Le Préfet de l’Hérault interdit une manifestation « contre les ventes d’armes à Israël »

Le Poing Publié le 12 octobre 2024 à 12:19
Manifestation pour dénoncer l’extension de la guerre menée en Palestine au Liban et la politique coloniale de l’État d’Israël, le 21 septembre à Montpellier

Les organisations de soutien au peuple palestinien prévoyaient de marcher dans les rues de Montpellier, ce samedi 12 octobre, « pour un cessez-le-feu immédiat, contre les ventes d’armes à Israël et contre la criminalisation et la répression du mouvement de solidarité à la Palestine ». Mais le Préfet de l’Hérault a interdit la manifestation, alors même que le Président de la République lui-même a appelé à « cesser les exportations d’armes utilisées dans la bande de Gaza et au Liban ». Les propalestiniens ont déposé un recours en urgence au tribunal administratif de Montpellier.

On ne compte plus les arrêtés préfectoraux d’interdiction de manifester infligés aux propalestiniens à Montpellier, et les arguments du Préfet de l’Hérault, François-Xavier Lauch, sont toujours les mêmes : l’antisémitisme explose et manifester pour la Palestine n’arrangerait pas les choses, les forces de sécurité seraient fatigués après les Jeux Olympiques, la sécurité publique serait troublée et l’activisme de l’association Boycott-Désinvestissements-Sanctions (BDS) serait à la frontière de la légalité.

Le Préfet va jusqu’à évoquer l’incendie antisémite, fin août, d’une synagogue à la Grande-Motte, en précisant que l’assaillant avait un keffieh sur la tête, et on serait donc prié de croire que, d’une manière ou d’une autre, les manifestants propalestiniens portant un keffieh seraient donc des terroristes en puissance… Le Préfet cite aussi des huées, en manifestation, contre une représentante locale du Conseil représentatif des institutions juives de France datant d’il y a près d’un an !

Le représentant de l’État en veut aux figures locales du mouvement de solidarité avec la Palestine de ne pas s’être conformé à ses recommandations formulées en préfecture lors d’une réunion le 5 septembre, leur enjoignant de ne pas manifester sur la place de la Comédie et de rester statique. L’interdiction de manifester impose les mêmes restrictions. En somme, il est autorisé de protester, mais en restant dans un coin, sans trop faire de bruit.

Notons une certaine contradiction dans le fait qu’un représentant de l’État s’oppose à une revendication, sur les ventes d’armes, s’apparentant à la position officielle du chef de l’État… On peut aussi s’interroger sur un potentiel conflit d’intérêts, puisque le Préfet de l’Hérault François-Xavier Lauch a porté plainte en personne contre des figures locales du mouvement de solidarité avec la Palestine pour « diffamation ».

L’association de la Libre Pensée de l’Hérault, très active, aux côtés de BDS, dans le combat pour le peuple palestinien, a déposé un recours en référé au tribunal administratif de Montpellier. Pour La Libre Pensée, « la succession d’interdictions motivées de façon stéréotypée montre que le Préfet ne poursuit pas le but de préservation de l’ordre public. Quel que soit le contexte propre à chaque initiative, il invoque toujours les mêmes arguments, sans jamais d’ailleurs apporter la moindre preuve de leur fondement. »

La manifestation n’aura pas lieu (la météo n’était de toute façon pas de la partie) et une conférence de presse est prévue ce samedi à 15 heures au Dôme, à Montpellier.

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