Montpellier. Des citoyens se mobilisent pour SOS Méditerranée et le squat du Château

Le Poing Publié le 23 novembre 2018 à 15:47 (mis à jour le 25 février 2019 à 19:25)

Près de cent personnes se sont réunies hier soir à Montpellier au local de la Carmagnole, dans le quartier Figuerolles, pour une soirée de soutien à l’association SOS Méditerranée et au squat « Le Château ». Les débats se sont terminés avec la dégustation d’une macaronade sétoise, les profits de cette cantine étant reversés au squat pour qu’il puisse payer sa facture d’électricité.

« La Libye, c’est l’immeuble en feu qu’on quitte »

Depuis 2014, plus de 16 000 personnes sont mortes en essayant de traverser la Méditerranée(1) à bord d’embarcations bondées faites de planches et de bouées. En réaction, SOS Méditerranée a affrété en 2016 un navire – l’Aquarius – avec à son bord 30 marins et une dizaine de sauveteurs, infirmiers et médecins qui ont déjà sauvé plus de 30 000 personnes de la noyade.(2) « Une journée en mer coûte en moyenne 11 000 euros, donc c’est grâce aux dons de chacun que nous pouvons continuer de faire ce que nous faisons » insiste Jean-Pierre Lacan, administrateur de SOS Méditerranée. « Un jour, lors d’une opération avec l’Aquarius, les migrants présents dans l’embarcation ont commencé à mettre leur barque en face d’une grande vague pour se faire couler. Ils préféraient mourir plutôt que de retourner en Libye, mais on a quand même pu les secourir ». La Libye compte actuellement entre 700 000 et un million de travailleurs migrants,(3) et le trafic migratoire rapporte aux groupes armés 35 milliards de dollars par an, soit la troisième rentrée d’argent dans le pays après le pétrole et le trafic d’armes.(4) « La Libye, c’est l’immeuble en feu que l’on quitte » conclut Jean-Pierre Lacan.

« Sauver le sauvetage en mer »

C’est par cette tautologique que Jean Pierre Lacan a continué son intervention. Depuis l’arrivée au pouvoir du politicien d’extrême-droite Matteo Salvini en tant que ministre de l’intérieur italien, les relations entre SOS Méditerranée et l’Italie deviennent tendues. Le parquet de Catane, en Sicile, a demandé en début de semaine le placement sous séquestre de l’Aquarius, au motif d’un tri non conforme des déchets du navire – accusation réfutée par SOS Méditerranée qui dénonce « une attaque pour motifs politiques » et appelle les autorités françaises « à faire preuve de clairvoyance ». L’ONG Médecins sans frontières, partenaire de SOS Méditerranée, a annoncé son intention de faire appel.

Appel à soutien pour « Le Château »

Des représentants de l’association « Solidarité partagée » ont ensuite décrit la situation du squat « Le Château ». Ouvert il y a un an dans un bâtiment de la SNCF situé au 9 boulevard Vieussens, ce squat abrite aujourd’hui plusieurs dizaines de réfugiés, dont certains étaient présents dans la salle. Le squat est expulsable depuis lundi dernier, sans droit à la trêve hivernale pour cause « d’insalubrité », alors que ses occupants ont fait de gros travaux pour rendre le lieu habitable. L’association appelle à se réunir tous les matins à 7h devant le squat pour être nombreux en cas d’expulsion et a lancé un appel aux dons (nourriture, matelas, couvertures, vêtements chauds).

Rappelons qu’à Montpellier, plus de 12 000 logements sont vides(5) et que la moitié des appels émis vers le 115, le numéro d’hébergement d’urgence, restent sans réponse(6) – signe que les institutions n’ont aucune volonté politique pour lutter contre le mal-logement et que la solidarité reste notre seule arme.

(1) « Combien de migrants sont morts en Méditerranée ? Où sont-ils enterrés ? », Libération, 9 août 2018.
(2) « Rennes. 800 personnes pour soutenir SOS Méditerranée », Le Télégramme, 6 octobre 2018.
(3) « Migrants : en Libye, “la difficulté de contrôler les réseaux de passeurs tient au chaos” », Le Monde, 28 juin 2018.
(4) « Migrants : le trafic d’êtres humains rapporterait 35 milliards de dollars aux passeurs », La Tribune, 1er juin 2017.
(5) « Logement en 2014 Commune de Montpellier (34172) », INSEE, 29 juin 2017.
(6) « Hébergement d’urgence : les appels au 115 aboutissent peu », Le Figaro, 28 décembre 2017.

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