Montpellier : le squat Casa del Sol s’implante dans le bâtiment de l’intendance attenant au jardin de la Reine

Le Poing Publié le 23 septembre 2019 à 23:39 (mis à jour le 24 septembre 2019 à 07:09)
Le centre d’actions sociales autogéré – surnommé la Casa del Sol – est un squat ouvert depuis fin août à Montpellier, situé au 2 rue du faubourg Saint Jaumes, dans l’ancien bâtiment de l’intendance du jardin des plantes, devenu par la suite la résidence du secrétaire général du rectorat. L’édifice abandonné donne sur le jardin de la Reine, un écrin de verdure quasi sauvage de 4500 m², fermé au public depuis deux siècles, mais défendu par une association de quartier. Le squat a remporté jeudi dernier sa première bataille judiciaire et organise vendredi prochain un concert en soutien aux personnes réprimées.

Un édifice défendu par les riverains

En mai 2013, le ministère de l’éducation nationale annonce son intention de vendre le jardin de la Reine pour deux millions d’euros. Inquiets que ce monument historique attenant au jardin des plantes se retrouve dans les mains de promoteurs immobiliers, des riverains créent en juin 2013 l’association « Sauvons le jardin de la Reine » : « Amoureux des richesses historiques et de la biodiversité, nous refusons que ces joyaux soient vendus. […] Le Jardin de la Reine doit revenir aux Montpelliérains et aux botanistes ! » L’association fait pression sur les pouvoirs publics en organisant des visites du jardin, des débats publics et en faisant tourner des pétitions et des flyers. Fin 2013, la ville de Montpellier annonce qu’elle rachète le jardin de la Reine pour deux cents milles euros. Mais fondamentalement, rien ne change : le jardin est toujours abandonné et l’État menace toujours de vendre le bâtiment, désormais convoité par l’Université de Montpellier. En 2015, l’association refuse encore et toujours que le jardin des plantes « soit démantelé pour une poignée de billets, et que ce patrimoine soit privatisé pour le bonheur de quelques privilégiés ».

Une réquisition au service des luttes

Quand ils ont investi l’édifice, les squatteurs ne connaissaient pas l’historique du lieu, mais dès les premières assemblées générales, des membres de l’association ont partagé leur histoire. Les squatteurs ne s’inscrivent pas directement dans la lignée de l’association, mais empêchent de fait la vente du bâtiment. Beaucoup d’entre eux se sont rencontrés lors des manifestations de gilets jaunes et partagent des idéaux anticapitalistes. Ils organisent vendredi prochain un concert contre la répression, et souhaitent mettre le squat au service des luttes sociales émancipatrices. La rectrice de l’académie de Montpellier a intenté une procédure en urgence au tribunal administratif de Montpellier pour tenter d’expulser illico presto les squatteurs, mais le juge des référés a rejeté cette requête jeudi dernier. Les squatteurs sont donc officiellement reconnus comme des occupants sans droit ni titre et ne peuvent donc pas être expulsés tant qu’un tribunal ne l’aura pas ordonné. Cet édifice historique va donc enfin pouvoir s’ouvrir au public.

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