Montpellier : cinquante personnes en soutien au Quartier Généreux, convoqué par la police
Le Bar associatif situé à Albert Premier était convoqué au commissariat de la Comédie dans le cadre d’une enquête initiée notamment par la mairie et la préfecture, ce mercredi 10 janvier. Les bénévoles avaient organisé un rassemblement de soutien
Le froid et la pluie n’ont pas empêché une cinquantaine de personnes de se rassembler devant le commissariat de la Comédie, à Montpellier, ce mercredi 10 janvier, pour soutenir le bar associatif le Quartier Généreux, convoqué par la police à 9 heures.
“Imaginez, ce fut une drôle de sensation pour notre lieu 100% bénévole de voir débarquer un officier de police judiciaire nous remettre une convocation dans le cadre d’une enquête initiée notamment par la mairie et la préfecture”, écrivaient ses bénévoles (au nombre de 150 selon eux) dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux le 1er janvier.
“Les événements censés légitimer cette enquête et que l’on nous reproche nous laissent sans voix. On y retrouve par exemple la soirée de soutien au Planning Familial du 23/09 qui a permis de récolter plus de 4500€ pour l’association menacée de fermeture ou la soirée Fanfares du 13/10, pourtant anticipée 3 mois auparavant avec une demande en mairie. Le Quartier Généreux est le premier à trouver anormal de devoir se substituer aux pouvoirs publics afin de venir en aide à une structure historique d’éducation populaire, le QG n’a pas à rougir de faire résonner trompettes et saxophones dans Boutonnet et les Beaux-Arts, quartiers historiques des fanfares”, pouvait-on lire également dans le communiqué.
Et l’incompréhension subsistait ce mercredi matin devant le commissariat, comme le décrivait Hugo, bénévole du lieu : “On était étonné de cette convocation, sachant qu’il n’y a aucune plainte contre nous, ce qui nous est reproché reste assez flou. On aurait aimé qu’on vienne nous voir pour discuter posément. On sait que le bruit de nos soirées peuvent être un problème, mais on prend des précautions, on a un sonomètre, on n’a que très peu de basses… ” Les faits reprochés sont des nuisances sonores, l’occupation illégale de l’espace public et la vente d’alcool sans licence. “Nous ne vendons de la bière et du vin qu’à nos adhérents”, a rétorqué Hugo.
Un lieu “inséré dans son quartier”
Le rassemblement a été l’occasion pour les bénévoles de dresser un premier bilan du café associatif, ouvert en mars 2023, notamment par des proches du mouvement municipaliste Nous Sommes. “Nous avons organisé 120 évènements sur 117 jours d’ouverture, on a programmé 30 artistes, rémunérés, avec une programmation paritaire en terme de genre et décidée collectivement”, indiquait Furcy, membre du lieu en charge de l’animation. “En tout, c’est 35% d’évènements à caractères politique, 20 % festif, 32 conférences/débats, 25 ateliers,12 évènements de spectacle vivant…” Le Quartier Généreux est en effet investi dans le champ des luttes politiques et sociales : en témoigne son buffet de soutien aux grévistes d’Onet au départ de la manifestation intersyndicale du 13 octobre dernier, ou leur récente implication dans les rassemblements contre la loi Immigration.
Les bénévoles ont également insisté sur l’insertion du café dans son quartier, Beaux arts-Boutonnet. Ils participent actuellement à un appel à projet du budget participatif de la Région pour installer un composteur et un frigo solidaire à proximité de leur local pour que les riverains puissent en profiter.
“Compenser l’absence des pouvoirs publics”
“On n’est d’autant plus chagriné par cette convocation par le fait que le Quartier Généreux compense des actions que les pouvoirs publics devraient mener”, continuait Hugo. ‘Nous avons organisé une récolte de fonds au profit du planning familial, menacé de fermeture, et on nous le reproche dans l’enquête. L’école du quartier est également venu nous voir pour nous demander des tables et des chaises pour sa fête annuelle, évidemment, on a accepté…”
Autre critique dirigée vers la municipalité, celle de l’occupation de l’espace public, formulée par Audrey, une autre des bénévoles du lieu : “Nous n’avons pas de doit de terrasse, donc on doit faire des demandes d’occupation d’espace publics trois mois à l’avance quand on veut organiser un évènement devant le local. Trois mois, pour une petite structure comme la notre, ce n’est pas toujours évident de les anticiper. Dans d’autres villes comme Lille ou Strasbourg, les locaux associatifs comme nous ont un droit de terrasse. C’est même le cas de Bourges, ville nommée capitale européenne de la culture en 2028…” Une pique qui fera rire l’assemblée.
“Dossier bancal”
Malik, co-président du Quartier Généreux, accompagné de l’avocat du local, sortiront de l’audition vers 10 h 45 . Il raconte : “Des voisins ont pris des vidéos pour prouver qu’il y avait des nuisances sonores, un trouble à l’ordre public et un problème de sécurité. C’était à l’occasion d’un bal traditionnel le 1er septembre dernier, mais nous avions l’autorisation d’occupation d’espace public demandée en mairie. On nous reproche également l’ouverture illégale d’un débit de boissons. Mais l’enquêteur n’avait pas bien bossé le dossier : les bars associatifs sont exemptés de licence pour vendre de l’alcool si ils vendent de la bière et du vin uniquement à leurs adhérents. Bref, le dossier est très bancal, et s’appuie uniquement sur de la délation du voisinage. L’enquête a été transmise au parquet, qui rendra son avis dans un délai de six mois. on risque au maximum des amendes forfaitaires. Cette histoire fait résonner le fait qu’on demande une terrasse, comme tous les autres cafés de la ville, cela règlerait bien des problèmes…”
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