Le 10 novembre au tribunal de Montpellier : un procès à se décrocher le Macron

Le Poing Publié le 16 octobre 2020 à 18:29
Rassemblement de soutien à Lewis, le 17 juillet 2019 à Clapiers (photo empruntée à la page facebook ANV COP 21 Montpellier)

Lewis, gilet jaune et activiste du climat est convoqué en justice pour un décrochage de portrait du Président. Un procès comme une tribune à prendre très au sérieux.

Les portraits présidentiels accrochés dans les mairies ont une valeur marchande de 18,90 euros. Pour la valeur symbolique, c’est tout autre chose. Depuis plus d’un an, le gouvernement, et sa dévouée institution judiciaire, se ridiculisent avec une magnifique constance, en accumulant des centaines d’heures de garde à vue, des dizaines de perquisitions, et autant d’instructions à l’encontre de citoyens qui s’obstinent, eux, à procéder à des réquisitions de ces malheureux cadres.

Ces citoyens sont des activistes du climat. Leur geste de s’emparer de l’image du pouvoir, et de la montrer retournée tête en bas, signifie le vide de la politique environnementale engagée par le gouvernement, au regard des engagements pris lors du fameux accord de Paris contre le réchauffement climatique, lors de la COP 21. Il n’y a qu’à voir comment en 2020, deux mois et cinq jours à partir du 1er janvier, auront suffi à ce que la France produise la totalité des gaz à effet de serre qu’elle s’est engagée à ne produire qu’en douze mois complets, en signant cet accord.

De manière annexe, on peut relever les reculades sur l’interdiction des néonicotinoïdes ou le démantèlement des préconisations de la consultation citoyenne sur le climat. Les actions de décrochage (cent quarante neuf menées à bien dans le pays à ce jour) sont une forme d’action directe non violente. Elles s’effectuent en groupe, à visage découvert. Les prises de vue en sont diffusées sur les réseaux sociaux. Or dans son acharnement répressif anti-écologiste, la justice au service du pouvoir incrimine des vols en réunion.

Sans doute pour avoir été celui tenant dans ses mains le portrait lors d’un décrochage à Assas, le jeune Montpelliérain Lewis a été spécifiquement désigné, et seul arrêté à l’aube à son domicile, selon les méthodes policières cinématographiques dignes de l’anti-terrorisme, son logement perquisitionné, ses outils de communication téléphoniques et informatiques saisis (et non rendus depuis plus d’un an et demi) même sans lien aucun avec cette affaire (mais sans doute une mine de renseignements policiers sur son entourage militant).

Il n’est cependant pas dit que l’État fanfaronne aussi fortement devant l’échéance d’une audience judiciaire. La proposition a été faite au militant de ne pas continuer dans la voie du jugement, et plutôt transiger par une amende. Il faut dire qu’à Lyon, un procès analogue s’est conclu par une bombe juridique, en concluant que les militants pouvaient, à bon droit, se prévaloir d’un état de nécessité (c’est à dire que le tribunal a estimé que la situation a un tel caractère d’urgence et de gravité, qu’il faut estimer valide le mode d’action incriminé).

En tout état de cause, entouré par des représentants d’Action Non Violente COP 21 et de Sortir du nucléaire, Lewis a dit récemment en conférence de presse sa grande impatience que le procès de tienne. Il a précisé : « Je suis également gilet jaune. Et notre action a été un moment fort de dépassement des faux clivages entre la colère populaire et le combat pour le climat ». Les militants appprécient cette spécificité montpelliéraine qu’un vaste mouvement ait pu se constituer, impliquant plus de trente entités diverses, pour lier sur le terrain l’engagement écologiste et l’engagement anticapitaliste.

Le procès est annoncé pour le 10 novembre à 10h30 au Tribunal d’instance, avec rassemblement dès 10 heures. Les soutiens de Lewis ont également annoncé qu’il sera alors « hors de question de laisser un copain rentrer seul au tribunal », et tout autant « que la justice rendue au nom du peuple, avec obligation de publicité des débats, s’enferme dans un huis clos d’exception ». A cet égard le contexte du COVID aurait trop bon dos, alors que des mobilisations ont déjà eu lieu récemment, révélant que plusieurs audiences anti Gilets jaunes, repoussées à la faveur du confinement, se déroulent, de façon scandaleuse, derrière des grilles fermées. Mais de quoi l’Institution judiciaire a-t-elle donc peur à ce point ?

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“Que crève le capitalisme !” Certes, mais pour être un peu plus précis ?