Hérault : la Chambre régionale des Comptes analyse le déficit de la Maison des Adolescents

Elian Barascud Publié le 28 janvier 2025 à 12:29
La façade de la Chambre régionale des comptes Occitanie - CRC Occitanie (capture d'écran)

La Maison des Adolescents de l’Hérault est un lieu de prévention, d’écoute, d’information, d’évaluation et d’orientation pour les jeunes héraultais âgés de 11 à 21 ans, en lien avec des associations et hôpitaux du département. Dans un rapport paru le 28 janvier, la chambre régionale des Comptes note une dégradation financière de ce groupement de coopération sociale et médico-sociale, due à un “manque d’outils de pilotage institutionnel et opérationnel”

Fondée en 2010, la Maison des Adolescents (MDA) de l’Hérault est un organisme de droit privé à but non lucratif qui réunit deux associations locales du secteur social et médico-social, Adages et Montpellier Ados, ainsi que deux centres hospitaliers (le CHU de Montpellier et le CH de Béziers). C’est un lieu qui propose prévention, d’écoute, d’information, d’évaluation et d’orientation pour les jeunes héraultais âgés de 11 à 21 ans, via des infirmiers, psychologues, éducateurs, médecins/psychiatres, pour permettre une prise en charge en santé, et notamment en santé mentale. la MDA est pilotée par l’Agence Régionale de Santé, son principal financeur. En 2023, 1 200 jeunes y ont été accueillis pour la première fois.

A noter qu’en plus de ses missions de bases définies par un cahier des charges national, le MDA de l’Hérault, via son pôle “Resilado”, est engagée sur le dispositif “D-CLIC” qui a pour mission de favoriser la synergie des acteurs et la mise en œuvre d’une prise en charge globale pour les jeunes de 0 à 21 ans connaissant des difficultés multiples.

La MDA de l’Hérault a fait l’objet d’un rapport de la Chambre Régionale des Comptes, paru ce mardi 28 janvier, qui analyse ses comptes et sa gestion pour les années 2019-2023. Ce rapport s’inscrit dans le cadre de l’enquête nationale conduite par les juridictions financières sur les maisons des adolescents. I

Un maillage territorial à renforcer

Si les lieux d’implantation (Montpellier et Béziers) et d’intervention (Lunel et Bédarieux) de la MDA correspondent aux principales zones de concentration des jeunes dans l’Hérault, la Chambre Régionale des Comptes note néanmoins la nécessité de renforcer sa couverture territoriale : les permanences que tenait la MDA à Lodève et Sète ont été supprimée en 2016 et 2017, et celle d’Agde, qui devait être créée, n’a jamais vu le jour. Selon le rapport, “la suppression de ces antennes rend difficile l’accès des jeunes issus de milieux défavorisés qui sont éloignés des implantations actuelles.”

La Chambre recommande donc à la MDA d’“élaborer et mettre en œuvre un plan d’action pour l’amélioration de la couverture du territoire afin de répondre aux plans de prévention et de santé régionaux” tout en notant “qu’il existe un décalage entre les missions à exercer et notamment la couverture territoriale à assurer à l’échelle départementale et les moyens alloués pour y parvenir”.

De plus, la Chambre Régionale des Comptes souligne que la MDA n’a pas suffisamment pris en compte les inégalités sociales et géographiques dans l’accès aux soins dans l’Hérault en analysant les besoins par rapports aux structures de santé déjà présentes.

Des finances fragiles

Surtout, le rapport note un déficit de la MDA de 170 000 euros pour 2023. Un déficit qui s’explique par une augmentation brutales des charges non anticipée, qui peut être liée, selon la Chambre régionale des Comptes, à une difficulté à avoir “vue d’ensemble des financements engagés pour établir une stratégie financière stable”. En effet, la MDA a de nombreux financeurs (l’ARS, le Département, la CAF, des communes, la fondation des Hôpitaux de France, la Région…) avec qui elle signe des des conventions à des dates différentes et sur des budgets parfois partiels, ne facilitant pas une analyse globale des finances de la structure.

De plus, selon le rapport, “les participations des membres ne font pas l’objet d’un suivi. La totalité des conventions n’a pas été transmise. La contribution financière du CHU de Montpellier en particulier ne fait l’objet d’aucun conventionnement. La MDA pourrait utilement mettre en place un outil de suivi des participations des membres sous la forme d’un tableau de bord qui serait renseigné régulièrement et communiqué à l’ensemble des membres.”

Bref, pour la Chambre Régionale des Comptes, “ce déficit révèle un pilotage institutionnel et opérationnel mal structuré. La gestion de la structure manque d’outils opérationnels de suivi en matière de finances, d’activité ou encore de ressources humaines. Cette absence de visibilité de l’évolution de son activité comme de ses charges n’a pas permis d’anticiper la dégradation brutale de ses finances. Les mesures prises pour rétablir une saine situation sont insuffisantes.”

Dans les réponses qui accompagnent le rapport, la direction de la MDA justifie le déficit de 2023 par le renforcement du pôle soin de Béziers, des salaires que partiellement couverts par les financeurs et une défaite aux prud’hommes. Pour revenir à l’équilibre, la direction envisageait entre autres une réduction des dépenses, une réduction des interventions en médiation, ainsi qu’un recentrage sur ses missions prioritaires dictées par le cahier des charges national. En assemblée générale, la MDA a également décidé de renforcer ses outils de suivi du budget.

Nos articles sont gratuits car nous pensons que la presse indépendante doit être accessible à toutes et tous. Pourtant, produire une information engagée et de qualité nécessite du temps et de l’argent, surtout quand on refuse d’être aux ordres de Bolloré et de ses amis… Pourvu que ça dure ! Ça tombe bien, ça ne tient qu’à vous :


ARTICLE SUIVANT :

Cette semaine dans l’Hérault : grèves au Conseil Départemental et dans le social, soutien aux kanak