Montpellier. 200 gilets jaunes participent à la cinquième assemblée générale du mouvement

Le Poing Publié le 14 janvier 2019 à 06:00 (mis à jour le 25 février 2019 à 17:00)

Après l’action, l’organisation. Plus de 200 personnes ont participé hier dans le froid à la cinquième assemblée générale (AG) des gilets jaunes, place des Grands-hommes, dans le centre commercial d’Odysseum. Pour quelques heures, ce temple de la consommation s’est transformé en un laboratoire d’expérimentation démocratique et révolutionnaire.

Gilets jaunes et chasubles rouges, même combat ?

Le modèle d’organisation de l’AG est calqué sur celui du mouvement contre la loi travail « Nuit Debout » de 2016 : respect du tour de parole, intervention limitée à trois minutes, vote à main levée des propositions et animation de l’AG assumée par des personnes différentes chaque semaine. Après un retour des commissions street-médic, communication et action, les gens ont pu librement prendre la parole pour dire ce qu’ils avaient sur le cœur et faire des propositions. Les discussions sont foisonnantes. « Ce qui me plaît dans ce mouvement, c’est la vitesse à laquelle il se transforme » note un intervenant. Le rapport aux syndicats a notamment beaucoup évolué : écartés au début du mouvement pour éviter toute récupération, ils sont maintenant interpellés par les gilets jaunes pour venir le renforcer. La sono de l’AG est prêtée par le syndicat Sud Solidaires, qui se dit prêt à mettre à disposition son matériel d’impression, et l’intervention d’un syndicaliste de la CGT contre les réformes Macron a été très applaudie.

« Les vrais casseurs, c’est la police ! »

L’AG n’a pas échappé au traditionnel débat sur « les casseurs », marronnier éternel des mouvements sociaux. « Les vrais casseurs, c’est le gouvernement et sa police ! » tranche un gilet jaune, tandis qu’un jeune affirme qu’« on a raison de se défendre quand la police nous attaque ! » De son côté, un cheveu blanc se dit « profondément convaincu que la non-violence est la solution ». Consensuelle, l’animatrice de l’AG – qui a elle aussi attendu son tour de parole – propose « de ne pas diviser artificiellement les ‘‘téméraires’’ et ceux qui sont derrière, on est tous ensemble ! » Des gilets jaunes à l’affût repèrent des policiers des renseignements territoriaux en train d’espionner l’AG : un « bouh » général suffira à les faire partir.

Départ de la Paillade pour l’acte X

Plusieurs personnes ont insisté sur la nécessité de mobiliser les habitants des quartiers populaires pour renforcer la lutte, et il a été décidé de se donner rendez-vous le samedi 19 janvier à 13h à la Paillade pour le départ de l’acte X.

Il a aussi été prévu qu’une avocate en lien avec l’assemblée de Montpellier contre les violences d’État et pour les libertés prenne la parole lors de la prochaine AG pour rappeler les bons comportements à adopter en garde à vue et en comparution immédiate pour minimiser les chances de finir en prison. Un rendez-vous a été donné ce lundi 14 janvier à 14h devant le tribunal de grande instance de Montpellier (place Pierre Flotte) pour soutenir les inculpés, et ce jeudi 17 janvier à 14h devant le commissariat central de Montpellier (206 rue du Comté de Melgueil, arrêt de tram Voltaire, ligne 3) pour soutenir une personne convoquée par la police. Prochaine AG : dimanche 20 janvier à 14h place des Grands-hommes.

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