La Tenaille, un festival féministe à Montpellier pour se réapproprier les savoirs faire techniques | Entretien

Le Poing Publié le 10 octobre 2022 à 14:44
Image d'illustration mise en avant sur la page Facebook du Festival féministe des savoirs faire techniques de Montpellier

Cette semaine sur Montpellier et alentours se déroulera la 1er édition du festival féministe “La Tenaille” qui propose de se former et s’initier à des domaines techniques très variés allant de la mécanique auto et vélo jusqu’à l’informatique en passant par la charpente, l’électricité, les techniques de terre paille, d’enduits à la chaux, la conduite de tracteurs, la menuiserie, la biologie, la sérigraphie et bien d’autres , le tout pendant des ateliers réservés aux femmes et diversités de genre. C’est l’occasion de découvrir ces savoirs faire techniques qui sont traditionnellement masculins. Le Poing a pu discuter avec Sarah, une des organisatrices du festival et membre de l’association Les Déculassées. [NDLR : association féministe de Grabels qui propose des initiations à la mécanique auto]

Le Poing : Qui organise ce festival féministe des savoirs-faire techniques ?

Sarah : L’idée du festival a été lancée à l’initiative des “Déculassées”, une asso féministe de mécanique auto. puis une équipe du BIB et les mécanas du Vieux biclou, une asso des Beaux-Arts qui propose des ateliers pour réparer soi-même son vélo à l’aide des conseils des bénévoles, dont certains en mixité choisie (NDLR : ouvert à la fois aux femmes et aux personnes LGBTQIA+).

LP : Comment est venue cette idée ?

Sarah : C’est suite à la soirée de lancement de l’asso des Déculassées en mars qu’on a eu envie de proposer quelque chose à plus grande échelle en proposant une série d’ateliers dans d’autres domaines que la mécanique.

LP : Que va-t-il s’y passer ? 

Sarah : Les ateliers sont sur inscription et se tiennent en journée tout au long de la semaine (du 10 au 15) en mixité choisie et le soir des projections/discussions sont ouvertes à tous-tes en mixité et sans inscription. Pour celles qui n’auront pas pu s’inscrire aux ateliers, un espace d’échange, de partage et de découverte de ce qui s’est fait pendant la semaine se tiendra samedi après-midi à partir de 16h à la Ferme Urbaine Collective de la Condamine, au 1372 B rue des Marels à Montpellier, en mixité choisie.

 LP : Pourquoi les ateliers sont-ils en mixité choisie ?

Sarah : Pour se sentir plus à l’aise, en confiance et éviter du sexisme intériorisé, c’est-à-dire par exemple éviter que certain.e.s participant.e.s soient ramené.e.s à des croyances limitantes auxquelles ont peut être confrontés en présence d’un groupe de personnes données. 

LP : Y-a-t-il un objectif, des attentes particulières liées à ce festival ?

Sarah : L’ objectif du festival est de rendre accessible des savoirs techniques plutôt à des femmes et personnes qui ont un vécu social de femmes dans des domaines plus traditionnellement masculin. On souhaite que ce festival touche des personnes qui n’ont jamais participé à des ateliers en mixité choisie, que ce soit un biais d’expérimentation pour une partie du public.. Le festival est militant dans son intention mais on ne voulait pas qu’il soit réservé qu’aux personnes déjà militantes. C’est pour ça qu’on a ouvert des soirées le mardi, mercredi, jeudi et samedi soir en mixité pour qu’on puisse aussi avoir des espaces de discussion et d’échanges avec des personnes qui pourraient avoir des points de vue un peu différents sur la question. L’ouverture est un enjeu. on va essayer de retravailler dessus pour une prochaine édition pour aussi impliquer dans l’organisation des personnes discriminées issues d’autres pans de la population minorisés. On souhaite offrir des clés d’apprentissage et de réflexions autour des différents savoirs et métiers pour des public éloignés pour causes de discriminations de genre et permettre une solidarité et un réseau local d’action, de réflexions, d’initiatives féministes et de professionnel.le.s. 

LP : Vous auriez envie de reproduire l’événement ailleurs, pour une prochaine édition ?

Sarah : La façon dont ça a circulé dans les réseaux  laisse un peu suggérer que ça peut peut-être être fait ailleurs. on l’espère. En tout cas au vu du succès que ça a je pense qu’il y aura une prochaine édition.

LP : Les retours sont enthousiastes alors ? 

Sarah : La façon dont ça a circulé sur les réseaux ou le bouche à oreille et le nombre d’inscriptions démontrent un certain succès oui. Quand on a ouvert les inscriptions 48h après on avait plus de 160 personnes inscrites, c’est pour cela qu’on a dû limiter à un atelier par personne pour permettre au plus grand nombre de pouvoir participer. On a plus de 200 participants sur la semaine !

LP : Pourquoi avoir choisi pour nom “La Tenaille ? 

Sarah : C’est un outil commun à pleins de métiers techniques. Et une tenaille quand on l’a en main ça rajoute une force considérable, puis ça lâche rien !

Retrouvez le programme du festival dans l’agenda du Poing ou par ici !

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