Le Karnaval des Gueux triomphe de la tristesse delafossienne

Pendant que Le Poing vous concoctait son prochain numéro, l’éternel Karnaval des Gueux triomphait à Montpellier. Ce carnaval parfaitement inorganisé a déambulé pendant des heures dans les rues du Clapas, mardi dernier.
Face à la dystopie militarisée que le pouvoir instille, danser dans la rue en dehors de tout cadre légal et marchand devient un acte subversif et très politique. Coupes dans le budget de la culture de l’Hérault, confinement imposé du carnaval antillais de Montpellier dans un hangar, interdiction préfectorale permanente contre les free-party… : le préfet et Michaël Delafosse, le maire PS de Montpellier, érigent la tristesse et le flicage comme un projet de société.
Les policiers se sont tenus sages lors de cette édition 2025 du carnaval, qui a ameuté plusieurs centaines de personnes. Quelques tags sont apparus, ainsi que des feux de joie, mais l’ambiance est restée essentiellement festive. Aucune interpellation n’est à déplorer. L’événement le plus tendu aura été les débats byzantins des batucadas pour savoir quelle direction prendre !
Le Karnaval des Gueux explose certaines années en émeute (feux d’artifice tirés sur des policiers, vitrines de banques éclatées, tags incessants… – c’est illégal), à l’initiative des carnavaliers ou sous la pression de la police. Les forces de l’ordre ont gazé, nassé, blessé, emprisonné les carnavaliers, jusqu’à sortir le canon à eau en 2018, provoquant des éditions plus calmes les années d’après. C’est cyclique : quand la fête est bon enfant, elle attire beaucoup de monde, qui se sentent alors pousser des ailes jusqu’à retourner le centre-ville, provoquant une répression qui finit par rétrécir le Karnaval, qui réapparait alors sous une forme bon enfant, etc.
Vivement l’année prochaine !
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