Montpellier : le préfet Hugues Moutouh traite les SDF de « zadistes » et veut nettoyer le centre-ville
A l’arrivée de l’été, le préfet-bulldozer Moutouh déploie policiers et éléments de langage pour chasser la misère de la ville et faire place nette pour les touristes. Et bien sûr, la presse locale lui emboîte le pas.
Il y a quelques jours, l’extrême droite s’inquiétait de voir des « zadistes » à l’assemblée, ils sont désormais aussi dans les rues de Montpellier. Enfin presque… Dans un article de la Gazette, que le Poing avait déjà épinglé pour sa complicité avec les pouvoirs locaux, le préfet Hugues Moutouh (lire notre portrait ici) semble soucieux de l’arrivée massive d’une nouvelle population de sans-abris qui sèmerait le trouble à Montpellier et viendrait “grand-remplacer” nos SDF “de souche” :
« Depuis quelques semaines nous avons eu droit à quelques agressions de la part de SDF qui ont des profils un peu atypiques par rapport aux punks à chiens traditionnels du sud de la France. On a plutôt une population de zadistes qui est arrivée et qui sème le trouble. Il s’agit de faire passer un message. Nous ne voulons pas de gens qui agressent et troublent la tranquillité publique des Montpelliérains « . Puis, plus loin : « Il faut offrir une vitrine à la hauteur de l’écrin de Montpellier ». Cocasse, venant de celui qui a lui-même fait expulser la ZAD du lien à grand coup de bulldozer. Alors Hugues, ils n’étaient finalement pas mieux dans les champs, loin du centre ville, les zadistes ?
Si voir un préfet parler de « punk à chiens traditionnels du sud » est déjà déroutant, le fait que la presse locale se fasse le relai d’un vocabulaire issu de l’extrême droite l’est tout autant : « Yannick Blouin, patron de la police à Montpellier, confirme : “Ce sont des gens de l’extérieur, au profil zadiste, qui se greffent sur nos SDF et c’est eux qui mettent le bazar”. »
« Nos » SDF ? Au Poing, nous sommes ravis que les autorités publiques s’intéressent enfin au sort de leurs concitoyens qui dorment à la rue. Voilà que des flics vont donc intervenir plus souvent pour que les clochards locaux puissent mendier en paix…
Mais alors comment différencier « un punk à chien traditionnel du sud » d’un « zadiste » qui semble tant faire trembler les bourgeois ? Même entre représentants des pouvoirs publics, tout le monde ne semble pas avoir la même définition. Ainsi, dans le même article, Sébastien Côte, adjoint municipal à la sécurité, évoque des “travelers”, “une minorité nomade peu connue des associations.”
Là ou le « zadiste » occupe des terres et les défend contre un grand projet inutile ou jugé dangereux pour la biodiversité (comme en ce moment même à la ZAD de Pertuis, en cours d’expulsion), le traveler est un nomade, souvent en camion, issu de la culture techno des free-parties. Pour le sens des mots on repassera, tout est bon, y compris reprendre à son compte du vocable fascisant, pour désigner l’ennemi intérieur qui justifie le renforcement des contrôles policiers sans pour autant endiguer la misère grandissante. Et merci la Gazette pour ce journalisme de qualité, les « zadistes » du Poing ont bien ri !
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