Médias : ViaOccitanie, c’est fini

La télé régionale du groupe La Dépêche du Midi, possédée par Jean-Michel Baylet, va cesser d’émettre en juillet 2025, en raison de difficultés financières, liées, selon le groupe, à une “contraction des soutiens publics”. Treize journalistes se retrouveraient au chômage
Comme quoi, être biberonné par les deniers publics quand on est un média ne préserve pas de la faillite, surtout quand ceux-ci tendent à se t’amenuiser. La chaîne de télévision régionale du groupe la Dépêche du Midi va cesser d’émettre en juillet 2025, laissant 13 journalistes sur le carreau. Les salariés l’ont appris par mail, et la décision a été rendue publique le le 13 juin dernier.
La chaîne, possédée par Jean-Michel Baylet, homme politique influent proche de l’aile droite du PS et patron du groupe La Dépêche du Midi (qui détient aussi Midi Libre) justifie son choix par une “contraction des soutiens publics”, malgré quelque 200 000 € injectés en 2023, lors d’un contrat signé avec la Région Occitanie pour des coproductions de documentaires et des commandes régulières de la Ville et de la Métropole de Montpellier.
Baylet dégraisse le cassoulet
Dans les colonnes de Metropolitain, Jean Brun, journaliste à Via Occitanie, fait part de ses interrogations quant à cette décision : « La baisse -stratégiquement orientée ?- de la contribution de la Région Occitanie / Pyrénées-Méditerranée ne saurait suffire à justifier la décision du groupe La Dépêche du Midi. Tous les médias de proximité font face à une contraction des soutiens publics — chacun opère alors ses choix. En décidant de fermer les chaînes viàOccitanie , le groupe La Dépêche du Midi a clairement arbitré contre un outil pourtant essentiel à l’information locale, à la cohésion territoriale et à la vie démocratique. Quand on occupe, comme La Dépêche, une place d’acteur politique structurant dans son territoire, on porte une responsabilité particulière. »
Ce n’est pas la première fois que Jean-Michel Baylet (qui faisait partie des 500 plus grosses fortunes professionnelles de France en 2007 selon le magazine Challenges, avec 61 millions d’euros) et son clan optent pour le dégraissage de Mammouth, selon l’expression consacrée par Claude Allègre, ancien ministre de l’éducation nationale : en 2022, son fils, Jean-Benoît Baylet, annonçait un plan baptisé “Renaissance” pour Midi Libre. En clair, une compression des effectifs dans les services rédactionnels. Soit la suppression de quarante-cinq postes (dont dix n’étant pas des journalistes). Autrement dit, un dégraissage d’un cinquième de ces effectifs. Et en février dernier, c’était au tour des correspondants du quotidien (les petites mains non-journalistes professionnels qui couvrent la vie de leur village) de voir leur rémunération baisser de 33% pour certains articles.
Difficile de croire donc, que la famille Baylet soit profondément attachée à “l’information locale, à la cohésion territoriale et à la vie démocratique.” (Pour rappel, la famille Baylet, qui possédait déjà la Dépêche à cette époque, avait collaboré avec les nazis pendant la seconde guerre mondiale). Un patron de presse reste un patron, dont le but est avant tout d’assurer du profit. Au détriment de ses salariés, et de la qualité de l’information.
Au Poing, on ne cesse de le rappeler, mais les seuls qui peuvent assurer une pérennité financière saine à la presse sont ceux qui la lisent et l’apprécient. Alors, pour une vraie presse indépendante de proximité, abonnez-vous ou faites des dons !
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