Montpellier : pour éviter qu’une famille dorme à la rue, une école est occupée aux Beaux-Arts

Elian Barascud Publié le 11 mars 2025 à 11:44
Depuis le 3 mars, l'école Jules-Verne est occupée afin de demander un logement pour une famille à la rue. ('Le Poing")

Depuis le 3 mars, des parents d’élèves dorment dans l’école Jules-Verne avec la famille de deux enfants scolarisés dans l’établissement, privée de logement. Après avoir mis en place un réseau de solidarité spontané, les parents tentent d’interpeller les élus pour trouver des solutions pérennes

Il est 19 heures passées, les agents de l’école Jules-Verne, dans le quartier des Beaux-Arts, ont fini leur travail. Des parents s’activent pour aller chercher des matelas gonflables et les installer dans la salle d’accueil périscolaire. Les mots “entraide”, “solidarité’, “tolérance”, qui y sont inscrits à destination des élèves n’ont jamais eu autant de sens. Depuis le 3 mars, l’école est occupée tous les soirs par des parents pour loger une famille afghane privée de logement, dont deux enfants scolarisés dans l’établissement.

Pendant que le repas s’apprête à être servi, Touria, une parent d’élève présente pratiquement tous les soirs, raconte : “La directrice de l’école nous a alerté il y a six semaines sur la situation de cette famille, à la rue depuis septembre. On s’est rapidement organisé sur des groupes Whatsapp pour leur trouver des vêtements, leur préparer des repas et les héberger. Une famille de l’école a prêté son logement pendant les vacances.”

De cet élan d’entraide spontanée est né le collectif “Jules-Verne Solidarité”, qui a écrit aux pouvoirs publics pour les informer de la situation. Une pétition, qui a recueilli un millier de signatures, et une cagnotte, qui a permis de récolter 3 000 euros, ont été lancées. “Les hébergements d’urgence sont saturés, on s’est dit qu’on pourrait payer des nuits d’hôtels, mais la famille est nombreuse, il nous fallait une solution plus stable”, explique Murielle Kosman, mère d’un enfant de l’école et l’une des coordinatrices du collectif.

Le 2 mars, les parents mobilisés ont organisé un rassemblement dans la cour de la Maison pour Tous Frédéric Chopin, et ont décidé d’occuper l’école dès le lendemain pour donner plus de visibilité à leur combat. “On a même pu rester ce week-end, les agents venaient ouvrir l’école le soir et la refermer le matin”, précise Murielle Kosman. Un planning a été établi et les parents d’élèves se relaient par roulement pour dormir avec la famille. Les jours de classe, ils se lèvent aux aurores et quittent les lieux avant l’arrivée des agents, en témoignent les cernes qui marquent certains visages.

Jeudi dernier, 6 mars, ils ont reçu la visite de Véronique Brunet, première adjointe au maire de Montpellier, chargée de l’éducation, qui leur a fait comprendre que la situation ne pourrait pas durer, bien que la famille ne risquait pas d’être expulsée du territoire. De l’aveu même de la municipalité, 80 enfants dorment dans la rue à Montpellier. “Ils n’ont pas vraiment envie de voir d’autres écoles occupées”, souffle Murielle Kosman : “On nous a dit que cette famille pourrait avoir un logement d’ici quelques semaines, mais en attendant, il nous faut une alternative“. Elle et les autres membres du collectif ont commencé à lorgner du côté des logements de fonctions vacants de certaines écoles de la ville, qui pourraient faire office de solution transitoire.

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