Surenchère sécuritaire : à Montpellier, toujours plus de bleu

Le Poing Publié le 29 mars 2024 à 17:16
Mairie de Montpellier (photo de Mathieu Le Coz/Hans Lucas)

Le 26 mars dernier, le Conseil municipal de Montpellier a adopté le budget 2024 avec une hausse de 15 % sur la sécurité. Petit tour d’horizon des chantiers à venir dans ce secteur, avec un Delafosse toujours plus à droite

“Depuis le premier jour où je suis devenu maire de Montpellier, j’ai fait de la question de la sécurité 50% de mon agenda”, déclarait il y a quelques jours Michaël Delafosse, maire de Montpellier, dans une interview donnée à lejournal.info, qui sous-titrait “on peut être de gauche et avoir une bonne droite.”

L’édile “socialiste”, qui avait eu par ailleurs eu droit au début de son mandat à d’élogieux papiers dans la presse d’extrême-droite, posait dans ladite interview des questions de fond : “On se dit comment se fait-il qu’il y ait autant d’épiceries de nuit qui existent. Pourquoi y a-t-il autant de barbiers au mètre carré ? On voit bien, qu’en fait cela cache d’autres activités.” Gérald Darmanin, sort de ce corps !

Car depuis le début de sa mandature à la maison bleue (décidément), on a vu apparaître de plus en plus d’uniformes à Montpellier : police des transports, brigade du logement social avec matraques, gilets pare-balles et chiens de combat, et, depuis le 14 mars, une nouvelle brigade de police nationale de sécurisation des transports en commun visant à “lutter contre la délinquance et les incivilités”, déclinaison locale d’un plan national voulu par le ministère de l’Intérieur. En ce moment, c’est une “opération place nette” qui se déroule dans le quartier Aiguelongue, sous les caméras de M6 qui préparent un reportage sur les points de deal et la drogue, le tout à grand renfort de communication dans les médias dominants.

Une hausse de 15 % dans le budget municipal

C’est dans ce contexte que le Conseil Municipal a voté, mardi 26 mars, dans son budget 2024, une hausse de 15 % à la sécurité, pour atteindre les 30 millions d’euros. C’est l’adjoint à la question, le très droitier Sébastien Côte, qui a détaillé le menu en parlant d’“un axe fort de la politique que nous voulons mener”. Au programme, un budget qui augmente car 50 policiers de plus sont prévus d’ici 2026, et la ville va débourser 300 000 euros de caméras de surveillance et 300 000 euros pour un logiciel de mise en commun des images des caméras entre la Ville, la Métropole et la TAM.

“C’était dans les cartons depuis un moment”, commente un membre du collectif Technopolice Montpellier, qui a récemment lancé un recours au tribunal administratif contre le renouvellement ou l’augmentation de la vidéosurveillance à Sète et Montpellier. Le collectif dénonce une inefficacité des caméras pour lutter contre la délinquance, s’appuyant sur une étude réalisée à Montpellier en 2017 : “Les résultats montrent que la vidéosurveillance a un impact pratiquement nul en terme de dissuasion de commission d’infractions et marginal à l’élucidation de celles-ci“, expliquait un de ses militants lors d’une journée organisée à ce sujet au bar associatif le Quartier Généreux.

De plus, Sébastien Côte a annoncé un nouveau commissariat au niveau de la gare Saint-Roch, pour relocaliser celui de la Comédie. Coût : 900 000 euros. Le commissariat dit “mixte” (mélangeant police nationale et municipale) de la Mosson devrait être prêt courant 2024, et la aussi, la Ville met la main au porte-feuille pour aider à payer les loyers. “C’est le continuum de sécurité que nous mettons en œuvre”, s’est félicité l’élu, paraphrasant ainsi Gérald Darmanin.

Mais surtout, l’adjoint a insisté sur l’hôtel des sécurité”, qui devrait arriver selon lui en 2028 ou 2029. Le projet, initialement prévu pour 2026, devrait permettre selon la mairie de regrouper toutes les forces de sécurité (centre de supervision urbaine, police municipale, police des transports) au même endroit. Darmanin en rêvait, Delafosse l’a fait. Il serait situé dans le quartier Celleneuve, sur le site… d’un ancien bidonville. Tout un symbole….

Mais dans toute cette frénésie sécuritaire, on peut compter sur le PS local pour repeindre en rose à la hâte son amour pour le bleu (marine) : cours de self-défense pour lutter contre les agressions des femmes, policiers “mieux formés” à la question des violences sexuelles et sexistes… Heureusement, la majorité l’assure : « Nous tenons notre engagement de ne pas augmenter le taux des impôts depuis 2020. » Il ne manquerait plus que ça…

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