Karnaval des Gueux 2020 : la fête dans la nasse

Le Poing Publié le 27 février 2020 à 14:15

Loin du soleil dominical et de l’ambiance paisible du carnaval jaune du rond point de Près D’arènes, le Karnaval des gueux édition 2020 fut marqué par un dispositif policier impressionnant et inédit, puisque les karnavaliers n’auront eu le temps de faire que 50 mètres depuis le Peyrou avant de se faire nasser devant le jardin des plantes pendant trois heures. Pourtant, ce « Karnaval des bleus » n’a pas entaché la ferveur festive des Karnavaliers qui ont dansé au son des grailles, entourés par la police. 

50 mètres et une nasse

Malgré l’interdiction prononcée par le maire et le préfet, environ 300 personnes se sont réunies vers 19h devant le Parc du Peyrou. Comme le veut la tradition Karnavalesque, un procès fictif d’un policier est organisé devant la cour d’appel, et une banderole représentant Daniel, haut gradé de la BAC de Montpellier, est accrochée aux grilles de l’institution. Mais après seulement quelques minutes de plaidoiries, un camion à eau se rapproche dangereusement du cortège, qui se rabat sur le Boulevard Henri IV. Aussitôt, une nasse se déploie et immobilise les karnavaliers dansants.. Jamais le parcours du Karnaval n’aura été aussi court : Gendarmes mobiles d’un côté, CRS d’un autre. La BAC et la Compagnie départementale d’intervention (CDI) rôdent autour de la nasse. L’impressionnant dispositif policier agace les gueux, qui restent pourtant tranquilles et continuent de danser. Vers 22h, la police commence à opérer un barrage filtrant pour laisser sortir les manifestants après une fouille et un contrôle d’identité.

6 Interpellations, 37 verbalisations et … un feu de poubelle ?

Une chose est sûre, le Karnaval de cette année va rapporter gros au fisc ! 37 personnes se sont vu écoper d’une amende de 135 euros pour participation à une manifestation interdite, et 6 personnes se sont faites interpeller, sans oublier le matériel confisqué (le photographe du Poing s’est vu saisir son casque et son masque de protection), et les violences policières, aussi bien physiques que verbales, -cléf de bras, réflexions transphobes – qui ont eu lieu pendant les fouilles et contrôles. A 23h, la plupart des karnavliers dépités rentraient chez eux pendant que les plus téméraires appelaient à se retrouver plus loin pour continuer la fête.

Détail troublant, plusieurs témoins affirment avoir vu un policier démarrer un feu de poubelle rue de la Corraterie-Saint-Germain, qui jouxte le batîment deux de la faculté de droit. Nous relayons ici une vidéo reçue sur notre page et lançons ici un appel à témoignages pour en savoir plus.


Le Karnaval des Gueux, une tradition populaire en péril

L’an dernier, deux bonnes heures de marches s’étaient écoulées avant que le cortège ne se fasse nasser Place Carnot, mais cette fois ci, celle ci fut immédiate. Combien de temps encore allons nous pouvoir fêter Karnaval ? C’est la question que l’on peut légitimement se poser aujourd’hui après sa totale annihilation mardi soir. D’années en années, la répression s’accentue (comme nous le décrivions dans cet article ), mais pourtant, le rendez vous semble déjà donné pour l’an prochain, avec des pistes stratégiques qui permettraient de contourner le dispositif répressif, car comme nous le disions déjà l’an dernier « jamais répression ne tuera Karnaval, et s’il le faut, nous apprendrons à danser sous les balles ! »

Nos articles sont gratuits car nous pensons que la presse indépendante doit être accessible à toutes et tous. Pourtant, produire une information engagée et de qualité nécessite du temps et de l’argent, surtout quand on refuse d’être aux ordres de Bolloré et de ses amis… Pourvu que ça dure ! Ça tombe bien, ça ne tient qu’à vous :


ARTICLE SUIVANT :

500 personnes en AG à Paul Valéry ce lundi : Vers un 5 mars massif ?