La meilleure protection : ne rien déclarer
Comment faire face à la répression du mouvement social ? Comment assurer sa défense collectivement et individuellement en cas d’interpellation, de placement en garde-à-vue et éventuellement de déferrement devant un tribunal ? C’est pour donner des pistes de réponses à ces questions que l’Assemblée de Montpellier contre les violences d’État et pour les libertés organisait samedi dernier une journée d’ateliers sous la dénomination « Polissons contre la répression »
Dès 10 heures, les participant.e.s étaient accueilli.e.s au Barricade pour aborder l’échange autour d’un café, d’un excellent thé à la menthe et de croissants. Une avocate menait la formation sur les procédures judiciaires conduisant à la mise en G A V – souvent 48 heures – conduisant ensuite – sur décision du parquet – à une remise en liberté sans poursuite ou avec une convocation devant un juge, en acceptant dans certains cas la procédure du plaider-coupable, ou bien encore à un déferrement au tribunal pour une comparution immédiate.
Que faire en garde à vue ?
L’occasion de demander des éclaircissements sur les droits à faire valoir au commissariat : faire appeler un proche, un.e avocat.e et éventuellement un employeur, demander à être examiné par un.e médecin… Et sur ce qu’il vaut mieux éviter de dire ou de faire. Il est ressorti des informations reçues et des témoignages apportés par les participant.e.s qu’il importait d’informer les proches et de favoriser une mobilisation collective, utile notamment lorsqu’il faut fournir au tribunal un dossier de représentation (contrat de travail, preuve de logement…) permettant d’être remis.e en liberté sous contrôle judiciaire dans l’attente d’une comparution différée pour éviter le placement en détention préventive.
Utile aussi de se savoir soutenu.e dehors et de trouver la force psychologique de résister aux pressions et aux intimidations tandis qu’on se trouve isolé.e, privé.e de liberté, de communication avec ses proches ou de ses addictions dans une geôle sordide.
Et le conseil prioritaire donné : faire valoir son droit au silence, même si les policiers prétendent pouvoir présenter des preuves irréfutables de culpabilité. « Je n’ai rien à déclarer » reste la meilleure protection, la meilleure défense. Il sera toujours temps de faire des déclarations devant une cour de justice, si on le juge nécessaire et si des accusations sont retenues, ce qui dans le mouvement actuel est loin d’être toujours le cas. Au cours des manifestations contre la réforme des retraites, des interpellations massives ont eu lieu simplement pour intimider et décourager.
Une évolution inquiétante a été soulevée, à savoir l’utilisation croissante des procédures de l’antiterrorisme pour des groupements protestataires contre une politique brutalement régressive aussi bien dans le champ social que face aux impératifs écologiques.
Mises en situation
Après une cantine populaire, tout le monde s’est déplacé l’après-midi à la Tendresse. Un atelier Théâtre forum a produit du débat à partir de mises en situation : la préparation d’une action collective dans le cadre d’une lutte, par exemple. Et un livret-BD a lui-aussi alimenté la discussion sur les pratiques de défense, entre autres : donner son identité ou assumer une GAV sous X., refuser d’être photographié.e, de donner ses empreintes, son ADN ou son code de téléphone, si on a eu l’imprudence de le prendre avec soi… La présence de membres de la Défense collective de Toulouse a permis d’échanger sur les pratiques ou les stratégies menées ici ou là.
La journée s’est clôturée par une grillade réconfortante arrosée à la bière, par une note tropicale sucrée avec du punch et une prestation musicale et poétique en créole.
La conclusion, on la reprend du livret-BD :
« Pas de preuves, pas d’aveux, pas de PV, pas de coupable. Si tu ne parles pas, malgré la pression, les intimidations, les dénigrements… Tu continues ta lutte. »
Rappel : l’Assemblée de Montpellier contre les violences d’Etat et pour les libertés se réunit le mardi à 18h30 au Barricade (fermeture estivale le 1er juillet) 5 rue Bonnie, à Montpellier.
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