26 juin 2022 à Montpellier lors de la « journée de Jérusalem » (photo de radio Aviva)

En revanche, le préfet laisse les franges les plus radicales de l’extrême-droite languedocienne manifester. Protégés par des policiers, une cinquantaine d’identitaires ont défilé à Montpellier le 6 mai 2023 pour rendre « hommage » à Jeanne d’Arc. Parmi eux, Olivier Roudier, porte-parole du groupe raciste “La Ligue du Midi”, notamment condamné pour saluts nazis, et des membres de l’Action française, une organisation royaliste ouvertement antisémite.

Manifestation d’extrême-droite le 6 mai 2023 à Montpellier en « hommage à Jeanne-d’Arc » avec Olivier Roudier (portant le drapeau), condamné pour saluts nazis (extrait d’une vidéo de BriLitz Media)

Les organisateurs de l’événement ont appris l’interdiction préfectorale sur les réseaux sociaux et l’ont contesté en urgence ce matin via une procédure en référé. S’ils obtiennent la levée de l’arrêté, la manifestation aura bel et bien lieu le 27 juillet à 15h à Montpellier sur la place de la Comédie. Sinon, une conférence de presse se tiendra à la même heure devant la préfecture.

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