Montpellier : Ambiance pré-électorale au conseil municipal

Elian Barascud Publié le 11 décembre 2025 à 16:03 (mis à jour le 11 décembre 2025 à 16:22)
Mairie de Montpellier (photo de Mathieu Le Coz/Hans Lucas)

Ce jeudi 11 décembre avait lieu le dernier conseil municipal du mandat de Michaël Delafosse à la mairie de Montpellier. L’occasion pour les élus de se livrer à des joutes verbales sur fond de campagne électorale, dont les enjeux majeurs se dessinent à l’aune du bilan de l’édile “socialiste

La campagne des municipales de mars 2026 bat son plein : en témoigne l’ambiance du conseil municipal du 11 décembre, dernier du mandat de Michaël Delafosse à la mairie de Montpellier, où critiques du bilan du “socialiste” se mêlent à des propositions programmatiques pour les oppositions. Deux jours après un conseil de Métropole où de la gestion des déchets a occupé une large part des débats, Jacques Domergue, élu d’opposition de droite et médecin de son état, alerte, avant même que les affaires ne commencent défiler, sur les risques que peut provoquer l’installation d’un incinérateur de déchets (usine de combustible solide de récupération dite CSR), à seulement quelques kilomètres de la place de la Comédie. “En tant que médecin, j’ai demandé l’ouverture d’une enquête par l’Agence Régionale de Santé”, affirme-t-il. Première question brulante directement abordée, donc.

“La précarité explose à Montpellier”

Puis, dès la première affaire, concernant la mise en place de repas solidaires pour Noël, Clothilde Ollier, malheureuse candidate écologiste lourdée par son parti en 2020, et aujourd’hui membre de la MUPES (Montpellier Union Populaire Écologique et Sociale, l’opposition de gauche), ouvre les hostilités, en posant sur la table un autre sujet de taille pour la ville de Montpellier : “La précarité explose dans cette ville, ce sont des choix politiques, c’est votre bilan”, assène-t-elle à Michaël Delafosse, prenant l’exemple des familles qui ont dormi une semaine devant l’hôtel de ville fin octobre et fustigeant la “complicité passive” de l’édile dans cette situation.

Lequel rétorque que la municipalité a déposé un recours pour dénoncer l’inaction de l’État, et que Clothilde Ollier n’a pas voté les budgets pour différentes opérations censées lutter contre la précarité (crédits européens pour la résorption de bidonvilles, création de relais solidaires…) L’ambiance se tend.

Caméras versus police de proximité

Autre dossier clivant : “l’hôtel des sécurités”. Une bâtisse à 65 millions d’euros prévue pour 2029 sur le site de l’ancien bidonville de Celleneuve (tout un symbole), avec pour objectif regrouper plusieurs services municipaux et métropolitains dédiés à la sécurité, dont le poste consacré à la vidéosurveillance. “C’est une vitrine sécuritaire, mais on ne pilote pas la ville avec des caméras”, fustige Alenka Doulain, en campagne avec la liste municipaliste “Cause commune”, sorte de rebranding de Nous Sommes, avec laquelle elle s’était présentée en 2020. L’opposante du groupe Mupes dénonce une “police municipale qui participe aux opérations place nette” et qui fait du “maintien de l’ordre”, comme le 10 septembre dernier lors de la manifestation du mouvement Bloquons tout.

Des critiques qu’appuie Serge Martin, ancien socialiste rallié au milliardaire Mohed Altrad aux municipales de 2020 et désormais candidat au scrutin de mars 2026, cherchant désespérément un espace politique dans un centre-gauche déjà saturé de candidatures. De quoi provoquer des railleries de la part de Sébastien Côte, alias “monsieur sécurité” de Delafosse, jouant volontiers le policier du conseil municipal en recadrant les prises de paroles jugées intempestives, qui fera un lien entre la similitude des positions de ses opposants et leur présence commune sur la liste de Mohed Altrad, avec laquelle Alenka Doulain s’est alliée au second tour des précédentes municipales.

Angle mort des critiques adressées à l’hôtel des sécurités, qui illustre pourtant l’idée du “continuum de sécurité” chère autant à Michaël Delafosse qu’à Gérald Darmanin : la présence d’une partie des locaux dédiée à des entreprises privées de la tech et de la surveillance, mentionnée dans le projet. Une mention qu’Alenka Doulain, pourtant habituée à critiquer “un recul de l’État et une délégation au privé”, notamment sur la question des crèches de la ville, n’a pas relevé, se contentant de proposer une “police de proximité, désarmée”.

Quel avenir pour la cité bergère ?

En fin de Conseil, le groupe MUPES tente de faire soumettre au vote un vœu en forme de réquisitoire contre la politique d’urbanisme de la majorité en place : par la voie d’Alenka Doulain, l’opposition de gauche demande la préemption par la Ville de la Cité Bergère, dernière parcelle agricole du centre-ville aujourd’hui menacée d’urbanisation. Depuis cet été, un collectif se mobilise pour sa préservation (une pétition a récolté 26 000 signatures) et suggère, à la place de la vendre à des promoteurs immobiliers,d’y créer d’une ferme participative. Ce à quoi Michaël Delafosse répond que le plan local d’urbanisme voté dans l’été prévoit la préservation de 80% de cette parcelle. Le vœu a donc été rejeté.

Autre vœu, cette fois-ci porté par la majorité, en la voix de Clara Gimenez, adjointe communiste au maire : l’expression d’un soutien aux Missions Locales de la ville, touchées par des coupes budgétaires. Ultime saillie d’Alenka Doulain, faisant référence au vote du budget de la sécurité sociale par le Parti Socialiste : “Monsieur Delafosse, ces coupes budgétaires, c’est votre parti qui les vote à l’échelle nationale.” “Oui, mais moi, je n’ai pas changé de liste en cours d’élection pour arriver ici”, rétorque l’édile. Bref, à Montpellier, la gauche s’écharpe pour savoir qui est la moins à droite. Un exercice périlleux, mais pas encore olympique.

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