Montpellier : plus de 2500 personnes pour dénoncer le siège de Gaza
Hier, samedi 4 novembre, plusieurs milliers de manifestants ont défilé dans les rues de Montpellier pour dénoncer le siège militaire imposé par l’armée israélienne sur la bande de Gaza. Cette mobilisation, qui s’inscrit dans un mouvement national de soutien à la cause palestinienne, n’a pas fait l’objet, cette fois-ci, d’un arrêté d’interdiction émis par la préfecture de l’Hérault.
Le départ de cette troisième journée de mobilisation en soutien à la Palestine était fixé à 15h, place de la Comédie. À l’initiative d’une pluralité d’associations, de mouvements et de partis politiques, notamment l’Association France Palestine Solidarité (AFPS), l’Association des Palestiniens en Languedoc-Roussillon (APLR), Boycott Désinvestissement Sanctions (BDS), Europe Écologie Les Verts (EELV), La France Insoumise (LFI), ou encore UDR-FO34. Une conférence de presse s’est tenue en amont, avec la présence de représentants politiques et des revendications spécifiques sur la position diplomatique française adoptée face au siège militaire de Gaza décrété par Israël [1]. Plusieurs centaines de personnes étaient déjà rassemblées sur la place de la Comédie avant le défilé prévu dans le centre-ville de Montpellier.
Associations et organisations politiques : une dénonciation unanime des exactions commises par l’armée israélienne
Un rassemblement marqué d’abord par les prises de parole successives des représentants du collectif La Libre Pensée, Boycott Désinvestissement Sanctions (BDS) et de l’Union juive française pour la paix (UJFP). Tous condamnent unanimement les bombardements intensifs menés par Tsahal sur la bande de Gaza, responsables de plusieurs milliers de morts du côté palestinien [2]. Une ligne commune à l’ensemble des organisations présentes, formalisée par quatre revendications principales : cessez-le-feu immédiat, arrêt des bombardements, levée du blocus sur Gaza et protection du peuple palestinien. Au-delà de ce traditionnel tour de parole entre les différents instigateurs du mouvement, le témoignage d’un Palestinien délivré en direct depuis Gaza a particulièrement marqué cette journée d’action.
« Votre mobilisation est une protection pour le peuple palestinien »
Lorsqu’un manifestant tient son téléphone près du micro en mode haut-parleur, la foule réunie écoute gravement le témoignage d’un Gazaoui se présentant comme enseignant et citoyen palestinien vivant à Gaza. Il déplore en direct les bombardements sans distinction de l’armée israélienne, dénonce les victimes civiles – dont les membres de sa famille -, la destruction de son université, l’accaparement des terres et la situation humanitaire dramatique sur place.
Après des remerciements appuyés adressés aux manifestants « qui protègent le peuple palestinien par leurs actions à l’international », la foule se met progressivement en route sur le parcours prévu pour la manifestation : rue de la Loge, préfecture, rue Saint-Guilhem, rue du Faubourg du Courreau et Plan Cabanes. Au moment du départ, le cortège rassemble plusieurs milliers de participants qui prennent la direction de la préfecture de Montpellier.
« Enfants de Gaza, enfants de Palestine : c’est l’humanité qu’on assassine »
Les slogans lancés soulignent « la responsabilité de l’État français dans les crimes commis par Israël », déplorent la mort de nombreux enfants palestiniens victimes des bombardements et dénoncent « l’indignation à géométrie variable des représentants politiques et des médias » concernant le traitement du conflit israélo-palestinien. Ces revendications sont également visibles sur les pancartes brandies par les manifestants : « Free Palestine », « Paix : fin de la colonisation », « Stop apartheid » …
La mobilisation est marquée par une affluence massive, réunissant près de 2500 personnes en milieu d’après-midi. Après une déambulation jusqu’à la place des Martyrs de la Résistance, le cortège emprunte la rue Saint-Guilhem avant de terminer son parcours dans le quartier Plan Cabanes. Aucun incident n’a été relevé durant la manifestation, les participants étant notamment encadrés par les organisateurs de la marche, eux-mêmes coordonnés avec les forces de l’ordre. Arrivés au point final de la manifestation, l’assemblée observe une minute de silence “en mémoire des victimes palestiniennes” et écoute les derniers discours prononcés par les représentants politiques.
Alors que la mobilisation se termine et que la majorité des manifestants ont quitté les lieux, un individu prend la parole en son nom devant une trentaine de personnes. Il déclare : « L’acte de résistance héroïque du 7 octobre est en réalité un simple événement qui a des répercussions sur les peuples du Sud en lutte pour leur liberté. ». Pour rappel, plus de 1400 Israéliens, majoritairement des civils, ont été tués lors d’attaques coordonnées menées par le Hamas début octobre.
La préfecture de l’Hérault annonce avoir saisi le procureur de la République pour des propos « faisant l’apologie d’un acte de terrorisme » [3]. La Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (LICRA) envisage également de déposer plainte pour apologie du terrorisme, tout comme le sénateur de l’Hérault Hussein Bourgi (PS), qui annonce avoir saisi l’autorité judiciaire [4].
[1] Challande, B. (2023, 5 novembre). Solidarité : à Montpellier, unité pour un cessez-le-feu immédiat à Gaza. Altermidi. https://altermidi.org/2023/11/05/a-montpellier-unite-pour-un-cessez-le-feu-immediat-a-gaza/
[2] Mraffko, C., & Smolar, P. (2023, 28 octobre). Le bilan des morts dans la bande de Gaza, une controverse très politique. Le Monde.fr. https://www.lemonde.fr/international/article/2023/10/28/bilan-des-morts-a-gaza-une-controverse-tres-politique_6196975_3210.html
[3] Préfecture de l’Hérault, 5 novembre 2023. https://x.com/Prefet34/status/1721122381391855627?s=20
[4] Jougla, T. (2023, 5 novembre). « L’acte de résistance du 7 octobre » : la justice saisie pour apologie du terrorisme après la manifestation pro. midilibre.fr. https://www.midilibre.fr/2023/11/05/apologie-du-terrorisme-a-montpellier-le-senateur-bourgi-le-prefet-de-lherault-et-la-licra-saisissent-la-justice-11562050.php
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