Montpellier : le tribunal administratif confirme l’interdiction des manifestations pro-Palestine, des militants verbalisés
Ce vendredi 30 août, après une audience particulièrement houleuse, où le préfet de l’Hérault en personne était présent, le tribunal administratif a confirmé la décision préfectorale d’interdire les rassemblements de soutien à la Palestine de ce week-end. L’un d’eux, le “drapeau de la libération”, a tenté de circuler dans les rues de Montpellier en début de soirée, mais plusieurs militants ont été verbalisés
Sale temps pour les soutiens du peuple palestinien à Montpellier. Ce vendredi 30 août se tenait au tribunal administratif une audience intenté par la Ligue des droits de l’Homme et la Libre Pensée de L’Hérault pour demander la suspension de l‘arrêté préfectoral interdisant les manifestations de soutiens à la Palestine prévues ce week-end dans l’Hérault. Pour les requérants, “l’arrêté porte une atteinte grave et manifestement illégale aux libertés d’expression et de manifestation.”
Le document préfectoral, rendu public le 29 août, justifie sa décision de la même manière que pour l’interdiction de la manifestation du 24 août : la volonté de ne pas surmener les forces de l’ordre, l’incendie provoqué ce même 24 août devant la synagogue de La Grande-Motte, une recrudescence des actes antisémites, et les « troubles à l’ordre public » constatés précédemment (stands de BDS installés en ville sans autorisation d’occupation, plaintes déposées par plusieurs édiles du Parti Socialiste pour diffamation après diffusion d’une affiche les désignant comme complices, gouache rouge déversée sur une plaque commémorant le jumelage de Montpellier avec la ville de Tibériade).
Ce vendredi, le tribunal a donné raison au préfet de l’Hérault, François Xavier Lauch, qui était lui-même présent à l’audience. Des avocats du Crif (Conseil Représentatif des institutions juives de France) et de L’association juive européenne étaient également à la barre pour demander le rejet du recours.
Dans un communiqué paru après l’audience, la Libre Pensée dénonce le fait que le tribunal a décrété que ces manifestations “ont pour objet direct ou indirect de soutenir le Hamas”. Des mots que l’on retrouve effectivement dans la décision du tribunal, qui liste les arguments du préfet justifiant l’interdiction des manifestations. L’association a également annoncé qu’elle réfléchissait à recours auprès du Conseil d’État.
Suite à la décision du TA de Montpellier. pic.twitter.com/p9jRITAeWh
— Libre Pensée 34 (@LibreGroupe) August 30, 2024
Audience musclée
“La présidente de l’audience m’a demandé d’arrêter ma plaidoirie après deux minutes, ce sont les avocats de la partie adverse qui ont du lui demander de me laisser continue, et je me suis fait huer par une partie de la salle quand j’ai évoqué les manifestations de soutien à la Palestine”, expliquait, exaspérée, Sophie Mazas, avocate de la Ligue des droits de l’Homme de l’Hérault, à la sortie de l’audience.
Selon elle, le point positif de cette audience, “c’est que le préfet est revenu sur ses propos. Il a dit que le problème n’était pas le soutien à la Palestine mais les modalités d’actions, qu’il n’interdirait donc pas toutes les manifestations et qu’il respecterait les décisions du tribunal administratif. Il y a donc encore un peu de respect pour le respect de la séparation des pouvoirs…”, a ironisé Sophie Mazas. Pour rappel, François-Xavier Lauch avait déclaré, mardi 27 août, lors d’un rassemblement contre l’antisémitisme sur la place de la Comédie après l’attaque de la synagogue de la Grande-Motte du 24 août : “Je n’accepte pas les insultes et ces récupérations de conflits internationaux. Je vais continuer les interdictions, et tant pis si je n’ai pas gain de cause devant les tribunaux administratifs.”
Des soutiens à la Palestine verbalisés, pas de manif ce samedi
A la suite de l’audience, des militants qui s’étaient retrouvés pour l’initiative du “drapeau de la libération”, organisée par BDS, se sont fait verbaliser par la police au niveau du quartier des Arceaux, et la manifestation n’a pas eu lieu. Rappelons que le “drapeau de la liberté” est une initiative émanation de groupes et de militant.es pour la Palestine, qui entend faire circuler le drapeau palestinien entre différentes étapes dans toute la France, pour dénoncer la « complicité et la duplicité de la France » envers le « massacre des Palestinien.nes », et la décision du Comité International Olympique de ne pas suspendre Israël des Jeux (comme la Russie l’a été, les athlètes russes étaient autorisé.es à participer aux compétitions sous bannière neutre à condition de ne pas soutenir l’invasion de l’Ukraine et de ne pas avoir de liens avec l’armée.)
L’autre manifestation prévue ce samedi 31 août à Plan Cabanes a aussi été annulée à la suite de la décision du tribunal administratif.
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