“La jeunesse emmerde encore le front national” : à Montpellier, au moins 1 500 personnes dans la rue

Elian Barascud Publié le 11 juin 2024 à 12:40 (mis à jour le 11 juin 2024 à 13:21)
Au moins 1 500 personnes ont manifesté dans les rues de Montpellier le lundi 10 juin contre la montée de l'extrême-droite, à la suite de la dissolution de l'Assemblée Nationale par Emmauel MAcron. ("Le Poing")

Lancé à l’appel du Quartier Généreux, bar associatif militant, un rassemblement contre la montée de l’extrême-droite a réuni au moins 1 500 personnes à Montpellier le lundi 10 juin, après l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron. Une manifestation sauvage a eu lieu dans la foulée, on compte au moins une interpellation

Sur la place de la Préfecture, ce lundi 10 juin, les habitués des manifestations notent une mobilisation d’un pan de la jeunesse qu’on ne voit habituellement pas dans la rue. Entre inquiétudes et espoirs, les questions et spéculations vont de bon train. “Est-ce que la gauche va réussir à s’unir ? ” “Est-ce que Mélenchon va se faire écarter par Glucksmann ?” “Qui en premier ministre ?” “Et si on tirait au sort les candidats pour chaque circonscription parmi les différents partis de gauche ?”

https://x.com/lepoinginfo/status/1800218706079023490

En tout cas, la colère est palpable, et les intervenants au micro peinent parfois à enchainer d’une traite leurs prises de paroles, coupés par des slogans tels que “et tout le monde déteste Bardella”, ou “la jeunesse emmerde le front national”. Une membre du Quartier Généreux, bar associatif et militant montpelliérain à l’appel du rassemblement, scande : “A ceux qui disent qu’on a pas encore essayé l’extrême-droite au pouvoir, demandez aux Argentins, aux Autrichiens, aux Italiens, comment ça se passe ! L’extrême-droite fait allégeance totale au grand capital et aux intérêts de la bourgeoisie.” Mentionnant le danger que ce courant politique représente en faisant référence aux agressions ayant eu lieu récemment au festival des fanfares, elle continue “L’extrême-droite, c’est la fin de l’IVG, la fin des prestations et de la protection sociale ! Nous devons faire barrage, nous appelons à un réveil populaire et démocratique !” Le Quartier Généreux propose également de mettre en lien les votants entre eux pour prendre des procurations si les gens ne peuvent pas aller voter les 30 juin et 7 juillet prochains.

De son côté, Nathalie Oziol, députée insoumise de Montpellier, rappelle que “le RN est une arnaque sociale. Ils votent avec la macronie contre le gel des loyers et contre la fin de l’impôt sur la fortune immobilière. Hier, aux européennes, Macron a pris une déroute, il est donc obligé de dissoudre l’Assemblée. Mais nous n’avons pas peur de retourner aux urnes ! C’est grâce à la jeunesse et aux quartiers populaires que nous avons fait reculer le Rassemblement National en 2022, et nous allons recommencer !”

Rhany Slimane, militant Insoumis local et militant des quartiers populaires, enchaine : “J’ai grandi dans la cité Saint-Martin. La politique appliquée sur nous, comme la répression des émeutes de 2005 le RN veut l’appliquer partout. Nous, les musulmans, sommes les boucs émissaires de leur politique. D’habitude, mon quartier s’abstient beaucoup lors des élections, mais dimanche, nous avons massivement voté, notamment grâce à la France Insoumise et la lutte pour la Palestine.” Puis, il reprend: “Ce soir, il manque quelqu’un qui se dit de gauche ici. Où est Michaël Delafosse, maire de Montpellier ?” [qui a pourtant appelé à l’union de la gauche, NDLR].

“L’union oui, mais derrière qui ?”

Si d’autres intervenants, comme un militant du parti communiste, ou Julia Mignaca, représentante locale d’EELV, ont appelé à l’union “sur le programme de la Nupes” selon cette dernière, d’autres discours sont plus radicaux, comme celui de Camille, militante au NPA-Révolutionnaires : “On appelle à l’union, oui, mais derrière qui ? Moi ça me fait chier, faut se rappeler qui nous a mené là, on a eu des politiques antisociales venant de la droite comme de la gauche. Il faut pouvoir avancer nos propres revendications et pas lutter contre le fascisme à chaque élections, créons des collectifs, des associations, des syndicats pour nous défendre nous-mêmes !” (A noter que cette union de la gauche ne coule pas de source : si les principaux partis ont annoncé avoir trouvé un accord de principe, Raphaël Glucksmann est toujours dans le refus de s’allier avec les Insoumis.)

Natacha, militante de Révolution Permanente, prend le relais : “La jeunesse emmerde toujours le Front National ! Plus jamais il faudra nous dire que Macron est un barrage à l’extrême-droite, il applique lui aussi une politique raciste et violente : loi immigration, répression des mobilisations des quartiers populaires après la mort de Nahel et répression de la révolte en Kanaky…”

Manifestation spontanée

Après les prises de paroles, un groupe appelle à la manifestation sauvage, qui s’élance en direction de Plan Cabanes, forte d’au moins 1 500 personnes. Sur le trajet, Jordan Homps, professeur de physique-chimie au collège Arthur Rimbaud de Montpellier et délégué départemental SNES-FSU, raconte : “Les syndicats sont actuellement réunis, et à part Force Ouvrière et la CGE, tout le monde discute d’une potentielle grève pour soutenir un mouvement social pour l’union de la gauche.” Une mobilisation syndicale aura d’ailleurs lieu ce samedi en faveur de l’union populaire.

Au niveau de la Comédie, après un passage par la gare, le cortège marque une rapide halte. Une personne se fait interpeller par la BAC pour des tags. Puis, retour à la préfecture, pour une dissolution au Peyrou.
Une personne s’est faite interpeller par la BAC à Montpellier le 10 juin lors de la manifestation contre la montée de l’extrême-droite.

Le député NUPES/LFI Sébastien Rome appelle aussi à un rassemblement mercredi 12 juin à 18h sur l’esplanade de Gignac.

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Montpellier : un rassemblement contre la montée de l'extrême-droite ce lundi soir