Les opposants au L.I.E.N. ramènent ses merdes au département de l’Hérault

Le Poing Publié le 15 février 2021 à 19:14 (mis à jour le 16 février 2021 à 08:26)

Des arbres arrachés ont été jetés devant le siège du conseil départemental de l’Hérault. Un coup de semonce, alors que le renouvellement de cette instance fera tomber les masques des écolos-tartuffe.

C’est propre. C’est chic. Au Mas d’Alco à Montpellier, les portes vitrées de l’Hôtel du Département sont teintées d’un paysage bucolique et forestier. Ce lundi 15 février, les conseillers départementaux passaient là pour rejoindre la réunion de cette instance. « Alors on est venu ici, devant ce bâtiment où ils s’enferment, et où personne ne vient les voir, puisque tout le monde sait qu’ils n’écoutent pas » clamait une activiste engagée dans la lutte contre la construction du L.I.E.N., ce tronçon autoroutier entre l’A9 et l’A750. Juste auparavant, ses camarades, au nombre d’une vingtaine avaient entassé des arbres massacrés par le déboisement effectués in situ voici un an pour préparer le chantier. « Nous ramenons ces tas d’ordures à Kléber Mesquida – président PS du conseil départemental de l’Hérault – qui les a produites ».

Précision à la clé : « Nous venons remettre aux élus un courrier qui exprime notre point de vue. Nous le leur avons déjà envoyé. Mais très peu nous ont répondu. Or il faut qu’ils se prononcent clairement ». A bon entendeur, salut : « les prochaines élections départementales seront l’occasion de faire tomber les masques. On verra qui sont les écologistes véritables et les écolo-tartuffe ». Depuis son renouvellement au printemps dernier, une autre instance permet de se faire une idée. C’est le conseil municipal de Montpellier (et son conseil de métropole, qui en est le prolongement).

Le spectacle qu’y donnent les élus EELV, alliés du maire PS Michaël Delafosse, y est mi-comique, mi-tragique, quant à l’art d’avaler les couleuvres et de louvoyer en anguilles. Coralie Mantion, tête de liste d’EELV à ces municipales, en aurait-elle tiré quelques leçons ? Ne fût-ce que pour sauver sa base militante interne ? Aujourd’hui vice-présidente de la Métropole chargée de l’aménagement durable du territoire, Coralie Mantion signait récemment un tweet percutant, assurant qu’il n’y aura pas de « choc des mobilités » efficace, « si ces projets d’infrastructure sont réalisés : le contournement ouest de Montpellier, le L.I.E.N., la déviation est de Montpellier. Nous ne pouvons faire du “en même temps” ». Chiche !


C’est sûr, il n’y aura pas de reconduction du PS à la tête du Département de l’Hérault qui n’en passe par une alliance avec les Verts. Ceux-ci sont-ils écolos ? Pour l’heure, les promesses de Coralie Mantion n’engagent que ceul.les qui la croient. Le PS, lui, est virulemment anti-écologique. Il pratique ardemment le green-washing, annonce planter 28 000 arbres en bordures de routes, invite les citoyens benêts à parrainer ces petites choses touchantes, avec des troncs et des feuilles. Mais pour le L.I.E.N., il envoie la gendarmerie sur-armée vider et raser en deux heures la Maison de l’Écologie et des Résistances, implantée sur la zone des travaux. Il rase 40 000 arbres sur 28 hectares. Il menace 115 espèces protégées. Il saccage une centaine d’hectares de terres agricoles.

Question de fond : au nord-ouest de Montpellier, entre Saint-Gély-du-Fesc et Bel-Air, en passant par Grabels et Combaillaux, le L.I.E.N. est une voie rapide de plus, avec alentours soixante-dix hectares de zones commerciales nouvelles, l’ouverture à l’exploitation d’une gigantesque carrière Lafarge prenant la suite de celle de Vic-la-Gardiole à sa fermeture, un étalement des villages-dortoirs. C’est donc ce monde qu’incarne le L.I.E.N., qui est aujourd’hui contesté par ses opposants. Pas seulement son impact paysager désastreux.

Ces opposants s’adressent aux élus actuels : « Vous êtes à rebours de la marche du monde. Plus personne ne veut du modèle de la métropole à croissance destructrice infinie. Nous en avons fini avec le modèle du tout voiture, avec le fret par camions, avec les zones commerciales et l’artificialisation des sols. Nous voulons un monde vivable, et nous le voulons maintenant ». Et encore : « Vous faites le choix d’un projet routier écocide, climaticide, imposé et inutile. Plutôt que d’inventer de nouveaux possibles, vous les noyez sous une chape de béton. Alors que la Métropole de Rouen vient d’abandonner son projet de contournement autoroutier, que l’extension de l’aéroport de Roissy est jugée “obsolète”, vous vous obstinez dans cette impasse. Vous êtes les promoteurs, et vous serez les responsables, de cet avenir de pollution et de mort ».

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