Montpellier. Gilets jaunes, acte 47 : 600 manifestants, trois interpellations et des vols semant l’embrouille

Le Poing Publié le 6 octobre 2019 à 14:42 (mis à jour le 6 octobre 2019 à 15:20)
Près de 600 personnes ont manifesté à Montpellier ce samedi pour l’acte 47 des gilets jaunes. Une manifestation tendue, pas seulement du fait des charges policières, mais aussi à cause des querelles entre les gilets jaunes, qui ont fait perdre au cortège beaucoup de sa détermination et de sa bonne humeur. Compte-rendu d’une mobilisation aux allures de pétard mouillé.

Police nationale, milice du capital

Le cortège se met en branle vers 14h30 depuis la place de la Comédie vers la gare. Il fait beau, des slogans anti-police résonnent : jusqu’ici, tout va bien. Premier accrochage : un homme, se présentant comme russe arrache un drapeau communiste brandi par un jeune gilet jaune. Le ton monte, les protagonistes sont séparés, la manifestation reprend.

La promenade continue, des fumigènes crament, les manifestant·e·s reviennent sur la Comédie, puis remontent vers le Polygone. Une ligne de CRS placée devant l’office du tourisme empêche les gilets jaunes d’accéder au centre commercial, et protège l’accès aux consommateurs. Dans la foulée, la police charge et procède à trois interpellations, vraisemblablement ciblées.


Le cortège repart vers la Comédie, et les militants de la cause palestinienne de Boycott-désinvestissements-sanctions-34 (BDS34), présents sur leur stand malgré les entraves de la municipalité, distribuent des tracts aux gilets jaunes pour dénoncer la répression s’exerçant à leur encontre.

Stand de BDS34

Des vols provoquant la zizanie

Face à la passivité des forces de l’ordre, les manifestant·e·s les plus accros au gaz lacrymogène réclament leur dose, en vain. Tout d’un coup, un homme est accusé de vol au sein de la manifestation, et une partie du cortège lui court après. La scène ressemble à une tentative de lynchage. D’autres calment les ardeurs et tentent d’éloigner le voleur de la vindicte populaire, dans le but de lui faire rendre les affaires volées et de l’exclure du cortège. L’homme est finalement écarté après s’être bien fait secouer, et des gilets jaunes s’engueulent sur la conduite à tenir dans ce genre de cas. Certains sont à deux doigts d’en venir aux mains.

Vers 18 heures, un petit groupe de gilets jaunes subit un contrôle arbitraire au niveau de la gare, et Camille, l’observatrice de la Ligue des droits de l’Homme harcelée par la police, est encore empêché de filmer, un CRS lui obstruant la vue avec son bouclier. La manifestation s’achève rapidement, et sans affrontement.

Le bilan de la journée est mitigé : d’une part, près de 600 personnes ont manifesté alors qu’il n’y avait aucun appel régional ou national, preuve de la ténacité du mouvement, mais d’autre part, les engueulades ont pourri l’ambiance. L’incident exprime peut-être un sentiment de fatigue suite à dix mois de lutte, mais il pose néanmoins de vraies questions : comment gérer les vols au sein d’un cortège, et au nom de quoi ? Quelle justice populaire voulons-nous mettre en place ? Ce débat n’a pas pu émerger dans des conditions sereines lors du cortège, ce qui peut aisément se comprendre, et le fait est qu’il n’existe pas d’espace commun suffisamment fréquenté pour permettre aux gilets jaunes de discuter en profondeur des problématiques soulevées par leurs actions.

La révolution, ou du moins la révolte, est un processus lent, complexe, contradictoire, et semé d’embûche. Espérons que les gilets jaunes n’aient pas été rebutés par cet incident, et qu’ils reviennent dès samedi prochain, sauf les voleurs et les voleuses, bien entendu !

Selon nos informations, une personne interpellée, mineure, aurait été relâchée.

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