Montpellier : après les interdictions de manifester, les soutiens à la Palestine forment un recours au Conseil d’État
Ce mardi 3 septembre, se tenait sur la place de la Préfecture à Montpellier une conférence de presse publique appelée par les organisations de soutien à la Palestine qui avaient fait un recours, rejeté, devant le tribunal administratif de Montpellier pour contester les interdictions de manifester du préfet de l’Hérault. Ils dénoncent un “coup de force” et ont annoncé saisir le Conseil d’État
Ils sont une cinquantaines d’associations, de partis, de syndicats ou d’organisations politiques à avoir signé l’appel de l’association la Libre Pensée pour dénoncer un “coup de force au tribunal administratif de Montpellier”, une “remise en cause de la liberté de manifester” et “une atteinte grave à un droit fondamental dans l’Hérault.” Environ 150 personnes se sont donc réunies pour une conférence de presse publique organisée sur la place de la préfecture à Montpellier ce mardi 3 juin à la suite d’une décision du tribunal administratif rendue le 30 août, confirmant la décision du préfet de l’Hérault d’interdire les manifestations de soutien à la Palestine prévue le week-end dernier.
Petite rétrospective : lors d’un rassemblement contre l’antisémitisme du 27 août, François-Xavier Lauch avait déclaré :“Je n’accepte pas les insultes et ces récupérations de conflits internationaux. Je vais continuer les interdictions, et tant pis si je n’ai pas gain de cause devant les tribunaux administratifs.”
Des mots suivis des faits : un arrêté interdisant des rassemblements de soutien à la Palestine les 30 et 31 août a été rendu public le 29 août. Le préfet avait justifié sa décision de la même manière que pour l’interdiction de la manifestation du 24 août, jour de l’incendie de la synagogue de la Grande-Motte : la volonté de ne pas surmener les forces de l’ordre, l’incendie provoqué devant la synagogue de La Grande-Motte, une recrudescence des actes antisémites, et les « troubles à l’ordre public » constatés précédemment (stands de BDS installés en ville sans autorisation d’occupation, plaintes déposées par plusieurs édiles du Parti Socialiste pour diffamation après diffusion d’une affiche les désignant comme complices, gouache rouge déversée sur une plaque commémorant le jumelage de Montpellier avec la ville de Tibériade).
“Manque flagrant d’impartialité”
Sur la place de la préfecture, les organisateurs de la conférence de presse ont dénoncé les conditions de cette audience du tribunal administratif particulièrement mouvementée et caractérisée selon eux par un “manque flagrant d’impartialité”, où François-Xavier Lauch, préfet de l’Hérault, était présent en personne.
Audrey Marc, militante qui représentait la Libre Pensée au tribunal administratif a évoqué le fait qu’elle et l’avocate de la Ligue des Droits de l’Homme, Sophie Mazas, “ont été très vite interrompues et pressées d’achever leurs interventions par le président du tribunal, à tel point que les avocats de la partie adverse -Le Conseil représentatif des institutions juives de France et l’association juive européenne – ont pris position pour que l’avocate de la LDH puisse finir. La représentante de la LDH a été interrompue par des membres du public, sans que le président rétablisse l’ordre, malgré les demandes répétées de la LDH.”
Pire, selon elle : “Dans sa décision, le juge a rejeté les recours de la Libre Pensée et de la LDH, arguant que les manifestations avaient pour objet de « soutenir, de manière directe ou indirecte, le Hamas », une affirmation sans fondement sérieux.” “C’est un très grave amalgame, nous avons toujours dit que le conflit à Gaza était un fait politique et colonial et non pas religieux.” Elle a également salué la mobilisation et la grève de la société civile Israélienne pour inciter son gouvernement à négocier un accord de cessez-le-feu. La Libre Pensée a annoncé qu’elle porterait le contentieux au Conseil d’État.
De son côté, Eugénie Loison, présidente de la Libre Pensée de l’Hérault, a vivement critiqué “un tribunal administratif qui a sombré face à la pression politique” et a rappelé, à propos de la répression qu’a subi l’association de soutien à la Palestine BDS après une action symbolique à la maison internationale que “la peinture rouge ça s’efface, pas le sang sur les mains”.
José-Luis Moraguès, co-animateur de la campagne BDS sur Montpellier a justement pris la parole pour rappeler qu’il passait en procès pour diffamation contre Carole Delga, présidente de la Région Occitanie, et Hussein Bourgui, sénateur de l’Hérault, jeudi 5 septembre à 14 heures au Tribunal d’instance de Montpellier, après des affiches montrant leur tête accompagnée de la mention “génocide”. Il a appelé à un rassemblement de soutien.
José-Luis a également souligné une “recomposition politique” en parlant du rassemblement du 27 août contre l’antisémitisme : “Du RN au PS en passant par Les Républicains et les macronistes, tous ces gens là refusent de dénoncer l’État d’apartheid en Israël et ont une complicité active ou silencieuse du génocide en cours.” Une “instrumentalisation de l’antisémitisme” qui avait déjà été formulée la semaine dernière par les militants pro-palestiniens à Montpellier, et notamment la Libre Pensée.
Ce sur quoi Nathalie Oziol, députée Insoumise de Montpellier, a embrayé pour dénoncer l’hypocrisie de voir le Rassemblement National à un rassemblement contre l’antisémitisme, en rappelant que ce parti “avait été fondé par des anciens SS”. Pour elle, malgré “cinquante jour sans gouvernement, leur politique de criminalisation des mouvements sociaux s’applique encore, le responsable, c’est Macron !”, a-t-elle scandé, appelant à rejoindre la manifestation contre “le coup de force démocratique” de ce samedi 7 septembre à 18 heures devant la préfecture de Montpellier. Manifestation à laquelle se joindront les soutiens de la cause Palestinienne, qui se retrouveront dès 17 heures sur la Place de la Comédie.
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