Marche contre les violences sexistes à Montpellier “On n’est pas seules, on a du pouvoir”

Le Poing Publié le 21 novembre 2021 à 22:12 (mis à jour le 21 novembre 2021 à 22:27)
©Mathieu Le Coz

Si nationalement la grande marche #NousToutes avait lieu le samedi 20 novembre, localement c’est ce dimanche que le rendez-vous était donné pour ne pas invisibiliser la journée du Souvenir Trans (en mémoire des victimes de transphobie en raison de leur identité de genre). Plus d’un millier de personnes ont donc battu le pavé à l’appel de Nous Toutes 34 et de plusieurs autres collectifs parmi lesquels Le Planning Familial, les Sudakas, All Inclusive, au départ de la place de la Comédie.

Tout au long de la manifestation, nous avons posé cette question : “Pourquoi êtes-vous là aujourd’hui ?”

Annie et Chloé, mère et fille, “Nos combats sont les mêmes”

“Je suis venue pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles. Je suis contente que ma mère soit avec moi, ça concerne toutes les générations. Les choses ont moyennement changé comme par exemple sur le harcèlement de rue. On est désabusées que rien ne se fasse, c’est la même rengaine de la part du gouvernement qui mène une politique vide d’action.”

“Je suis là pour accompagner ma fille. Ses combats sont les mêmes que les miens. On espérait mieux pour nos filles. Rien ne bouge et c’est encore et toujours les femmes qui en subissent les conséquences.”

Chaïma, “C’est ma première manif féministe”

“Moi je fais des vidéos sur Tik Tok et c’est ma première manif féministe, je suis venue avec des copines parce que la question des féminicides, ça me touche. Ca passe inaperçu. S’offusquer pour “iel” alors qu’il y a ces questions c’est n’importe quoi. J’espère que ça va changer vite.”

Clarisse et Lionel, “Je suis en admiration de cette nouvelle génération”

“On voit cette nouvelle génération de femmes qui s’insurgent pour des droits qui devraient être fondamentaux. Je suis en admiration devant cette génération et si je l’avais croisée de mon temps, je me serais rendue compte plus tôt que certaines choses que j’ai vécues étaient des violences.” Lionel, lui, est venu pour soutenir sa femme.

Yael, Zoé et Lou, mère et filles, “Parce qu’on est féministes !”

“C’est une cause qui nous est chère, j’ai à cœur de transmettre à mes filles cette valeur de l’engagement, qu’on peut aimer qui on veut, marcher en sécurité dans la rue.” Yael

“Ce n’était pas possible d’aller à Paris hier alors de Nîmes, on est venues ici. C’est notre première manifestation où on est réunies toutes les trois. On est là parce que notre mère nous a transmise ces valeurs, parce qu’on est féministes ! “

Charline et Amina, “On a écrit ces 106 noms pour choquer”

“On est là pour dénoncer tous les féminicides conjugaux et ex-conjugaux. On compte aussi les personnes trans et les travailleur-euses du sexe. On a écrit ces 106 noms pour choquer. On est présentes pour revendiquer les droits des femmes, on reste mobilisées. Aujourd’hui on est nombreuses, nombreux. Ce n’est pas normal que Darmanin soit au pouvoir.”

Lou, “Pour que la honte change de camp”

“Je suis là pour manifester et soutenir les victimes, pour que la honte change de camp. Je suis aussi là dans un esprit de sororité. C’est important qu’on occupe et qu’on reprenne la rue. Je n’avais jamais eu l’occasion de venir manifester jusque là. C’est très émouvant. C’est fort. “

Pauline, “On a du pouvoir”

“Bon, comme vous pouvez le voir moi je suis là pour Amnesty et pour faire signer la pétition pour une journaliste palestinienne. Mais je suis aussi là en tant que citoyenne pour participer à la visibilité à ce mouvement, parce que, comme l’écologie, ça devrait être la priorité absolue. Ils ont voulu supprimer le 3919, il y a eu le scandale de #DoublePeine, on n’en peut plus, on étouffe. Il faudrait shooter dans la fourmilière. Mais on n’est pas seules, et on a du pouvoir, toutes ensemble. Les zapatistes l’ont fait au Chiapas, on peut le faire !”

Anthonia et sa fille, “Il y a 3 ans je ne comprenais pas le mot féministe”

“J’avais envie d’être là, dans le mouvement. J’ai subi des choses, des violences, également en tant que femme noire et je veux que ma fille puisse grandir dans un monde différent. Il y a 3 ans je ne comprenais pas le mot féministe, je me disais que c’était pas génial d’être féministe. Aujourd’hui ce que je lis sur les violences sexistes et sexuelles me rend triste mais là je me rends compte qu’on n’est pas seules et que ma fille ne sera pas seule, qu’elle pourra grandir avec un entourage qui l’écoutera, des personnes qui la protègeront. “

Une famille sur un banc, “On est là pour défendre les droits des enfants et les femmes victimes”

“On veut essayer de faire avancer les choses. Pour défendre les droits des enfants et des femmes victimes. Dire “je te crois”, malheureusement, ça ne suffit pas. C’est déplorable qu’il faille vraiment avoir subi des choses très graves pour être entendus. Les mamans ne sont pas protégées et porter plainte ne suffit pas. Les enfants, victimes collatérales des violences conjugales, ne sont jamais crus, il n’y a pas de structures pour les écouter et parfois même ils sont retirés à la maman pour être confiés par un juge à l’agresseur.”

Monique et Marie, “Il y en a marre !”

“On est là parce que il y en a marre ! Parce que il y a d’autres luttes à mener que de s’occuper des gens qui vivent différemment de nous ! Tant qu’elle est consentie par les concerné-es, on ne voit pas en quoi une sexualité différente gène. Il y des violences envers les migrants, envers les personnes racisées, envers les femmes. Ce sont là les luttes à mener. On a toutes, au cours de nos vies, été harcelées pare exemple. On veut que s’arrête l’impunité. On est aussi mères, grand-mères et on veut autre chose pour nos enfants, nos petit-es-enfants.”

La manifestation s’est terminée devant le commissariat où le nom des 102 femmes et trans victimes de féminicides en 2020, ont été énumérés, un à un, tandis que la personne portant la pierre tombale s’écroulait au sol. Rendez-vous est donné jeudi prochain, le 25, journée de la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, à 19h00 au Peyrou à Montpellier, pour une marche nocturne en mixité choisie.

Crédits photos pour l’ensemble de ce reportage : Mathieu Le Coz

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