Montpellier : parents d’élèves et profs mobilisés contre le “choc des savoirs”

Le Poing Publié le 25 mai 2024 à 16:19
Parents d'élèves et enseignants étaient mobilisés contre la réforme du choc des savoirs le 25 mai à Montpellier. ("Le Poing")

Environ 300 personnes se sont mobilisées dans les rues de Montpellier ce samedi 25 mai contre la réforme de l’éducation nationale instaurant des groupes de niveaux en français et en mathématiques au collège

Faire une manifestation de l’intersyndicale de l’éducation nationale un samedi après-midi peut à priori paraître déroutant. “A la base, c’était pour opérer une jonction avec les parents d’élèves, mais en réalité, c’est surtout car les collègues ne nous auraient pas suivi si on faisait grève”, souffle une prof syndicaliste montpelliéraine, dépitée. “La première date de mobilisation avait bien marché car les gens étaient en colère contre l’ancienne ministre de l’Éducation, Oudea-Castera, mais là, on a changé de ministre et ça a calmé tout le monde.”

Et en effet, les chiffres semblent lui donner raison : ce sont au maximum 300 personnes qui défileront ce samedi 25 mai pour s’opposer à la réforme du “choc des savoirs”, qui instaure des groupes de niveau en français et en mathématiques au collège.

Marie Nikichine, membre du conseil d’administration de la FCPE 34 (Fédération des conseils de parents d’élèves), ainsi que son association, sont vent debout contre cette réforme : “ça devrait mobiliser encore plus largement, car les groupes de niveaux discriminent les enfants. Soit disant, ils peuvent en changer en cours d’année, mais pour ça, il faudrait plus de profs, mais on en a pas. On voit que les parents sont dans le flou, car tant que ce n’est pas concret on peine à en voir les effets. Nous, ce qu’on craint, c’est d’être inondé d’appels de parents à la rentrée pour des démarches individuelles, alors que c’est maintenant qu’il faut agir en informant au maximum.”

“Société à deux étages”

Outre le choc des savoirs, c’est la labellisation des manuels scolaires “Éducation Nationale” qui provoque la colère des manifestants. C’est le cas de Monique Demante, membre de l’association Montpelliéraine Une école un avenir : “On impose un manuel unique, cela va à l’encontre de la liberté académique des enseignants. Et évidemment, les écoles privées ne sont pas sujettes à cette mesure…”


De plus, l’association s’inquiète de la situation des AESH, qui accompagnent les enfants en situation de handicap à l’école. “Les groupes de niveaux vont faire que les enfants en situation en de handicap vont se retrouver souvent dans les groupes les plus faibles. On est en train de créer une société à deux étages, où les enfants en situation de handicap seront encore plus stigmatisés. Et puis, avec le projet de loi de finances 2024, on va passer des Pôles inclusifs d’accompagnement localisés (PIAL), où les AESH accompagnaient déjà jusqu’à 10 enfants en même temps, au Pôle local de Scolarité (PAS). Ces pôles vont avoir pour conséquence de les faire accompagner encore plus d’enfants, et surtout, d’intégrer des instituts médico-éducatifs (IME) à l’école. On a peur que ce ne soit plus la maison départemental des personnes handicapés qui fixe les besoins des élèves…”

Sur cette question, le syndicat Sud éducation évoque de son côté “l’intervention de personnels AESH issues du secteur privé employés directement par les familles au sein du service public d’éducation.”

Contre le SNU

Dans le cortège, le collectif “Non au SNU 34” profite de la manifestation pour alerter parents et professeurs sur le Service National Universel, qui prévoit d’envoyer les jeunes de 16 en immersion encadrée par des militaires, et que le gouvernement prévoit de généraliser. Jean-Claude, membre du collectif, est inquiet. “C’est un projet de dressage de la jeunesse, qui correspond à une militarisation de la société. C’est une préparation à la guerre à venir, au moment où Macron parle d’envoyer des troupes en Ukraine ou de réarmement démographique. Moi, j’ai été objecteur de conscience, et ce que j’observe ici, c’est le retour d’un service militaire qui ne dit pas son nom.”

Le coût du dispositif fait aussi enrager ses détracteurs : deux milliards par ans. “De quoi embaucher des profs, de l’argent, on peut en trouver en fait”, ironise une membre de la FCPE.

A la fin de la manifestation, des opérations “collèges morts” sont évoqués par les syndicats. D’autres journées d’actions sont donc en discussion, alors que les vacances scolaires approchent à grand pas.

Nos articles sont gratuits car nous pensons que la presse indépendante doit être accessible à toutes et tous. Pourtant, produire une information engagée et de qualité nécessite du temps et de l’argent, surtout quand on refuse d’être aux ordres de Bolloré et de ses amis… Pourvu que ça dure ! Ça tombe bien, ça ne tient qu’à vous :


ARTICLE SUIVANT :

Montpellier : la préfecture interdit le rassemblement de soutien à la Palestine