Montpellier : les grévistes d’Ubisoft dénoncent “un manque de dialogue social”

Le Poing Publié le 15 octobre 2024 à 14:38 (mis à jour le 15 octobre 2024 à 15:07)
Pour Clément Montigny, délégué syndical du Syndicat des Travailleur.euses du jeu vidéo à Ubisoft Montpellier, "l'histoire du télétravail est la goutte d'eau qui fait déborder le vase." ("Le Poing")

Ce mardi 15 octobre, les salariés du site Montpelliérain d’Ubisoft étaient en grève pour protester notamment contre une décision de la direction sur la question du télé-travail. Ils dénoncent aussi des hausses de salaires insuffisantes au regard de l’inflation, et plus globalement, un manque de dialogue avec la direction

“Les grèves dans le secteur du jeu vidéo, c’est assez nouveau, alors une mobilisation de cette ampleur, c’est historique”, se réjouit Clément Montigny, délégué syndical montpelliérain du STJV (Syndicat des travailleur.euses du jeu vidéo) et développeur chez Ubisoft. Ce mardi 15 octobre, ils sont une quarantaine de salariés à tenir un piquet devant le cube noir qui sert de local à l’entreprise, dans la zone d’activités de Castelnau-le-Lez.

Ils dénoncent le choix de direction de revenir sur un accord sur le télétravail, jusqu’alors fixé à trois jours par semaine, pour le réduire à une journée hebdomadaire. Une décision qui pénaliserait certains salariés, selon les syndicats. Cyril, qui travaille chez Ubisoft depuis cinq ans, en fait partie. “Je vis à Béziers, je suis très sensible à la lumière et au bruit, donc l’open-space est très fatiguant pour moi. Avec le télé-travail je suis tranquille. Là, je vais devoir prendre plus le train, demander à ma compagne de m’emmener plus souvent à la gare le matin, et négocier avec mes collègues pour la luminosité de l’espace de travail.”

Mais comme le précisait Clément Montigny dans nos colonnes la semaine dernière, “Cette histoire de télé-travail est surtout la goutte d’eau qui fait déborder le vase”. Une histoire qui traduit selon lui “une politique générale de manque de dialogue social dans l’entreprise”. Sur le piquet de grève, il poursuit : “C’est une décision brutale et arbitraire, on a rencontré la direction vendredi pour négocier, c’est là qu’on s’est aperçu qu’ils avaient déjà une position ferme. La négociation, c’est pas faire du bruit avec sa bouche, c’est avancer ensemble, or là, on a l’impression que l’entreprise n’écoute pas ses salariés.”

Arthur, lui aussi salarié d’Ubisoft Montpellier, le constate également. “On à l’impression que la direction fait surtout un monologue. Concernant le télétravail, on a juste reçu un mail pour nous en informer, et c’était dans la presse quarante minutes plus tard. C’est tout le temps pareil pour tout, on est les derniers informés alors qu’on travaille dans la boîte.”

Autre sujet de revendication : les salaires, dont l’augmentation jugée insuffisante avait déjà fait l’objet d’une grève en février dernier. “Les augmentations se font à la tête du client”, peste Clément Montigny. Arthur ajoute : “L’an dernier, la boîte a été rentable, mais les augmentations ne suivent pas l’inflation. Quand on compare nos fiches de postes à des mêmes métiers chez la concurrence, on se rend compte que nos salaires sont inférieurs. Beaucoup de collègues auraient voulu faire grève, mais ils ne peuvent pas pour des raisons financières.” Les salariés mobilisés demandent une augmentation salariale de 8%, et envisageraient de reconduire la grève demain et jeudi, comme annoncé dès la semaine dernière.

Du côté de la direction d’Ubisoft, difficile de solliciter un interlocuteur, mais la réponse nationale envoyée à la presse tient en quelques lignes : “Après avoir attentivement passé en revue nos besoins métiers et les retours de nos équipes, nous avons décidé de ne pas revenir à un modèle 100% présentiel mais envisageons de modifier notre approche afin que les équipes soient au bureau au moins trois jours par semaine. Celles et ceux qui en ont besoin auront le temps de s’adapter à ce changement et nos chefs d’équipe locaux détermineront quand des exceptions sont justifiées. L’objectif de cette évolution envisagée est d’améliorer la collaboration, la cohésion et l’innovation au sein de nos équipes, tout en préservant leur flexibilité, leur bien-être et l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Nous sommes convaincus que cet équilibre optimisera à la fois la performance collective et la satisfaction individuelle. Dans certains pays, comme en France, l’évolution de notre modèle de travail hybride est soumise à des discussions avec les représentants du personnel, actuellement en cours.Ubisoft a toujours attribué une grande importance au dialogue social avec les représentants du personnel et poursuivra ce dialogue avec toutes les formes de représentations du personnel.”

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