Montpellier : plus de 500 personnes rassemblées pour les droits des personnes trans
Plus de 500 personnes se sont rassemblées sur la place la Comédie ce dimanche 5 mai pour s’opposer à un rapport des sénateurs Les Républicains visant à interdire les transitions médicales aux mineurs, et pour exiger le respect des droits des personnes trans. Une assemblée générale aura lieu le 11 mai pour construire une initiative perenne contre la transphobie à Montpellier
“Pour un rassemblement appelé il y a deux semaines et organisé en une semaine, c’est plutôt réussi”, se réjouit une militante devant le parterre de personnes assises sur la place de la Comédie, ce dimanche 5 mai. En effet, le 29 avril dernier, le journal Politis publiait une tribune signée par 800 collectifs, organisations et personnes pour appeler à un rassemblement “contre les attaques contre les droits trans et reproductifs”.
“En France LR, RN, Reconquête, des grands médias et des maisons d’édition prennent pour cible la communauté trans. La proposition de loi des sénateurs du parti Les Républicains contre les mineurs trans coïncide avec la sortie d’un livre haineux, Transmania, promu par l’ensemble de l’extrême droite politique. Les réactionnaires cherchent à installer dans le débat public l’idée que les personnes trans sont un danger : pour les enfants, pour la société et pour elles-mêmes”, peut-on lire dans la tribune.
“Continuum politique réactionnaire”
A Montpellier, ce sont le collectif Du pain et des roses, Féroces Dolls (collectif de personnes transféminines), Nous toutes 34, la Coordination contre les violences de genre (CCVG), Solidaires ainsi que d’autres organisations qui ont porté ce rassemblement. “On demande une transition dépsychiatrisée, libre et gratuite pour les personnes majeures et mineures, l’accès à la PMA pour toutes les personnes trans, l’arrêt des mutilations sur les enfants intersexes, des moyens massifs pour les services publics afin d’assurer l’accès réel à l’IVG, aux transitions et à la contraception, une éducation aux questions de genre et de sexualité prise en charge par les travailleurs et travailleuses de l’éducation et de la santé, l’abolition de la mention du genre dans l’État civil ainsi que la défense des affections longues durées [menacées de coupes par le gouvernement, ndlr], et le remboursement des parcours de transitions de genre”, décrit Elsa, militante à Du pain et des Roses, organisation liée à Révolution Permanente.
“Ces attaques s’inscrivent dans un continuum politique réactionnaire”, précise la militante. “Que ça soit par la répression des étudiants qui manifestent contre le génocide à Gaza dans les facs, où des jeunes qui ont manifesté après la mort de Nahel, tué par la police l’an dernier. Aujourd’hui, les personnes trans et “l’idéologie wokiste” sont désignés comme des ennemis de l’intérieur, et cette attaque se voit à l’international : aux États-Unis, en Angleterre, en Italie… Il y a tout intérêt à lier cette lutte contre la transphobie d’État à d’autres luttes pour construire un front commun contre ces politiques réactionnaires.”
Dans sa prise de parole au micro, une membre du collectif Féroces Dolls mentionne le “réarmement démographique” voulu par Macron tout en évoquant l’incitation à la stérilisation des femmes noires à Mayotte. Elle continue : “L’accès aux traitements hormonaux sont limité, et nous, personnes trans, galérons à trouver un travail, un logement. Beaucoup connaissent le chômage, la rue, voir la dépression et le suicide.”
Puis, la parole se libère, les prises de paroles s’enchaînent, des personnes concernées viennent raconter leur quotidien, provoquant parfois beaucoup d’émotion dans l’assistance. “J’avais 16 ans, je commençais un parcours de transition d’homme trans, mes parents ne voulaient pas”, explique quelqu’un au micro. ” J’ai trouvé de la testostérone illégalement sur Internet de manière très facile. Mais ça serait bien si on pouvait être suivi, car là, faire ça comme ça peut mettre des gens en danger. Les médecins, les gynécologues, c’est compliqué. Merci au planning familial, grâce à qui j’ai pu avoir une contraception. Aujourd’hui, je suis obligé d’avoir une banque néerlandaise qui n’indique pas mon genre sur mon RIB pour ne pas avoir de problèmes, avec le CROUS, par exemple.”
Le rassemblement a été quelque peu perturbé par un groupe de personnes qui jetaient des pierres sur les gens assis. Trois d’entre eux ont été violemment interpellés par la police, sous les protestations du service d’ordre de la manifestation.
Côté perspectives, le collectif Féroces Dolls a évoqué le lancement d’une mutuelle de solidarité trans, et une assemblée générale pour continuer la lutte pour les droits des personnes trans à Montpellier aura lieu le samedi 11 mai, en mixité choisie ouverte aux personnes trans/non-binaires/queer de 14 h 30 à 16 heures et ouverte à toustes à partir de 16 h 15 à la Carmagnole, 10 rue Haguenot.
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