Les abords du chantier du LIEN accueillent une rencontre nationale des luttes contre les projets routiers

Le Poing Publié le 25 mai 2022 à 21:58
Travaux de déboisement sur le chantier du L.I.E.N. (Image d'illustration Le Poing)

Au pied du chantier de la Liaison intercantonale d’évitement nord (LIEN), tout prés de Montpellier, une dizaine de collectifs de Grenoble, Toulouse, Orléans, Nîmes, Le Pertuis (Haute-Loire) ou encore Céret (Pyrénées-Orientales) étaient présents les 21 et 22 mai pour mutualiser l’expérience des luttes contre les projets de déviations, échangeurs et autres élargissements autoroutiers.

Il y a tout juste dix jours le média indépendant montpelliérain La Mule révélait les magouilles du Département de l’Hérault visant à fausser une consultation publique sur le projet routier du LIEN, tout près de Montpellier. Depuis le Département redouble de communication pour faire accepter son projet.

Ce qui n’aura pas empêché une rencontre au pied du chantier les 21 et 22 mai dernier. Une dizaine de collectifs de Grenoble, Toulouse, Orléans, Nîmes, Le Pertuis (Haute-Loire) ou encore Céret (Pyrénées-Orientales) étaient présents pour mutualiser l’expérience des luttes contre les projets de déviations, échangeurs et autres élargissements autoroutiers. Une seconde rencontre similaire était organisée en simultané à Rouen.

Plusieurs points communs à tous ces projets routiers. À l’heure où écologistes et scientifiques alertent sur l’excès de bétonnisation des terres et ses conséquences dramatiques sur l’environnement, les différents projets sont tous vendus comme à même de désengorger certaines portions du réseau routier impactés par les bouchons. Pourtant de nombreuses études
montrent au contraire que l’ouverture de nouvelles voies a plutôt tendance à créer des bouchons, en incitant plus de personnes à prendre plus souvent la voiture, quand le réseau de transports en communs publics ne cesse de se dégrader. C’est ce qu’on appelle le trafic induit. Urbaniste et économiste, Frédéric Héran est venu apporter ses éléments d’analyse sur le sujet à la rencontre.

Second point commun à de nombreux projets routiers : ils servent régulièrement de “cheval de Troie” à l’installation de multinationales destructrices d’emplois et écocides, comme l’entrepôt logistique Amazon qui devait voir le jour le long du projet de Liaison est-ouest (LEO) d’Avignon.

D’où la nécessité mise en avant par les militants de sruter attentivement les Plans locaux d’urbanisme (PLU) et les Schémas de cohérence territoriale (Scot) qui permettent de prévoir les futurs aménagements liés à la route, en vérifiant les statuts des terrains qui pourraient accueillir les projets des dîtes multinationales.

Des échanges ont eu lieu sur les différents recours juridiques, avec pour objectif de générer des jurisprudences sur les PLU, les Scot, la stratégie nationale bas carbone ou encore l’objectif zéro artificialisation nette des sols.

On en est loin de ce dernier objectif, quand on constate que les 55 projets routiers contestés en France représenteraient selon Reporterre 4488 hectares bétonnés, soit quasiment la superficie d’une ville comme Lyon, pour un budget total de 18 milliards d’euros.

Selon l’analyse d’Anna, une militante du collectif SOS Oulala en lutte contre le LIEN interrogée par Reporterre, un itinéraire plus large pour faciliter le fret européen par camion se dessine quand on met différents projets bout à bout, entre Nîmes, Arles, Avignon et Montpellier. Selon elle, derrière « de nouvelles liaisons autoroutières déguisées en périphériques » se dessine une facilitation de l’accès à un itinéraire reliant l’arc méditerranéen au nord de la France et de l’Europe, à peu de frais pour les poids lourds transportant des marchandises. D’où sa conclusion : « Si on en bloque un morceau, on bloque toute une réaction en chaîne. »

Vers une future coalition de ces luttes ? Quoiqu’il en soit, une tribune commune aux dizaines de collectifs rassemblés à Rouen et Montpellier va être rédigée dans les jours à venir.

Pour plus de détails sur la rencontre des 21 et 22 mai, lire ce papier de Reporterre.

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