Montpellier : Action Justice Climat peint une banque, le préfet accuse BDS
Vendredi dernier, 22 novembre, une dizaine d’activistes de Action Justice Climat ont dénoncé les soutiens de la banque BNP Paribas en recouvrant la façade de l’agence de Boutonnet de faux sang avec pour message : BNP complice de génocide et d’écocide, génocide à crédit. Le préfet de l’Hérault a accusé le collectif BDS d’être à l’origine de l’action
L’action, revendiquée dès la fin de matinée du vendredi 22 novembre à travers une publication sur Instagram par Action Justice Climat Montpellier, a été pourtant imputée par le préfet à BDS Montpellier en début d’après-midi sur X (ex-twitter). Preuve en est que le soutien à la cause palestinienne est plus large que ce que le préfet le voudrait.
Les services des renseignements territoriaux ont-ils tellement été mis à mal par les différentes réformes que le préfet lui-même aurait commis cette erreur grossière ? Ou bien s’agit-il seulement de criminaliser toujours plus pour le préfet ce collectif qu’importe les faits ? Mystère. Le collectif BDS a immédiatement demandé un rectificatif et Action Justice Climat a à nouveau revendiqué l’action mais à l’heure où nous écrivons ces lignes, le préfet n’y avait apporté aucune modification.
S’attarder sur cette question serait toutefois ne pas regarder dans la bonne direction : celle des investissements du groupe BNP Paribas, dénoncé par de nombreuses organisations comme la banque d’un monde qui brûle et qui tue.
Il est toutefois intéressant de noter le qualificatif utilisé par le préfet dans son tweet : des « actions usant de violences ». En l’espèce quelques feuilles A4 sans doute collé à la farine à l’eau et de la gouache de couleur rouge. La même utilisé par les activistes de Action Justice Climat Paris quelques semaines plus tôt, pour laquelle aucune agence n’a porté plainte (bien que plusieurs gardes à vue soit à noter) car « facilement lavable ». La violence, soit l’usage de violence verbale, physique ou psychologique envers des êtres vivants semble pourtant avoir frappé selon les dires du Préfet ces vitrines bancaires. Nous ne pouvons qu’avoir une pensée émue pour la famille des vitrines.
Mais revenons aux raisons qui ont poussé Action Justice Climat (AJC) Montpellier a mené cette action. Dans un communiqué, le collectif dénonce « les crimes de l’armée israélienne dont BNP Paribas s’est rendue complice […] (et) d’un écocide, causé par la destruction et la pollution délibérée des terres palestiniennes et libanaises» avant de poursuivre :
« Depuis 2022, et malgré ce que la banque affirme, BNP Paribas a soutenu financièrement les entreprises d’armement Elbit System et Cisco Systems à hauteur de 2 milliards de dollars, avec l’argent de millions de français.es. ». Elbit System est une entreprise israélienne de l’armement, qui se classait en 2023 au 21e rang mondial pour la production d’armes tandis que Cisco Systems est une entreprise étasunienne de cybersécurité.
Pour le collectif climat « bien que la banque prétende que ces financements étaient destinés à l’export vers les pays de l’OTAN, Elbit System a, depuis le 8 octobre 2023, largement réorienté sa production vers Tsahal, l’armée génocidaire israélienne ». AJC rappelant que « depuis le 8 octobre 2023, ce sont plus de 40.000 palestinien·nes et libanais·es qui ont été tuées des mains israéliennes, dont 70% de femmes et d’enfants et un âge moyen de 5 ans ».
La demande et donc double pour Action Justice Climat qui demande à « BNP Paribas de cesser immédiatement tout financement à destination de l’armée israélienne » et à l’État français « de contraindre les banques françaises à couper tout lien avec le génocide en cours à Gaza et les bombardements au Liban. »
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