Montpellier : les profs se mobilisent contre la réforme des lycées professionnels
Les syndicats de l’éducation nationale avaient décrété une grève nationale ce mardi 12 décembre, pour s’opposer à la réforme des lycées professionnels qui sera présentée le jeudi 14 décembre au conseil supérieur de l’éducation. Pour les professeurs mobilisés, cette réforme transforme les élèves en “chair à patrons”
Après les étudiants de l’université Paul-Valéry en lutte contre la sélection à a fac le matin, c’était au tour des profs des lycées professionnels de ce mobiliser en cet après-midi du 12 décembre. La totalité des syndicats de la profession avait appelé à une journée de grève contre la réforme des lycées professionnels.
Ils étaient donc environ 150 devant le rectorat pour s’opposer à cette réforme, présentée ce jeudi 14 décembre au conseil supérieur de l’éducation. Le texte prévoit entre autre de diminuer le temps de cours des filières professionnelles et d’accentuer le partenariat école-entreprises.
“C’est une régression hors du commun, la casse des lycées professionnels”, s’exaspérait un représentant de la CGT au micro, en déplorant un “manque de consultation” des enseignants.
“Ce n’est pas une réforme éducative, mais une réforme économique dictée par le ministère du travail”, s’insurgeait de son côté la FSU. “On demande à nos élèves de devenir de la main-d’œuvre, comme si les jeunes allaient boucher les trous dans les métiers en tension !”
Jessica, enseignante à Béziers et référente locale du SNALC, expliquait : “On enlève 200 heures de cours aux élèves sur leurs trois ans de lycée pour qu’ils aillent plus en entreprise. En fait, cette réforme met la voie professionnelle au service des entreprises. Avec la régionalisation de la carte scolaire, les formations dépendent des bassins d’emploi et des besoins des entreprises, donc cela va créer une inégalité de formation entre les jeunes selon leur origine géographique. On va former des employés-mouchoirs jetables au bon vouloir des fluctuations de l’économie.”
“C’est la région qui demande aux entreprises ce dont elles ont besoin pour ouvrir ou fermer des formations”, abondait Valérie, enseignante au lycée Mermoz de Montpellier et co-secrétaire CGT-éducation. “Avant, les élèves de terminale avaient huit semaines de stage en entreprise. La réforme en rajouterait six, donc ils passeraient le bac en mars.” Elle indiquait des tarifs gratification allant de 50 euros la semaine en seconde à 100 euros pour les terminales. “Dans mon établissement, la section productique a fermé, puis la même filière a ouvert au CFA (centre de formation des apprentis), et ils nous demandaient d’aller donner des cours là-bas parce qu’ils n’avaient pas de formateurs”, déploraient-elle. Bref, une casse organisée du service public.
Seule l’intervention de Force Ouvrière ne semble pas avoir fair consensus au sein du rassemblement : le syndicat demande une revalorisation du point d’indice des profs de 30 % pour recréer de l’attractivité dans un métier où “les places au concours restent de plus en plus vacantes”. “On est là pour les élèves, pas pour nous”, ont rétorqué plusieurs voix dans l’assemblée.
Même si des dissensions peuvent apparaître sur le terrain, une chose est sûre, la colère est grande, car, comme le notait l’Humanité, voir tous les syndicats de profs se mettre en grève en même temps a quelque chose exceptionnel, qui en dit long sur la période.
Elian Barascud
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