Montpellier : la répression contre les soutiens à la Palestine s’accentue
Ce jeudi 25 avril, une conférence sur la Palestine prévue dans une salle à l’Université Paul-Valéry a été interdite et a du se tenir en extérieur. Ce vendredi 26 avril, un porte-parole de la campagne BDS est convoqué au commissariat pour diffamation publique envers le sénateur PS Hussein Bourgui
Mathilde Panot, cheffe de file des députés de la France Insoumise convoquée par la police pour “apologie du terrorisme”, interdiction d’une conférence de la France Insoumise à l’Université de Lille… Bref, le climat est hostile pour les soutiens à la Palestine.
A Montpellier, José-Luis Moraguès, co-animateur de la campagne BDS France-Montpellier (Boycott désinvestissements sanctions), est convoqué au commissariat central de Montpellier ce vendredi 26 avril à 14 h 30. Il est accusé de diffamation publique par le sénateur socialiste héraultais Hussein Bourgui, car la tête de l’élu s’est retrouvée sur une affiche de BDS dénonçant “les complices d’Israël”. Un rassemblement de soutien est prévu devant le commissariat à 14 h 30 ce vendredi.
Pour rappel, le parti socialiste héraultais, et surtout Montpelliérain, est un soutien de longue date de l’État d’Israël : depuis 1977, les élus locaux montpelliérains célèbrent, à l’initiative du centre culturel juif de Montpellier, la “journée de Jérusalem, capitale une et indivisible du peuple juif”. Une revendication alignée sur des intégristes israéliens et contraire au droit international, reprise par un certain Donald Trump en 2017. Et plus récemment, Michaël Delafosse, actuel maire de Montpellier, a déclaré ;“il est mensonger de parler d’apartheid Israélien […] Tant que je serai maire, je serai aux côtés de Tibériade [ville jumelée avec Montpellier, ndlr] et d’Israël”.
De plus, BDS, qui tient régulièrement un stand place de la Comédie pour informer la population, est la cible de huit amendes pour occupation illégale de l’espace public ou“Embarras d’une voie publique par dépôt ou abandon sans nécessité d’objets, matériaux ou déchet entravant la libre-circulation.” Des amendes en passe d’être contestées devant le tribunal.
Conférence annulée à Paul-Valéry
Ce jeudi 25 avril, était prévue une conférence de l’universitaire Joseph Daher, spécialiste du moyen-orient, à la faculté Paul-Valéry, pour évoquer le lien entre la lutte Palestinienne et les autres luttes arabes. Sud Education 34 avait réalisé une demande de salle le 12 avril. Le 22 avril, l’Université Paul-Valéry répondait dans un mail laconique que “Compte tenu du risque d’escalade militaire au proche orient et des mesures de grande vigilance qui sont demandées aux établissements publics dans ce contexte, l’université ne peut accueillir une conférence sur cette thématique à l’heure actuelle.“
“On ne comprend pas”, réagissait Marc Lenormand, enseignant-chercheur à l’Université Paul-Valéry et syndicaliste à Sud éduc 34. “Il y a un mois, alors que l’Université de Montpellier avait interdit la conférence de Pierre Stambul, de l’Union juive française pour la Paix, et elle avait pu se tenir à Paul Valéry, dans de très bonnes conditions et sans débordements. Pourquoi ce qui était autorisé il y a un mois est interdit aujourd’hui ? Surtout que Joseph Daher est un universitaire, spécialisé sur ces questions, il pourrait créer un débat nuancé dans un lieu normalement ouvert aux réunions publiques qu’est l’Université.”
La conférence s’est quand même tenue en plein air, devant la nouvelle bibliothèque universitaire. Avant de commencer, Jospeh Daher a d’ailleurs précisé qu’il apportait son soutien “à tous les soutiens à la Palestine réprimés et aux facs du monde entier qui expriment leur solidarité à la Palestine, comme à Columbia. On va continuer de s’exprimer pour faire avancer le débat.”
Deux poids deux mesures
Pourtant, l’Université Paul-Valéry a déjà organisé des conférences sur le sujet. Le 8 novembre dernier, les étudiants de Master en histoire militaire et relations internationales, sous la direction Antoine Coppolani, vice-président de l’Université Paul Valéry Montpellier 3 et en partenariat avec l’Institut Universitaire Maïmonide Averroès Thomas d’Aquin, étaient invités à une conférence de l’universitaire Frédéric Encel sur les enjeux géopolitiques d’Israël, salle Pétrarque.
Frédéric Encel, professeur de relations internationales et de sciences politiques à la PSB (Paris School of Business)spécialisé sur Israël et le sionisme, est connu pour ses positions de soutien à Israël. Proche du CRIF et de journaux Israéliens pour lesquels il contribue, il est en conflit avec le géopolitologue Pascal Bonniface, qui l’accuse de « masquer ses positionnements communautaires pour se faire passer pour un universitaire “objectif”. » Bref, en ce qui concerne la Palestine, la liberté d’expression est à géométrie variable…
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