Montpellier: le mouvement Free Party persiste dans la lutte contre la loi sécurité globale

Le Poing Publié le 30 janvier 2021 à 19:20 (mis à jour le 30 janvier 2021 à 21:23)

Le nouveau rendez-vous unitaire contre les lois liberticides a attiré plusieurs milliers de personnes. A nouveau, quelques interpellations.

Ce samedi 30 Janvier, la foule se rassemblait devant la préfecture à 11h. Malgré l’averse persistante, des centaines de personnes ont répondu présentes à l’appel de plusieurs collectifs et syndicats mobilisés contre la loi de sécurité globale. Parmi les plus visibles, la Ligue des Droits de l’Homme, Stop Armes Mutilantes, le syndicat Solidaires, parmi les soixante organisations réunis qui se coordonnent dans le  collectif « Danger sécurité globale ».

Jugée liberticide, cette loi ne cesse ces derniers mois de fédérer à son encontre de multiples tranches de la population, avec ce samedi une très forte présence de jeunes aux côtés des militants et gilets jaunes plus chevronnés. Une manifestation boostée à la techno ;deux sounds systems accompagnaient les participants. Ce qui donnait rythme et cadence au rassemblement. Il y’a de quoi se réjouir à voir le mouvement Free Party se joindre aux revendications citoyennes.

Après un mutisme depuis de nombreuses années, on commençait à se demander si ce mouvement, qui se revendique pourtant d’un fondement anti-autoritaire, avait fini par devenir une caricature de lui-même. L’élément déclencheur aura été la Free party de Lieuron au nouvel an, dont les organisateurs encourent jusqu’à 10 ans d’emprisonnement. Dans le même temps, des messes géantes et une dédicace de Miss France contrastent. Deux poids deux mesures.

” Le préfet ne veut pas de musique numérique ? Nous c’est la surveillance numérique que nous refusons! ”

Au point fort de la manifestation, au moins 3000 personnes constituaient le cortège, nonobstant les rumeurs de la veille qui annonçaient l’annulation de la manifestation. Le préfet, dans une tentative de dernière minute de contrer cette vague techno, mal contrôlable, avait émis une interdiction d’utiliser de la musique numérique. Sophie Mazas, présidente de la Ligue des Droit de l’Homme 34, a su argumenter sur le caractère de ce rassemblement : non pas festif mais contestataire, politique, organisé, et accompagné par de la musique, dont on ne va pas censurer les styles.

Plusieurs prises de parole ont appuyé la manifestation. D’abord devant la préfecture, où les tenants et aboutissants de la loi sécurité globale ont été explicités. Des intervenants ont pris le micro pour alerter les participants : les manœuvres orwelliennes et liberticides des autorités nationales et locales ne s’arrêtent pas à la loi de sécurité globale. Avec elles, c’est plusieurs « décisions du gouvernement facilitant le fichage des opinions politiques, religieuses ou syndicales, des comportements ou habitudes de vie » qui sont dénoncées. Technologies numériques à l’appui.

Les dernières prises de parole, devant le commissariat et la mairie de Port Marianne, quant à elles, ont précisé les mesures adoptées par les autorités. Dans plusieurs villes de France, notamment à Cannes ou à Nice, bastions de droite dure, des caméras à reconnaissance faciale sont opérationnelles, depuis deux ans. Il faudra éclaircir les conditions dans lesquelles ce dispositif est projeté à Montpellier.

Antoine, qui fait partie du collectif « sécurité globale » , nous confiait sa volonté que ce genre de manifestation devienne récurrente : «  depuis deux mois déjà le mouvement existe, et pour l’instant, on a pas prévu de s’arrêter ». Bien des débats continueront. Au moment des dernières prise de parole, deux individus se réclamants des quartiers ont insisté pour parler de la loi contre le séparatisme qui désigne des populations comme dangereuses. Non prévue, la prise de parole a été refusée par les organisateurs. Bref moment de tension.

Sur ce, il fallait retourner dans le centre, lointain. De quoi inspirer à un nombre non négligeable de manifestants de se regrouper à nouveau. Sillonnant de petites rues, ceux-ci sont retournés jusque devant la préfecture ; comme un signe d’une énergie contestataire bouillonnante, soldes ou pas soldes (puisque le mot d’ordre implicite est d’éviter de trop perturber celles-ci, dans le contexte économiquement tendu du confinement). Le moral y était. Mais on apprenait ensuite la survenue de quelques interpellations et placements en garde à vue. 

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