I-boycott s’organise à Montpellier pour promouvoir une « consommation éthique »

Le Poing Publié le 20 octobre 2018 à 16:31 (mis à jour le 25 février 2019 à 21:53)

Jeudi dernier, le bar-restaurant montpelliérain Le Dôme accueillait une réunion de présentation de la branche locale de l’association non lucrative I-boycott. La structure se veut à la fois une plateforme de boycott des entreprises jugées « non éthiques », et un espace de promotion d’une « consom’action ».

« Chaque fois que vous dépensez votre argent, vous votez pour le type de monde que vous voulez »

C’est par cette citation de l’écrivaine Anna Lappé que l’association, créée en 2015, entend résumer l’action qu’elle promeut. Un premier type d’intervention porte sur les campagnes de boycott : tout le monde peut en proposer une via le site internet I-boycott.org, avant qu’elles ne soient soumises à l’approbation et aux suggestions de la communauté pendant une période d’incubation de dix jours. La campagne est lancée si elle rassemble au minimum 1 000 boycottants. Ceux-ci doivent renseigner leur fréquence de consommation des produits des entreprises boycottées, pour évaluer à l’avance l’impact économique de la campagne sur l’entreprise visée. Les bénévoles insistent sur le fait qu’ils sont « dans la bienveillance » et n’ont pas pour but de « couler les entreprises ». Ils s’interrogent aussi sur les conséquences de leurs campagnes : « les producteurs de lait peuvent être étranglés par la grande distribution en cas de baisse des ventes, et donc incités à prendre des modes de production anti-écologiques ».

La seconde fonction de l’association est de promouvoir une consommation « plus éthique », notamment en organisant des formations dans des écoles de management et dans des entreprises, mais aussi en mettant à disposition une application pour Smartphones, Buyornot, qui permet de scanner le code-barres d’un produit afin d’évaluer les impacts sanitaires et sociétaux de sa consommation. Il est également possible d’y trouver des évaluations du caractère « éthique » de certains « commerces alternatifs ».

Plusieurs dizaines de milliers de participants

Les bénévoles de la structure rappelent que le terme boycott est apparu en 1879, suite au refus de la communauté paysanne du comté de Mayo, en Irlande de l’ouest, d’acheter les produits de Charles Cunninghmam Boycott, riche propriétaire terrien maltraitant ses fermiers. L’association revendique quelques dizaines de milliers de participants et plusieurs victoires, comme le renoncement de l’entreprise Petit Navire à continuer la pêche en eaux profondes et l’augmentation des indemnités des salariés de Whirlpool au moment de la délocalisation du site en Pologne. I-boycott fait aussi pression sur H&M pour qu’elle améliore les conditions de travail de ses employés et soutient l’indemnisation des ouvriers victimes de l’effondrement meurtrier du bâtiment Rana Plaza au Bangladesh. Pour le moment, l’association se mobilise surtout pour défendre les animaux et l’environnement, mais ses campagnes pour les droits des salariés montrent qu’elle prend aussi en considération la question sociale.

De nombreuses questions restent en suspens : le consommateur est-il réellement libre de ses choix ? La consommation n’est-elle pas avant tout définie par notre mode de production ? Parler de consom’acteur, n’est-ce pas déjà accepter la théorie libérale selon laquelle nous serions avant tout des individus consommateurs, et non des producteurs capables de s’organiser collectivement ? Peut-on changer les choses en se contentant d’appeler à des actions individuelles ? Les critiques sont nombreuses, et légitimes, mais le récent cas de la campagne marocaine contre la « cherté de la vie » montre que le boycott peut être efficace : suite à un appel lancé anonymement sur les réseaux sociaux à ne plus consommer de produits Danone, la filiale marocaine a perdu 20% de son chiffre d’affaires et a été contrainte de baisser ses prix. S’il parait évident que le capitalisme cherche à récupérer le marché de la « consommation éthique », cela ne discrédite pas pour autant toutes les campagnes de boycott. Pour avoir plus d’informations sur la branche montpelliéraine d’I-boycott, rendez-vous sur leur page facebook.

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